Leticia et Ryan forment un couple américano-brésilien d’un genre particulier. Cela fait maintenant 5 ans qu’ils se sont lancés dans une folle aventure nomade en cherchant à promouvoir la pratique de la permaculture, grâce au projet « Proyecto Comun Tierra » (« Projet Terre Commune »). Depuis, ils sillonnent les routes d’Amérique latine en camping-car à la rencontre de communautés vivant de manière durable, tout cela avec une caméra à la main pour documenter leur périple et inspirer ce type de projet à d’autres. Quand le nomadisme rencontre « le local ».

Promouvoir la permaculture à bord d’un camion écolo

Après avoir découvert l’univers de la permaculture sur les terres californiennes en 2010, Leticia et Ryan tombent sous le charme de cette agriculture respectueuse de l’environnement et décident d’embarquer pour un voyage d’un an. À bord de leur camping-car baptisé « Minhoca » (ou « ver de terre » en portugais), ils traversent alors l’Amérique du Sud à la rencontre de 80 communautés vivant de manière durable, réparties sur tout le territoire.

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L’expérience leur plait tant qu’ils décident de prolonger leur voyage. Débuté il y a maintenant 5 ans, ce périple les a amenés à recueillir énormément d’informations sur les pratiques et techniques de la permaculture en Amérique du Sud, ainsi que sur les communautés visitées, vivant parfois de façon isolée. Afin de partager leurs savoirs et d’ajouter une qualité éducative à leur projet, les deux jeunes gens organisent également des ateliers et rédigent un blog à vertu informative. Ils ont aussi mis au point une carte interactive permettant de consulter l’emplacement des différentes communautés ainsi que les projets de développement durable qu’ils croisent.

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Un mode de vie orienté vers et par la nature

Le camion à bord duquel ils se déplacent a quant à lui aussi été pensé de façon écologique. À l’intérieur, on y trouve des toilettes sèches, mais aussi une « machine-bicyclette » multitâche qui permet au couple d’ « automatiser » certaines tâches du quotidien. Ainsi, la « bicy-machine » les aide à laver leurs vêtements, à mixer des fruits ou encore à pomper de l’eau.

Le véhicule est également équipé de panneaux solaires, générant assez d’énergie pour contribuer à l’alimentation de certains équipements du camping-car. Un four solaire leur permet ainsi de réchauffer des aliments. Enfin, il est bond de souligner que « Minhoca » roule grâce au propane, un gaz qui émet 20% de moins de CO2 que l’essence ou le diesel. Certes, le couple a bien conscience que ce mode de déplacement reste énergivore, mais ils n’ont plus à se déplacer chaque jour, à deux voitures, vers leur ancien lieu de travail, comme le font des millions de personnes à travers le monde.

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Décidé à aller au bout de cette philosophie, le couple a récemment donné naissance à une petite fille pendant leur périple. Loin des hôpitaux occidentaux, l’enfant est né au cœur d’une communauté nomade, sans aucune assistance médicale. Un choix qui peut sembler surprenant mais logique pour ces parents qui voient dans certains actes médicaux habituels une « industrialisation » de la naissance.

La permaculture déjà bien présente en Amérique latine

En Amérique latine, la permaculture s’est avérée être une stratégie efficace pour répondre à des enjeux cruciaux de développement durable à petite échelle, mais également pour lutter contre la pauvreté. En effet, grâce à des méthodes de production à faible coût, la permaculture permet d’assurer aux familles et aux communautés une certaine « sécurité alimentaire ». Ainsi, différents projets ont pu voir le jour dans ces zones souvent connues pour leurs mauvaises conditions sanitaires, que ce soit en termes de malnutrition, d’inondations ou de contaminations de l’eau.

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Par exemple, l’Institut de Permaculture du Salvador (IPES) a lancé un projet à but non lucratif fondé sur les techniques de permaculture. En partenariat avec la British Permaculture Association, l’institut a réussi à créer un fonds agricole afin d’épauler financièrement 9 communautés. En utilisant les principes de la permaculture, il est également parvenu à corriger des problèmes liés à un mauvais rendement agricole. Par le développement de systèmes d’épuration écologiques, la contamination des sols et de l’eau a également pris fin dans ces lieux.

À Cuba, des techniques de permaculture avaient déjà été mises en place à la fin de l’ère soviétique, afin de relancer l’agriculture. Un système capillaire de polycultures avait été instauré, permettant de garantir une certaine autonomie alimentaire de base pour la population cubaine. Autre avantage, la permaculture aurait aussi participé à la purification de la rivière Almendares. Aujourd’hui encore, la Havane reste un des endroits au monde les plus avancés sur l’utilisation et la connaissance de la permaculture. Ancrée dans la culture Sud-américaine, la permaculture a aussi été le sujet de divers projets au Nicaragua et au Brésil.

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Vous pouvez continuer à suivre le voyage initiatique de Leticia et Ryan sur leur site, Común Tierra, ainsi que sur leur page Facebook, où ils ne manquent pas de poster les détails de leur périple accompagnés de photos et de réflexions inspirantes sur leur mode de vie nomade. Une fois de plus, cette initiative nous montre que des alternatives existent aux quatre coins du globe pour aller vers agriculture performante, propre, pérenne et sans intrants chimiques. Un exemple à suivre afin de préserver nos terres, dont la qualité se dégrade année après année du fait de leur surexploitation.

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Sources : ComunTierra.org / Labioguia.com / Ideegreen.it / Theurbanfarmer.ca / Photos à la discrétion de Común Tierra

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