Alors que le peuple belge se relève doucement, avec son bon entrain légendaire, des attentats du 22 mars dernier, une idée simple mais remarquable est née : un mouvement citoyen nommé « Dites moi bonjour ». Celui-ci vise à recréer du lien social entre les habitants en luttant contre la morosité ambiante et la peur de l’autre.
« La crise économique s’est installée chez nous. Des réfugiés frappent aux frontières pour fuir la guerre. Des attentats vident nos rues. Les Belges ont peur. Résultat ? On ne se parle plus. On ne se connait plus. On peut s’envoyer des SMS, des courriels, des tweets. Mais se parler, on n’ose plus. Et la peur ne cesse d’augmenter. Heureusement, c’est un cercle vicieux facile à stopper ! » Voilà comment les porteurs de ce drôle de mouvement belges introduisent leur action. Briser les peurs et les frustrations en allant simplement vers les autres… mais surtout en invitant l’autre à venir vers nous à l’aide d’un petit signe distinctif.
En effet, quoi de plus simple que de dire bonjour aux personnes que l’on croise dans la rue, dans les lieux publics, chez les commerçants ou au travail ? Et pourtant, combien le font concrètement ? Dans les grandes villes, nous pouvons croiser des dizaines, voire des centaines d’inconnus chaque jour et pourtant la plupart ont le regard fixé sur le sol, le casque de musique vissé sur les oreilles, le smartphone dans les mains. Il faut se l’avouer, ce n’est pas toujours facile d’aller vers l’autre, surtout quand on ignore si celui-ci sera réceptif à notre envie de socialiser. En définitive, trop rares sont ceux qui échangent un sourire ou osent s’adresser la parole. Les créateurs du mouvement « Dites moi bonjour » l’ont bien constaté et proposent de changer ça. « Il nous suffit de faire une chose toute simple, qui ne demande aucun effort, et qui ne coûte rien : dire bonjour. » expliquent-il.
Les porteurs du projet proposent ainsi un concept simple : oser dire bonjour à au moins un inconnu par jour dans la rue, au travail ou peu importe le lieu, et de prendre éventuellement une photographie avec celle personne pour la poster sur les réseaux sociaux avec le hashtag #DitesMoiBonjour. L’objectif est évidemment d’engager de l’échange social entre habitants des villes et campagnes dans lesquelles nous habitons, en particulier ceux que croisons tous les jours dans le silence, pour échanger avec eux, et, peut-être, découvrir à quel point « les gens que nous ne connaissons pas sont sympas » comme l’indique le mouvement sur son site internet.
« Ensemble, nous pouvons arrêter la peur »
Et pour ce faire, le DitesMoiBonjour propose de nombreux éléments de communication comme des stickers, des badges ou des affiches, mais espère également, avec l’aide de partenaires, disposer des distributeurs gratuits de badges, des Abribus interactifs et des meeting points dans les lieux publics avec des bancs, des coussins ou d’autres accessoires afin de permettre de passer un bon moment entre inconnus. Soutenu par de nombreuses entreprises, médias et personnalités belges, le mouvement souhaite également, dans la même lignée, réaliser des capsules vidéo humoristiques et une application mobile afin de promouvoir l’idée auprès du grand public et, pourquoi pas, essaimer l’idée simple au delà des frontières du pays.
Lancée en Belgique à l’initiative de la mutuelle Solidaris, « cette action appartient à tous les Belges ainsi qu’aux entreprises et organisations qu’ils représentent ». Mais les organisateurs précisent également que le concept est « libre d’utilisation » dans le respect de l’identité graphique et de l’esprit de l’action et que « cette opération est libre d’idéologie, apolitique et non-commerciale ». Images, logos, matériels sont donc en téléchargement gratuit sur leur site. Avec un peu de chance, et d’action citoyenne, on peut ainsi imaginer des actions similaires se mettre en place en France ainsi que dans bien d’autres pays d’Europe et du monde.
Les mauvaises langues ergoteront que cette approche ne va pas régler « les vrais problèmes »… Probablement pas, cependant, créer du lien social est une étape fondatrice de tout mouvement social de plus large ampleur. Le mouvement #NuitDebout, par exemple, se fonde avant tout sur l’échange et la prise de contact libre entre citoyens, ce qui, dans l’ère moderne, se fait de plus en plus rare. #DitesMoiBonjour nous invite donc à prendre le chemin de l’attitude positive dans nos quotidiens bousculés par d’innombrables enjeux politiques et citoyens. La bonne nouvelle : rejoindre le mouvement est vraiment simple comme bonjour !
https://www.youtube.com/watch?v=MY8Xx1YXJdM
Source : Dites moi bonjour / Photographies : Facebook/ditesmoibonjour