C’est une première. Le plastique ne se désagrège pas dans l’océan. Il se fracture en petits morceaux qui s’accumulent dans les micro-organismes, puis dans l’ensemble de la chaine alimentaire. C’est du moins ce que démontre une vidéo révélée récemment où on peut observer l’ingestion de particules de plastiques par le zooplancton.

Le plancton mange le plastique et, par conséquent, nous en mangeons probablement aussi sans même le savoir. Si on sait depuis quelques temps déjà que les micro-organismes marins ingèrent les particules de plastique rejetées dans l’océan, une équipe de documentalistes va mettre une image sur cette réalité.

Five Films, une société de production anglaise, et Verity White, producteur de documentaires travaillant depuis plus de 20 ans pour la BBC, ont filmé pour la première fois ce processus d’ingestion du plastique par le plancton. Les images parlent d’elles-mêmes. On peut y observer la manière dont ces micro-organismes mangent accidentellement des résidus synthétiques qui transitent dans leur organisme assez longtemps (jusqu’à 7 jours) pour être transmis à d’autres animaux.

Pour filmer le phénomène, les documentalistes ont placé du plancton dans une soupe de particules plastiques à l’exception que celui-ci est fluorescent et observable. Le plancton, qui varie de 200 millimètres à 2 micromètres, est généralement pourvu de membres qu’il agite pour siphonner l’eau qui l’entoure. Il ingurgite au passage tout ce qui passe sans faire de distinction entre ce qui est comestible ou non.

Cette constatation sans appel soulève deux grandes questions. Tout d’abord, ce plastique peut-il revenir à l’Homme par la chaine alimentaire ? Ensuite, cette contamination risque-t-elle de porter atteinte aux écosystèmes marins ?

Retour à l’envoyeur

Pour le docteur Matthew Cole, chercheur au Laboratoire Maritime de Plymouth, l’impact des micro-plastiques sur le plancton a été largement sous-estimé jusqu’à peu. Ses recherches ont permis de détecter plus de 30 espèces de planctons capables d’ingérer des variétés de polystyrène. Des espèces directement consommées comme le crabe ou l’huître…

Poumon de l’océan, le plancton se trouve à la base de la chaine alimentaire marine. Il fournit une source de nourriture pour un très grand nombre de créatures marines qui, à leur tour, vont nourrir de plus grands prédateurs. Quand un de ces micro-organismes ingère des particules toxiques ou synthétiques, il peut transmettre ces éléments à d’autres créatures, notamment des espèces consommées par l’Homme.

Mais en dehors de la consommation humaine, ce plastique peut altérer les fonctions même du plancton et sa santé. Le docteur Cole, qui a collaboré à la création de cette vidéo, s’inquiète de l’avenir de l’écosystème marin qui repose sur la bonne santé et l’abondance du plancton. Par ailleurs, il a été démontré que le changement climatique impactait directement sur la quantité et la répartition du plancton dans les océans. Sachant que la capacité des océans à absorber une partie du dioxyde de carbone repose sur la bonne santé des micro-organismes, peut-on craindre un « effet boule de neige » si aucune mesure n’est prise ?

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Que faire ?

Le problème, dans un souci de respect du libre marché, c’est que ce choix est laissé à l’appréciation des acteurs économiques. Il n’y a aucune contrainte gouvernementale réelle à ce jour qui impose l’utilisation d’alternatives écologiques en matière de plastiques. Ainsi, les efforts se concentrent en aval, par le recyclage (pas systématique) et les tentatives de nettoyage des océans d’acteurs privés comme ce fameux système de nettoyage des océans lancé par un jeune étudiant.

Le film (voir ci-dessus) fut d’ailleurs produit en faveur du projet Ren Kyst, un mouvement environnementaliste qui cherche à nettoyer 40 zones côtières des rivages norvégiens. Le film a, par ailleurs, remporté la compétition Atkins CIWEM 2015 du meilleur film environnementaliste de l’année. Un évènement qui tente de soutenir les acteurs d’une meilleure compréhension des causes, des conséquences et des solutions au problème du changement climatique et des inégalités sociales.

En dépit de ces efforts, quelques 8 millions de tonnes de plastiques terminent leur route dans les océans chaque année. Une quantité à ce point colossale qu’elle impose des décisions collectives fortes pour enrayer le phénomène et en finir avec l’utilisation systématique du plastique dans les produits de consommation courante, en particulier les emballages. Rappelons enfin qu’il existe désormais de nombreuses alternatives industrielles écologiques pour produire des emballages 100% biodégradables et naturels. Des solutions cependant plus couteuses que les dérivés de pétrole, qui, sans subvention ou incitation d’État, ne trouvent que très lentement leur place dans nos magasins.

Plankton3


Source : qz.com / dailymail.co.uk

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