D’ici quelques jours, des milliers de chiens seront traditionnellement tués, puis mangés, lors d’une fête locale de la ville chinoise de Yulin. Cette année, grâce à des preuves et documents de plus en plus solides, le monde militant international se mobilise d’une manière jamais vue pour tenter de mettre fin à la pratique.
Attention : certaines images peuvent choquer le lecteur !
Avec l’excision, le mariage forcé ou encore le massacre annuel des baleines des îles Féroé, il y a de ces « traditions » culturelles dont une grande majorité des gens aimerait voir définitivement disparaître de l’histoire. C’est notamment le cas du Festival de Yulin, en Chine, où chaque année des milliers de chiens sont massacrés dans des circonstances effroyables. Traditionnellement fêté chaque année en l’honneur du solstice d’été, soit le 21 juin, le festival de Yulin consiste en un grand buffet dont le chien est au menu principal.
Photographie du Yulin Festival 2014, par Billy H.C.Kwok
Considérée comme ayant des vertus médicales, la chaire canine (et, dans une moindre mesure, féline) est consommée traditionnellement dans cette région au même titre que la vache ou le porc en occident. Ce qui indigne aujourd’hui la communauté internationale, ce n’est pas tant un choix culturel de consommer du chien, mais bien la manière dont la souffrance animale est au centre de l’évènement. Véritable boucherie à ciel ouvert dans des conditions sanitaires infâmes, les animaux se voient d’abords transportés et exposés dans des cages exiguës en fer, comprimés les uns aux autres. Certains d’entre eux seraient des animaux domestiques volés à leurs propriétaires, témoignent les activistes locaux. Souffrant de déshydratation et de diverses blessures, ces chiens (mais également chats) sont brandis dans les airs à l’aide de lances pour animer le festival. Puis, chiens et chats sont tués, parfois torturés, en public et dans des conditions parfois extrêmes.
Grâce à l’augmentation du niveau de vie et l’accès aux technologies de l’information, de plus en plus d’images sortent de Chine et indignent autant une part de la population chinoise que l’Humanité entière. On observe globalement la même mouvance concernant les viols des droits de l’Homme, de plus en plus difficilement cachés par le pouvoir central. Ainsi, ce qui était encore de l’ordre de la rumeur il y a peu devient une réalité froide et implacable à laquelle de nombreux amoureux des animaux doivent faire face impuissants. Les autorités officielles déclarent que 10 000 chiens et 4 000 chats seraient abattus pendant le festival de Yulin. Les associations estiment qu’il y en aurait quatre fois plus en réalité. En effet, en périphérie de l’évènement, des élevages-abattoirs clandestins pulluleraient, attirés par un profit facile.
Fait remarquable, de plus en plus d’activistes chinois osent s’exposer, au risque de leur vie, pour faire front contre cette pratique qu’ils jugent archaïque dans leur propre pays. Ainsi, des groupes de militants chinois tentent depuis quelques années de faire capoter l’évènement. Certains se regroupent dans les ruelles et chantent des incantations bouddhistes face aux carcasses des animaux, distribuant un peu d’eau aux chiens. D’autres dépensent des fortunes pour racheter vivants quelques bêtes pour les sauver de justesse de leur mise à mort.
Photographie du Yulin Festival 2014, par Billy H.C.Kwok
Yulin n’est pas « les chinois »
Troisième pays le plus grand du monde, la Chine est un très large territoire de 9,68 millions de km2, soit 14 fois la France. Ainsi, les cultures locales s’avèrent très variées d’une région à l’autre au même titre que la Corrida n’est pas pratiquée à Paris. De ce fait, cet évènement localisé, aussi atroce soit-il, ne peut pas être imputé à la responsabilité de toute la population Chinoise. D’ailleurs, celle-ci semble même se mobiliser contre cette tradition.
Deux millions de Chinois s’opposeraient aujourd’hui à la pratique et de nombreux députés ont déjà demandé au gouvernement de faire interdire purement et simplement la consommation de chiens et de chats partout en Chine. En complément d’un mouvement émanant de l’intérieur même des frontières, une aide internationale peut s’avérer décisive. L’évènement n’a jamais été aussi proche de son interdiction. Une pétition internationale qui rassemble déjà 1,4 millions de signatures tourne à plein régime sur internet. Vous pouvez à votre tour signer cette demande pour faire interdire ce festival de l’horreur. Reste à déterminer si l’abatage systématique de veaux, moutons, cochons ou dauphins serait plus acceptable d’un point de vue moral. Le débat est plus que jamais ouvert.
Symbolique de tout le paradoxe qui torture les sociétés humaines, à quelques lieux de là, on voue pratiquement un culte à ces mêmes êtres… en témoigne l’histoire poignante de Ben Moon et son chien Denali.
Source : newrepublic.com / parismatch.com /Photographies : Billy H.C.Kwok