En France, trois agriculteurs font pousser du coton dans le Gers. Grâce à leur récolte annuelle, ils fabriquent des polos 100% made in France, avec le coton qui est cultivé sur les terres d’une ferme familiale. Pour faire pousser le coton, les agriculteurs n’utilisent aucun système d’irrigation ni aucun pesticide. Une vraie révolution dans le monde de l’industrie textile.
Aujourd’hui, la production de textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde, après celle du pétrole. Selon un rapport publié par la fondation Ellen MacArthur, l’industrie textile utilise des ressources non-renouvelables pour fabriquer les vêtements, qui sont rarement recyclés par la suite. Le cycle de vie d’un produit va passer par plusieurs étapes, comme la fabrication et la distribution, qui ont toutes un impact environnemental d’ampleur.
Selon le rapport de la fondation Ellen MacArthur, un t-shirt possède une empreinte carbone de 5 kg, de sa fabrication à sa mise en vente. En effet, on estime que 3 750 litres d’eau sont nécessaires pour cultiver du coton, et que le t-shirt aura parcouru plus de 40 000 km pour être fabriqué et livré à travers le monde. Pour y remédier, il y a l’occasion, puis toutes ces autres initiatives plus saines qui offrent un large éventail de choix alternatifs à la fast-fashion. Démonstration.
Un champ de coton dans le Gers
Dans le but de confectionner des vêtements locaux et plus respectueux de l’environnement, trois agriculteurs français ont décidé de se lancer dans un pari fou : cultiver du coton dans le Gers.
Il y a trois ans, Yohan de Wit et Médéric et Samuel Cardeillac ont commencé par planter deux hectares de coton sur les parcelles de leur ferme familiale. Cette tentative a été un succès puisque les agriculteurs ont récolté 100 kg de coton la première année, et ils ont pu doubler le nombre d’hectares l’année suivante, pour récolter 2 tonnes de coton. Aujourd’hui, les trois associés possèdent 14 hectares de champ de coton.
« Nous avons eu quelques sueurs, mais désormais on peut dire qu’il est possible de cultiver du coton dans le Gers. Nous en sommes très fiers », a affirmé Médéric Cardeillac, l’un des associés.
En plus d’avoir cette matière première à disposition, les agriculteurs ne gaspillent pas d’eau puisqu’ils n’ont pas besoin de système d’irrigation pour arroser le coton. En effet, les précipitations annuelles sont suffisantes et le climat du Gers convient parfaitement à la culture du coton. Les terres de cette région sont argilo-calcaires, ce qui signifie qu’elles conservent bien l’humidité. L’été, le coton profite de la chaleur de la région tout en ayant suffisamment d’eau.
De plus, les associés n’utilisent ni pesticide, ni insecticide, ni herbicide, ni fongicide. S’ils récoltent moins de coton que dans les pays qui ont recours à ces produits, Yohan, Médéric et Samuel préfèrent ne pas utiliser de produits toxiques.
« Nous voulons combattre l’a priori selon lequel le coton pompe beaucoup d’eau car il pousse dans des pays chauds : on n’arrose pas du tout notre coton ! Il pleut suffisamment, même trop, et notre terre argilo-calcaire retient l’eau. Jusqu’à présent, on n’a pas non plus utilisé de pesticides. Il y a des ravageurs, comme la punaise, mais on accepte d’avoir des pertes », a expliqué Yohan de Wit.
Des polos 100% made in France
Grâce au coton qu’ils récoltent, les agriculteurs créent des polos et ont fondé leur propre marque de vêtements nommée Jean Fil. Cette année, ils ont réussi à récolter une bonne quantité de coton qui va leur permettre de produire l’équivalent de 6 000 à 9 000 polos. Chaque année, les associés produisent la quantité de coton suffisante pour confectionner leurs polos et n’ont aucune surproduction.
Ces vêtements sont 100% made in France. Le coton est récolté sur la parcelle des trois agriculteurs et les polos sont confectionnés dans des usines françaises. En moyenne, il faut six mois aux agriculteurs pour fabriquer un polo. Une fois que le coton est récolté dans le champ, les fleurs sont séchées et égrenées sur place, dans le Gers. Elles sont ensuite envoyées dans une usine de filature située dans les Vosges. Les autres usines de tricotage, de teinture et de confection sont quant à elles basées à Troyes, dans l’Aube. Ainsi, le vêtement parcourt 2 000 km dans le pays, ce qui est très peu par rapport à la majorité des vêtements vendus dans le commerce. En effet, un simple jean peut parcourir 65 000 km avant d’être vendu en magasin…
En plus de leurs polos, les trois gersois aimeraient étendre leur champ d’action en vendant des t-shirts et des chaussettes 100% coton, et proposer plus de choix de coloris pour leurs polos. Alternative à suivre !
Lisa Guinot
