Braconniers du dimanche, les fils de l’actuel Président américain se sont déjà faits épingler sur la toile par des photos les montrant arborant fièrement les carcasses d’espèces en danger. Mais loin de se limiter à une exhibition scandaleuse et provocatrice, la passion des fils Trump influence directement la politique du père. Du choix de certains membres de son cabinet à la montée de lobbies morbides, les conséquences des hobbies Trump ont des conséquences bien au-delà de la sphère privée. Ce 10 avril 2017, le président américain vient d’autoriser l’abattage des loups et des ours en Alaska.
Chez les Trump, on chasse pour le plaisir
Depuis 2012, des images des fils de Donald Trump, actuel président américain, circulent librement sur la toile, montrant Eric et Donald Junior exposant fièrement leurs trophées de chasse. Loin du canard ou du lapin que certains chassent à la saison opportune, les fils Trump s’y montrent accompagnés des cadavres d’animaux en danger, tués au cours de safaris en Afrique avec un cynisme qui fait froid dans le dos. Ainsi, on peut les voir sur certaines photos poser joyeusement à côté d’éléphants morts, d’antilopes, de crocodiles pendus, ou encore tenant un léopard à bout de bras. Témoignant à chaque fois d’un amour sans limite de la chasse qu’ils ne jugent pas nécessaire de taire, même lorsque leur père était en croisade électorale.
Interviewés, les fils Trump ont justifié à plusieurs reprises leur amour pour ce loisir barbare, largement soutenus par leur père qui n’en conçoit pas la différence d’avec une partie de golf. Trump Junior aurait par ailleurs affirmé son amour pour la nature en général, expliquant que le braconnage lui avait appris à respecter la Terre et ses habitants au sens large (…). Donald Junior fait en effet partie d’un groupe de chasse ultra-privé, le Boone and Crockett Club, engagé dans la conservation des habitats naturels. Un alibi largement utilisé par les clubs de chasse américain pour perpétuer leur « sport » sur le long terme. Cette pseudo conservation, qui consiste le plus souvent à payer contre des permis de tuer en échange d’aides financières aux associations, a pour objectif central le maintien de conditions de chasses propices au profit d’une minorité élitiste. Le capital devient la variable d’ajustement des espèces depuis la source (traffic d’espèces) jusque dans la légalisation de leur mise à mort (abattage sportif).
De l’influence des goûts des fils sur la politique du père
Malheureusement, faute de s’arrêter au « simple assassinat » d’animaux qui disparaissent peu à peu de la surface de la planète, la passion des fils a une influence concrète sur la politique du père. Ainsi Trump a-t-il été influencé à l’époque de la composition de son cabinet, notamment dans le choix du Secrétaire de l’Intérieur. Régissant les différentes mesures concernant les parcs naturels et la chasse, il s’agissait là d’un poste stratégique, non sans rapport avec les loisirs de la famille. À l’époque, certaines sources avaient directement évoqué le poids du goût pour la chasse des fils dans la recherche d’un occupant pour le poste.
Ainsi, en décembre dernier était désigné au poste le républicain Ryan Zinke, connu pour sa pratique personnelle de la chasse. Dans les premiers jours de la gouvernance, Trump signait en présence de Ryan Zinke un décret réautorisant la pollution des cours d’eau en faveur des miniers de l’industrie du charbon. « Nous aimons nos charbonniers » a déclaré le président entouré de plusieurs représentants des industries américaines. La politique de Trump reste globalement orientée vers la dérégulation, la privatisation des terres et la suppression du « Endangered Species Act », une loi qui protège depuis plus de 40 ans 1600 espèces animales et végétales en voie d’extinction sur le sol américain.
La porte ouverte aux lobbyistes de la chasse
Fait autrement plus inquiétant : la recrudescence des lobbies de chasse. Début février, Safari Club International (SCI), un lobby de chasse extrêmement puissant à l’international, organisait une levée de fonds et une vente aux enchères afin d’exercer son influence sur l’administration en place. Le but était alors d’influencer la politique américaine concernant la protection d’espèces menacées comme les éléphants, rhinocéros, lions, buffles et léopards, et l’import de trophées. La valeur de la levée de fonds était alors évaluée à plus d’un million de dollars.
Ce lobbying n’aura pas tardé à faire effet sur le président déjà familier du fusil. Ce lundi 10 avril 2017, le président autorisait à nouveau l’abattage des loups et des ours en Alaska — y compris les bébés et les animaux hibernants. Ceux-ci pourront être fusillés depuis un hélicoptère mais aussi directement dans leurs terriers, au moment où ils sont le plus vulnérables. Une énième décision honteuse qui concerne un vaste espace de 310 000 kilomètres carrés qui constitueront une nouvelle aire de jeu pour les nombreux chasseurs qui attendaient cette décisions.
SCI influence également les politiques gouvernementales des États-Unis envers plusieurs nations africaines. Ainsi, en 2010, SCI a forcé la Namibie à lever son interdiction de la chasse au léopard et au guépard. Un scénario similaire s’est produit en Zambie lorsque le puissant groupe de pression a persuadé le gouvernement zambien d’annuler son interdiction de chasser les lions et les léopards. En outre, SCI est connue pour être l’organisation qui a permis en juillet 2015 la mise à mort au Zimbabwe de Cecil le lion par le dentiste américain Walter Palmer.
Sources : Liberation.fr / CNN.com / Ens-newswire.com