Convaincus du manque de visibilité des territoires ultramarins en France Métropolitaine, journalistes, photographes et graphistes d’outremer ont décidé de se réunir pour lancer un magazine entièrement consacré à ces territoires. « Boukan » ambitionne de porter un regard nouveau sur ces espaces oubliés. On vous présente ce dernier né de la presse alternative.
Vous avez dit « Boukan » ? Ce courrier ultramarin souhaite dépasser les clichés et les idées reçues et s’aventurer au-delà des plages bordées de cocotiers, de la délinquance et des problèmes sociaux. Que ce soit la Guyane ou la Réunion, la Polynésie française ou Mayotte – pour n’en citer que quelques-uns -, ces territoires méritent une information sur leurs cultures, la science, la biodiversité, l’Histoire ou encore les innovations locales. Il s’agit également de mettre en lumière la résilience des populations qui vivent dans ces régions qui comptent parmi les premières impactées par les conséquences du changement climatique.
« Les territoires ultramarins, ce ne sont pas seulement des confettis de l’empire colonial »
« Il n’y a pas de relais d’information papier sur les Outremers dans l’Hexagone hormis des magazines touristiques », regrette Pierre-Olivier Jay. Le journaliste est le rédacteur en chef du magazine « Une saison en Guyane », un magazine qui existe depuis 10 ans, publié depuis Cayenne, et un des seuls médias imprimés consacrés à l’Outremer disponible en France métropolitaine. En lançant Boukan, il espère pallier le « manque de visibilité » dont souffrent encore les autres territoires ultra-marins. « La Guyane, par exemple, est pourrie depuis 100 ans par les souvenirs du bagne, ou la délinquance et les chiffres associés », nous explique-t-il.
La mission que s’est donnée le magazine : attiser la curiosité par delà les « images et idées reçues qui sont figées dans l’inconscient collectif ». Mais aussi offrir une vision « décentralisée » à travers la voix de journalistes locaux. Il sera donc prêté une grande attention aux aspects culture et société, mais également aux relations qui peuvent être entretenues avec les pays et territoires limitrophes : Comores, Madagascar, Arctique, etc. « Les territoires ultramarins, ce ne sont pas seulement des confettis de l’empire colonial, ce sont également des microterritoires avec leurs particularités », insiste Pierre-Olivier Jay.
Le magazine proposera un mix entre reportages fouillés et un résumé d’informations locales sous la forme de brèves. Le premier numéro s’attardera notamment sur le Debaa, une tradition mahoraise de chants dansés ou encore sur l’art rupestre amérindien en Guyane française. Il proposera également une réflexion sur le referendum d’indépendance en Nouvelle-Calédonie.
À l’heure où l’essentiel des médias à diffusion nationale ont leur siège à Paris, le pari de « Boukan » est audacieux. « Difficile de créer des médias décentralisés alors l’essentiel des structures d’informations sont à Paris », concède Pierre-Olivier Jay. Mais la crise des médias ne trouve-t-elle pas, entre autres, ses racines dans ce phénomène de centralisation excessif ?
« Boukan » sera d’abord publié de manière trimestrielle et l’objectif est de devenir un mensuel à moyen terme, selon la réponse du public. Il se présente sous un format tabloïd (type courrier international) et sera vendu à prix unique de 4,50 euros. Une campagne de financement participatif est en cours pour soutenir le lancement. Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page Facebook du magazine.
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