Ils sont encore rares, les récits à aborder la cause animale. Dans un paysage littéraire qui peine encore à se saisir du sujet, davantage aveuglé par des « Soumission » à la Houellebecq, peu d’auteurs engagés éclosent au grand jour. Une fois n’est pas coutume, nous avons décidé de mettre en avant le travail de l’un d’eux. John Abraham Martin, de son nom d’écrivain, revient sur son premier roman, récit de science-fiction qui nous plonge dans un futur bestial.
Mr Mondialisation : Bonjour John Abraham Martin, tout d’abord, une question se pose : comment avez-vous eu l’idée de « De viande et d’os » ?
John Abraham Martin : Aussi loin que je me souvienne, la genèse de mon roman remonte au début des années 2000. À cette époque, j’étais manager d’un groupe de musique et l’un des membres était végétarien, ce qui au demeurant était encore « nouveau » pour moi. J’étais donc impliqué dans la communication de ce groupe, qui se faisait parfois en partenariat avec des associations de protection des animaux telles que PETA. En m’intéressant à cet organisme et à ce pour quoi il se bat, j’ai adhéré à leur cause et l’idée de mon roman m’est venue naturellement : et si l’on appliquait à l’Homme le traitement qu’il fait subir aux animaux d’élevage ?
Très rapidement, cette simple idée tout droit sortie d’un véritable film d’horreur gore s’est développée et, au court de mes recherches, je me suis rendu compte que le sujet allait bien au-delà de la simple maltraitance. La consommation de viande a des répercutions auxquelles je n’avais jamais pensé auparavant : elle est liée à l’épuisement des ressources naturelles, à la pollution et, à terme, elle pourrait même entrainer la fin de l’espèce humaine. Ainsi, « De viande et d’os » n’allait plus seulement être un thriller horrifique parlant de la maltraitance animale, mais aussi un roman qui se voudrait pro-écologie, pro-végétarien ou encore pro-vegan.
Mr M. : Vous parlez d’appliquer à l’Homme ce qu’il fait subir aux animaux d’élevage. Vous pouvez nous en dire un peu plus sur l’intrigue ?
J. A. M. : L’intrigue de mon roman débute par une situation de huis-clos dans laquelle de jeunes adultes qui ignorent tout de qui ils sont vraiment se retrouvent pris au piège dans une boîte métallique sans aucune issue apparente. Dans cet espace les forçant à une promiscuité extrême, la vie de nos prisonniers se trouve rythmée par les repas et les cycles de sommeil qui leurs sont imposés par une voix crachée depuis des haut-parleurs. L’attente devient vite insupportable, les questions demeurent sans réponses et, lorsque l’un des jeunes adultes tue l’un des captifs, la situation bascule dans l’horreur et le gore. Seule Julia, héroïne du roman, parviendra à s’échapper — et son périple dans les méandres d’une installation d’usine automatisée la conduira à découvrir les raisons de cette incarcération forcée.
Mr M. : Que souhaitez-vous faire passer au travers de ce roman ? À qui s’adresse-t-il ?
J. A. M. : Je pense que ce roman s’adresse avant toute chose au «moi» du début des années 2000. C’est-à-dire, quelqu’un qui ignore encore toutes les répercussions que peut avoir sa consommation de viande. Aujourd’hui, les alternatives au tout omnivore sont beaucoup plus séduisantes que par le passé et aussi beaucoup plus visibles sur la scène médiatique. C’est une très bonne chose, mais cela reste encore insuffisant. Pour cette raison, je souhaitais, à mon échelle, m’engager de façon originale et écrire un thriller horrifique qui puisse plaire à un large public et surtout, aux plus jeunes lecteurs, car c’est très tôt qu’il faut sensibiliser les gens quant aux conséquences de leur consommation de viandes et surtout les accompagner vers des alternatives.
Mr. M. : Et en terme de conséquences sur vos lecteurs ?
J. A. M. : J’espère tout simplement qu’il aidera les lecteurs, comme il l’a fait pour moi, à envisager une alternative au tout omnivore.
Le livre de John Abraham Martin est disponible aux formats papier et numérique.