Voici « Fontus » ! La bouteille qui transforme directement l’air ambiant en eau potable. Cette source infinie et portable d’eau douce pourrait-elle bouleverser notre rapport à la consommation d’eau ?
Si la plupart des pays occidentaux ne manquent pas d’eau, c’est loin d’être une évidence à l’échelle du globe. Selon les Nations Unies, plus de 2 milliards de personnes dans plus de 40 pays n’ont toujours pas accès à une eau potable, devant se contenter d’une eau souillée par divers contaminants (et son lot de maladies). Dans un avenir proche, et au regard des changements climatiques, près de la moitié de l’humanité (47%) se trouvera dans une des régions frappées par des pénuries d’eau. Le développement de solutions locales pour assainir l’eau et la produire là où elle se fait rare semble plus que jamais un enjeu de société. Si de nombreuses techniques et d’aussi nombreuses mesures d’aides (constructions de puits, systèmes de filtration,..) existent déjà, un jeune autrichien a imaginé un système qui ravira autant les associations humanitaires que les randonneurs ainsi que les amoureux de l’autonomie.
Imaginez une bouteille qui puisse se remplir d’elle même après consommation. Cette bouteille existe aujourd’hui grâce aux travaux du jeune Kristof Retezár, un designer de l’Université des Arts Appliqués de Vienne. Celui-ci à imaginé, et surtout concrètement conçu, une bouteille surmontée d’un condensateur à eau miniature, particulièrement efficace. Celui capte l’humidité naturelle contenue dans l’air ambiant pour la transformer en gouttes. Après plus de 30 expérimentations, gouttes après gouttes, l’homme a réussi à obtenir un flux de condensation constant, de quoi remplir automatiquement une bouteille en un temps record. En pratique, l’appareil dispose d’un refroidisseur qui fait baisser la température de l’air humide à l’intérieur d’une chambre aux parois finement perforées, générant une condensation. Les gouttelettes ainsi produites circulent dans un tuyau jusqu’à la bouteille. Un petit capteur solaire suffit à faire fonctionner le système.
Avec un rendement, en conditions idéales, d’un demi litre d’eau par heure, cette bouteille serait largement suffisante pour répondre aux besoins en eau d’une famille moyenne. En effet, selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l’être humain a besoin d’un apport de 1,6 litre de liquides par jour pour les femmes et de 2 litres pour les hommes. Cependant, un tel rendement ne peut être espéré que dans les régions chaudes et à forte humidité. Pour que la bouteille produise de l’eau, la température de l’air doit être d’au moins 30°C avec une humidité d’au moins 80%. Ainsi, le procédé s’adresse à ce stade aux sportifs et aux habitants des régions du monde où les eaux de surface sont rares mais où l’humidité de l’air est suffisamment haute pour en extraire l’eau.
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Kristof Retezár a donc conçu deux modèles pour deux besoins spécifiques. Un modèle horizontal destiné aux cyclistes à fixer sur un cadre de vélo. Celui-ci permettra au cycliste de remplir n’importe quelle bouteille d’eau de type PET (0,5 litre) durant son trajet. Un atout de taille car certaines conditions extrêmes ne permettent pas de se fournir en eau facilement. Le second modèle, un réservoir portatif en forme de bouteille, est destiné aux marcheurs et à toute personne qui aurait un besoin d’eau à la demande. C’est ce dernier modèle qui pourrait éventuellement être utile pour certaines ONG humanitaires.
Finaliste du concours Dyson Award 2014, la Fontus n’est pas encore parfaite. Son concepteur reconnait qu’il reste beaucoup de développements à faire pour une utilisation à large échelle. Par exemple, le système de filtration capte les gros « objets » comme les insectes ou les cailloux, mais n’arrête pas les particules. Retezár espère ainsi pouvoir faire évoluer son filtre pour stopper tous les types de poussières et autres particules fines. Les deux modèles sont attendus pour environ 80 euros à leur sortie. Mais pour rendre le projet possible, le designer envisage de lancer un financement participatif prochainement. À suivre.
Source : numerama.com / jamesdysonaward.org / fontus.at