Open-bar pour les braconniers du Bénin ? Des ONG tirent la sonnette d’alarme concernant Pendjari, l’un des plus importants sanctuaires animaliers d’Afrique. La zone qui recueille une foule d’espèces menacées serait laissée sans surveillance par les autorités du Bénin depuis janvier.
Le parc national de la Pendjari est l’un des plus remarquables attraits touristiques du Bénin. Véritable sanctuaire pour les espèces sauvages, on y trouve la plus grande population d’éléphants d’Afrique de l’Ouest mais aussi plusieurs espèces menacées telles que le buffle, le lion, le guépard, le lycaon, l’hyène et bien d’autres.
D’une superficie de 275 000 ha, cet Eden constitue une zone naturelle d’une extrême rareté, malheureusement difficile à protéger. Depuis début 2015, la sécurité des lieux aurait été suspendue par les autorités au profit d’alternatives jugées peu efficaces. Les associations dénoncent une manipulation politique avec la complicité des braconniers et de la mafia locale.
Dans un communiqué de presse et une pétition, plusieurs ONG lancent un appel pour rétablir en urgence une surveillance efficace dans le Parc National de la Pendjari. Selon les témoignages, les braconniers agiraient à proximité des nombreux touristes. Les coups de feu audibles et les carcasses d’animaux peuvent-ils faire bon ménage avec le caractère « éco-touristique » des lieux ?
Les associations responsables réclament au Ministre de l’Environnement de restaurer l’action des Associations Villageoises de Gestion des Réserves de Faune (AVIGREF) pourtant primées par le programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) l’année dernière.
Le communiqué :
Massacre de la faune au Bénin : le dernier Éden menacé
Le Parc National de la Pendjari est un des joyaux d’Afrique, renfermant la plus grande population d’éléphants d’Afrique de l’Ouest ainsi que d’autres espèces menacées telles que le buffle, le lion, le guépard, le lycaon, l’hyène, et des milliers d’antilopes (damalisques, hippotragues, bubales, cobes de Buffon, cobes Defassa, cobes des roseaux,…etc) on peut ainsi conclure que le Parc de la Pendjari est un des tous derniers sanctuaires de la faune sauvage en Afrique de l’Ouest.
Contre toute attente, la surveillance du Parc National de Pendjari semble avoir été suspendue en ce début d’année.
Une arrestation vient d’être réalisée en dehors du parc ce vendredi 13, qui a porté malheur à deux trafiquants de faune parmi de nombreux autres. Au total, 157 trophées et dépouilles d’animaux ont été saisis lors de cette opération : peaux, cornes, os d’éléphants, carcasses de crocodiles, de pythons, de plusieurs espèces d’antilopes (guib harnaché, céphalophe) et de carnivores (genette et une tête qui serait celle d’un jeune lion), de patas, de caméléons, etc. Une bonne surveillance au sein même du parc aurait peut-être pu empêcher cela mais la situation semble hors contrôle, ce qui arrange les braconniers et complices.
Les raisons en sont entre autres les pressions politiques orchestrées par les braconniers et trafiquants de faune et leurs complices. Les mairies de Tanguiéta et Materi n’ont pas hésité à suspendre par l’Arrêté Communal du 29 Décembre 2014, les activités des Associations Villageoises de Gestion des Réserves de Faune (AVIGREF), qui assurait la surveillance en collaboration avec les gestionnaires du Parc. Or, les solutions alternatives mises en place ne semblent pas efficaces et le braconnage est en plein essor. La présence ponctuelle de militaires non formés dans le parc et leur manque d’expérience en la matière constituent même un risque si leur gestion n’est pas bien organisée.
Un guide organisant des visites éco-touristiques du Parc de la Pendjari depuis plus de vingt ans explique que le parc est plus menacé que jamais. « De nombreuses carcasses d’antilopes jonchent le sol et des éléphants ont également été tués dans le Parc. Le braconnage et le trafic se généralisent progressivement ». Les ONG de conservation nationales comme internationales tirent également la sonnette d’alarme car près de 3.000 éléphants, 20.000 antilopes et plus de 200 grands félins sont maintenant à la merci des braconniers.
A ce jour, le massacre a commencé et se poursuit quotidiennement y compris dans les zones les plus fréquentées. Les touristes sont indignés devant les dépouilles d’animaux, et ressentent un sentiment d’insécurité face à la circulation de braconniers armés sur les circuits touristiques. Les visions de carcasses d’animaux et les retentissements de coup de feu ne font en effet pas bon ménage avec l’écotourisme et c’est ainsi toute l’image du Bénin qui risque d’en prendre un coup.
Seules les hautes autorités béninoises pourraient ramener la quiétude en considérant et utilisant tous les partenaires pour une protection efficace de ce patrimoine universel. Rappelons que le système de collaboration avec les AVIGREF a obtenu le Prix Équateur 2014 décerné par le PNUD. Supprimer ce système est un risque sérieux et les alternatives n’ont en tout cas pas encore montré de résultats.
Nous demandons donc humblement au Ministre de l’Environnement de restaurer / poursuivre les principes de cogestion entre l’Etat et la population riveraine et assurer un suivi indépendant de l’effectivité de la gestion de l’aire protégée.
Contacts utiles :
Luc MATHOT, Directeur de Conservation Justice (Gabon), mail : luc@conservation-justice.org, Tél : 00241 04 23 38 65 / 00241 06 12 37 28
Josea S. DOSSOU-BODJRENOU, Directeur Nature Tropicale ONG (Bénin), Membre de l’UICN, mail: ntongmu@yahoo.com, info@naturetropicale.org , Tél : 00229 95 40 94 14; 00229 96 10 08 37, 00229 93 48 99 15
Adamou AKPANA, Guide touristique Pendjari, Tél : 00229 97 35 45 58
Perrine ODIER, Coordinatrice Réplication EAGLE Network, Mail : perrine.odier@gmail.com, Tél Bénin : 00229 615 602 96 ; Tél : Guinée : 00224 624 393 846
Les Amis de la Pendjari : http://pendjari.jimdo.com/
Pendjari pétition : petition_pendjari@yahoo.fr
Image à la une : abcnew
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