En Alaska, les habitants d’un village inuit se sont résignés à déménager en raison des conséquences du changement climatique. Suite à l’érosion constante de la côte, l’île sur laquelle ils résident rétrécit rapidement, ce qui empêche les populations locales d’y envisager un futur paisible. Leur population rejoint le triste palmarès des premiers réfugiés climatiques…

Suite à une consultation de la population de Shishmaref, un village inuit situé sur l’île de Sarichef au nord du détroit de Béring et au large de l’Alaska (États-Unis), les 600 habitants locaux vont être déplacés vers le continent. Dès 2003, cette solution avait été envisagée face aux conséquences des changements de leur environnement. Cependant, le manque d’aides publiques avait empêché de concrétiser le projet. Aujourd’hui, malgré la difficulté de la décision qui a partagé la population entre partisans et opposants, ce déménagement ne peut plus vraiment être repoussé plus longtemps : à maintes reprises des bâtiments ont été déplacés depuis les côtes vers l’intérieur des terres, tant la pression sur le territoire est devenue forte en ce lieu.

Le cas n’est pas isolé et dans les années à venir, la situation risque de se reproduire si on en croit les experts. Rien que dans la région, 183 des 200 villages inuits sont menacés. Au niveau mondial, la situation est tout aussi préoccupante : avec la montée du niveau de la mer, plusieurs centaines de millions de personnes sont menacées.

12310577_519131511596891_5001085533035152229_nJosie et Sophie Weyiouanna. Photographie d’archive. Source : Shishmaref Geneology

Forcés au déménagement

Au cours des dernières décennies, la population de Shishmaref a pu observer à ses dépends les conséquences du changement climatique. Des hivers de moins en moins froids ont progressivement rogné les côtes de l’île. Dans la région, la température moyenne s’est élevée de 4° en l’espace de quelques décennies. Alors qu’auparavant les hivers longs et rigoureux assuraient à l’île une protection naturelle, la disparition de la banquise pendant une grande partie de l’année, favorise son érosion. Inévitablement, les vagues s’attaquent à la côte déjà fragilisée par le dégel du permafrost. D’année en année, les côtes reculent de 3 mètres de littoral environ. Dans un premier temps, les habitants ont construit digues et barrages mais finalement, la montée des eaux a eu raison de leur détermination.

En effet, cela fait 40 ans que les habitants de l’île constatent un peu plus chaque année les changements auxquels est soumis l’environnement dans lequel ils vivent. Au fur et à mesure, eux aussi ont été obligés de s’adapter à la réalité que nombre d’américains continuent de nier par ailleurs. Vivant traditionnellement de la pêche et de manière quasi-autarcique au niveau de l’alimentation, les habitants ont également été forcés de changer leurs habitudes : ils ont par exemple abandonné la chasse au phoque et au morse. Certaines techniques de pêche ont partiellement dû être délaissées faute de pouvoir être pratiquées.

04_ShishmarefVue du village / Source : commons.wikimedia.org

Les réfugiés de plus en plus nombreux

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Guerres, terrorisme, dictatures et changement climatique, le nombre de réfugiés est de plus en plus élevé, atteignant en 2016 le nombre record et inquiétant de 65 millions de personnes. Il n’est pas inutile de constater, que ce sont dans la majorité des cas les populations les plus démunies qui sont les premières touchées. Quelque soient les causes des déplacements de populations, le phénomène constitue un véritable défi pour les gouvernements. Les mouvements de population sont à l’origine de débats politiques et sont en passe de devenir une question géopolitique majeure. Or, dans un contexte où les crispations inter-étatiques sont nombreuses, cette question pourrait devenir un sujet brûlant.

Dans le cas présent le déménagement des habitants va faire l’objet de questions pratiques difficiles à résoudre. La communauté locale ne pourra pas porter les coûts de l’opération qu’on estime à 180 millions de dollars. C’est donc vers le gouvernement américain et la communauté internationale qu’elle va devoir se tourner. De plus, il va falloir trouver un endroit où déplacer la population : les habitants ne souhaitent pas simplement « s’intégrer » à d’autres villages mais veulent continuer à vivre ensemble tout en conservant leur culture. Le problématique est donc infiniment délicate et risque de se reproduire ailleurs dans le monde. Actuellement, deux sites sont étudiés afin d’envisager le déménagement.

Au delà du signal alarmant que nous adresse cette nouvelle, nous ne pouvons que constater avec tristesse que les habitants de Shishmaref n’ont plus entièrement leur destin en main. Chez les puissants, quoi de neuf depuis la COP21 ?

01_ShishmarefImage : Gabriel Bouys

02_ShishmarefPhotographie : Angela Uiviilaq / Flickr


Sources : france24.com / latribune.fr / spiegel.de / theguardian.com

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