Le dérèglement climatique, la pollution des eaux et l’artificialisation grandissante du littoral dégradent considérablement les écosystèmes marins et côtiers. Face à ces différentes menaces, l’association Planète Mer lutte pour préserver la vie marine et les activités humaines durables qui en dépendent. Aujourd’hui, pour déterminer l’impact du confinement sur la biodiversité côtière, l’organisation a lancé un vaste programme afin d’inciter les citoyens à recenser les espèces animales et végétales qui peuplent les littoraux français. Dans le cadre du réseau de surveillance éco-citoyen Biolit, cette campagne participative permettra aux scientifiques partenaires d’effectuer des suivis naturalistes pour ces écosystèmes. Et chaque citoyen peut y prendre part !
Entre terre et mer, les zones côtières constituent des espaces de biodiversité majeurs, parmi les plus importants pour la vie humaine en termes de services écosystémiques. Elles concentrent par ailleurs près de deux tiers de la population mondiale. Rien qu’en France métropolitaine, le nombre d’habitants résidant sur la bande littorale est estimé à plus de six millions de personnes. La densité de population y est supérieure à la moyenne nationale. Les pressions liées aux activités humaines qui s’exercent sur ces milieux sont de fait considérables et augmentent chaque année, rendant les écosystèmes côtiers particulièrement vulnérables.
Le bétonnage des côtes, première menace pour la biodiversité
Au premier rang de ces menaces, on retrouve sans surprise l’artificialisation du littoral. En effet, les différents aménagements côtiers ont eu des impacts majeurs sur les écosystèmes littoraux au cours des dernières décennies, notamment pour recevoir un nombre toujours plus important de touristes. Le bétonnage des côtes a ainsi provoqué la disparition d’habitats essentiels à la vie de nombreuses espèces. L’autre grande menace qui pèse sur la vie littorale est bien entendu la pollution. D’origine terrestre, le recours excessif aux phosphates et aux nitrates dans l’agriculture donne par exemple lieu aux épisodes d’algues vertes qui couvrent des plages entières en Bretagne chaque année. Quand il est question d’activités humaines, rien ne semble donc épargner nos plages et nos océans.
Une autre pollution, celle liée aux hydrocarbures, demeure une menace importante pour la biodiversité littorale. Les catastrophes pétrolières et les déballastages intempestifs au large des côtes sont ainsi toujours à craindre, tout particulièrement en Méditerranée sur laquelle 30% du pétrole mondial transite chaque année. Les « macro déchets » flottants ou déposés sur les fonds marins, comme les sacs plastiques, canettes de métal, filets de pêche ou encore mégots de cigarette, constituent une pollution tout aussi inquiétante. Chaque jour, ces déchets sont déversés par millions dans les océans. Le littoral est donc profondément affecté par ces rejets de l’activité humaine mais aussi par les mesures prises pour les retirer, comme le ramassage mécanique.
Le dérèglement climatique et ses diverses pressions
Plus discrètes, les espèces potentiellement invasives peuvent elles aussi représenter des menaces pour l’équilibre de la vie littorale et marine. Elles découlent d’une autre pression sur les milieux côtiers : le dérèglement climatique, dont les impacts peuvent revêtir de multiples formes. La modification des conditions physico-chimiques des milieux (élévation de la température et du niveau de la mer, acidification, désoxygénation…) affecte la structure et le fonctionnement des écosystèmes marins. Mais le dérèglement climatique engendre aussi une augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes climatiques extrêmes. À la clé, une érosion accrue de la côte par endroit et une dégradation des écosystèmes côtiers comme les mangroves ou les marais littoraux.
Partant de ces nombreux constats, Mathieu Mauvernay, juriste spécialisé en droit de l’environnement et Laurent Debas, docteur en océanologie et expert dans la protection de l’environnement marin, ont fondé en 2007 l’association Planète Mer. Leur but : préserver la biodiversité marine et côtière et retrouver un équilibre durable entre la vie marine et les activités humaines. Pour remplir cette mission, l’organisation française s’attache à repenser ces activités grâce à l’évolution du savoir, pour mieux protéger, gérer ou réparer le milieu marin.
Donner à chacun les moyens d’agir
Depuis sa fondation, Planète mer a ainsi mené plusieurs actions en France et à l’international. Le programme Mediomed a par exemple contribué à comprendre les menaces qui pèsent sur le médiolittoral, une zone côtière spécifique particulièrement impactée par les activités humaines, en Méditerranée. Suivre l’évolution de la situation est indispensable pour donner la possibilité d’intervenir localement sur certaines « pressions » dont l’intensité ne serait plus supportable pour la bonne santé de ces écosystèmes. L’association a également développé le programme Mangroves Forever, qui œuvre pour préserver les espaces côtiers en Asie du Sud-Est. Depuis 30 ans, ce serait plus de 20 % de la superficie totale des mangroves qui auraient disparu dans le monde d’après la FAO.
Mais Planète Mer vise aussi, grâce à l’information et la connaissance, à donner à chacun les moyens d’agir en conscience sur son environnement. C’est dans ce cadre que l’association et ses partenaires ont lancé en 2010 BioLit (pour biodiversité littorale). Ce programme national de science collaborative, mis en œuvre par une équipe pluridisciplinaire, a été conçu pour répondre aux préoccupations scientifiques et environnementales sur l’évolution de l’état de santé du littoral. Réseau de surveillance et d’alerte éco-citoyen, BioLit réunit aujourd’hui une communauté d’observateurs de plus de 12 000 participants.
Un inventaire de la biodiversité dressé par les citoyens
Aujourd’hui, dans le cadre de ce programme, Planète Mer a lancé une vaste campagne pour inciter les citoyens à prendre en photo les espèces animales et végétales qui peuplent les littoraux français. Les clichés seront transmis à des scientifiques afin de leur permettre d’effectuer des suivis naturalistes. Cette initiative, appelée « Ma plage, espace de biodiversité », a pour but de mieux comprendre les effets du confinement sur la vie littorale. Pour déterminer s’il aura bien été la parenthèse enchantée décrite par certains pour la faune et la flore, et si la baisse du trafic maritime et de la fréquentation des plages auront véritablement un impact sur la vie de cet écosystème côtier, l’association a besoin des citoyens français du bord de mer.
Il s’agira pour tous ces promeneurs d’observer la biodiversité, de la photographier et de partager ses photos. Toutes ces observations vont constituer un inventaire de la biodiversité littorale qui viendront s’ajouter aux 120 000 données déjà collectées et aux 575 espèces du bord de mer identifiées. Les scientifiques partenaires du programme BioLit, comme le Muséum national d’histoire naturelle, pourront ainsi analyser l’impact sur l’écosystème côtier des changements induits par la pandémie et le confinement qu’elle a occasionné.
À l’heure où les pressions cumulées liées aux activités humaines menacent la vie marine et côtière, recenser la faune et la flore du littoral et comprendre son évolution constituent les premières étapes pour préserver cette biodiversité en danger. Si vous voulez participer à cette mission, n’hésitez pas à partager vos clichés sur le site de BioLit !