Une entreprise de Rotterdam, en Hollande, envisage d’expérimenter les premières routes réalisées à partir de déchets plastiques. Un moyen original et écologique qui ouvrirait une nouvelle filière d’utilisation pour les nombreux déchets synthétiques, et autres polystyrènes, régurgités par la « sainte » société de consommation.
Que faire de tout ce plastique ?
On vous en parlait dernièrement, le plastique est partout. En forme de déchets libérés dans l’environnement, il s’infiltre dans les organismes des plus petits planctons jusqu’aux plus grandes espèces marines qui seront un jour consommées par l’Homme. Une triste conséquence de l’ère de la consommation de masse portant sur une question sanitaire et environnementale majeure. Si l’utilisation généralisée de plastiques biodégradables se fait attendre, d’autres envisagent de réutiliser dès maintenant ces millions de tonnes de synthétiques dont on ne sait que faire.
De nombreux plans de récupération du plastique dans les océans ont vu le jour ces dernières années, dont le fameux projet de filtrage des océans initié par Boyan Slat à tout juste 18 ans et qui sera bientôt en application. Mais que faire de ces tonnes de plastiques récupérés si ce n’est les incinérer, donc polluer, ou les stocker dans des décharges avec le risque de dissémination dans l’environnement ? Le moindre mal, en dehors d’un arrêt totale de consommation de plastiques, semble se trouver dans l’upcycling, soit la réutilisation intelligente et écologique de ces déchets.
La solution des routes recyclées
C’est exactement ce qu’envisage de faire la ville de Rotterdam avec un projet de « routes plastiques » qui devrait être concrétisé d’ici trois ans. C’est VolkerWessels, une entreprise de construction néerlandaise, qui propose concrètement de réutiliser les déchets plastiques lors d’un premier projet pilote. L’approche est voulue écologique avec une efficience, notamment en matière de rejets CO2, bien plus élevée que l’asphalte traditionnel.
Si l’idée en est encore au stade d’étude, VolerWessels avance plusieurs bénéfices écologiques à cette technique face au bitume dont l’impact serait nettement plus important. En dehors du fait même d’offrir une solution au problème du traitement des déchets plastiques (ce qui ne devrait pas encourager à perpétuer sa production en amont), l’empreinte environnementale de telles routes serait largement inférieure. Tout d’abord, VolerWessels estime que la durabilité (l’espérance de vie) de la route en plastique serait largement supérieure. Par conséquent, ces routes nécessiteraient moins de maintenance tout en résistant à des températures élevées.
Par ailleurs, l’entreprise prétend que la « solution plastique » pour le revêtement de route serait bien plus rapide à poser (donc moins chère) et, surtout, sa structure creuse offrirait de l’espace pour le passage de câbles où d’outils utilitaires. Rappelons à ce sujet que des pistes cyclables solaires génératrices de courant sont testées en ce moment aux Pays-Bas. La rapidité de la pose pourrait également changer la manière dont nous abordons la construction des routes. Pour l’instant, le bitume doit être produit et coulé à même la route ce qui bloque généralement la circulation pour une longue période tout en étant à l’origine d’environ 1,45 millions de tonnes de rejets de CO2 chaque année. « Imprimées » en usine, ces routes pourraient être, en principe, posées bien plus rapidement à moindre frais.
Des tests en laboratoire devraient être réalisés pour s’assurer que le principe n’est pas dangereux pour les automobilistes. VolerWessels est ainsi en recherche de partenaires scientifiques, universitaires ou industriels avec qui mener ces nombreux essais afin de concrétiser dans les trois ans leur projet.
« Rotterdam est une ville très innovante et a embrassé l’idée » explique Rolf Mars de VolerWessels au Guardian. « Ça correspond très bien avec sa politique de développement durable et elle (la ville) est désireuse de travailler avec nous sur un projet pilote. » précise-t-il. En effet, Rotterdam a l’ambition de devenir le port le plus « durable » du monde, ce que la ville applique sans tarder à travers un grand nombre de projets de développement durable. À suivre !
Sources : mrmondialisation.org / sciencealert.com / theguardian.com