Voici une interview de militants du mouvement « No Tav », qui luttent contre le projet de ligne de train à grande vitesse Lyon-Turin. C’est l’un des projets les plus chers, opaques et destructeurs menés actuellement en Europe. L’un des projets également où la répression policière, politique et judiciaire est la plus féroce.

Origines du mouvement

Le mouvement No Tav prend forme dans les années 1990 coté italien, où des habitants du Val di Susa s’élèvent contre le projet de construction de la ligne à grande vitesse entre Turin et Lyon. Dès le départ, les habitants refusent de sacrifier leur vallée, leur économie et leurs habitations pour un projet dont la nécessité et la rentabilité économique n’ont jusqu’ici jamais été démontrées de manière indépendante. De plus, les risques environnementaux et sanitaires sont colossaux, à cause des minerais dangereux possiblement contenus dans les millions de tonnes de gravats générés par les forages dans la montagne.

Quelques chiffres : 3 millions de m³ de déchets, 600 inculpés parmi les opposants (la plupart pour des dégradations matérielles mineures), un coût de 26 milliards d’euros (dont 11 milliards pour la France), plusieurs dizaines de milliers de policiers et forces de l’ordre privées mobilisés pour un coût de plusieurs centaines de millions d’euros

no-tavMais pourquoi s’indignent-ils ?

Les opposants dénoncent des conflits d’intérêt, une explosion du budget initial, des liens supposés avec la mafia, une opacité omniprésente, la non-viabilité économique du projet, une catastrophe écologique et la criminalisation de l’opposition avec des peines de plusieurs années (voir plusieurs dizaines) pour des délits mineurs sous prétexte d’ « écoterrorisme », terme inventé pour réprimer les militants écologistes au même titre que les criminels et les terroristes.

Côté français, la Cour des Comptes, qui avait rendu un rapport au 1er Ministre en 2013 afin d’estimer les dépassements de budget, indique que  « Le risque de saturation des infrastructures existantes n’est aujourd’hui envisagé qu’à l’horizon 2035 ». Quant aux opposants, ils affirment que la ligne existante n’est utilisée qu’à 20 % de sa capacité, et propose donc comme alternative son amélioration.

Marcia NoTav

Au-delà des frontières françaises

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Au départ local, le mouvement s’est peu à peu étendu à toute la région puis à toute l’Italie, avant de s’étendre à la France, dont l’exécutif a annoncé en 2013 que le pays injecterait la modeste somme de 11 milliards d’euros dans le projet…élus, économistes, ONG et syndicats s’inquiètent d’une dépense publique si faramineuse à l’heure où les services publics les plus élémentaires (école, recherche, santé…) sont touchés par des coupes de budget.

Aujourd’hui, le mouvement No Tav est devenu l’une des plus grandes ZAD en Europe, et un carrefour des luttes sociales et environnementales, notamment celles contre les GPII (Grands Projets Inutiles Imposés). Paolo Prieri, l’un des coordinateurs italiens des opposants, estime que  « Notre-Dame-des-Landes et No Tav sont deux luttes sœurs. On retrouve le même activisme des gouvernements à empêcher toute expression par la force militaire ».

protest-kissLe fameux « No Tav Kiss » en Italie. La jeune manifestante fut poursuivie en justice pour harcèlement sexuel (source)

Extrait de l’interview

Le grand mérite du mouvement No Tav c’est qu’il ne se limite pas à protester contre la ligne à grande vitesse, mais qu’il s’est engagé sur une voie d’analyse critique de l’organisation de la société. Non aux grands chantiers, mais aussi non à la privatisation de l’eau, non aux coupes dans des pensions, non à la précarisation du travail, non aux missions de « paix », non au racisme, non aux expulsions, non aux dépenses militaires, oui à la santé publique, oui à l’école publique, etc. La grande participation à la manifestation du 3 juillet 2011 a consacré le mouvement No Tav comme un point de référence des luttes en Italie et, malgré la répression, continue de l’être à ce jour.

Interview complète à retrouver sur le mensuel Alternative Libertaire : http://www.alternativelibertaire.org/?Interview-de-militants-et

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