USA – Écoulement de plusieurs millions de barils de pétrole bloqué. Mardi dernier, des activistes climatiques ont fermé avec succès les valves de cinq pipelines utilisés pour le transport de pétrole brut extrait des sables bitumeux de l’Alberta (Canada). Par le biais de cette action d’envergure, ils veulent interpeller le pays et le monde à propos de l’urgence à réduire drastiquement l’utilisation des énergies fossiles et défendre la cause des populations autochtones, inquiétés par l’annonce de nouveaux projets de construction de pipelines.

Ce mardi, des activistes climatiques de Climate Direct Action ont perturbé, par une opération coordonnée, le transport de l’équivalent de millions de barils de pétrole transitant entre le Canada et les États-Unis. Pour ce faire, plusieurs pipelines clés ont été ciblés de manière simultanée dans plusieurs États américains. Ces pipelines servent à faire transiter du pétrole extrait de sable bitumeux et dont l’exploitation est remis en cause très régulièrement en raison des conséquences immédiates pour l’environnement engendrées lors de son extraction. Dans les oléoducs visés transite 15% du pétrole consommé chaque jours aux U.S.A. Selon les autorités, cette action s’est faîte sans causer de dégâts matériels et elle n’aura pas d’impact notoire pour le marché du pétrole. Elle attire néanmoins l’attention sur une problématique qui concerne la planète dans son ensemble.

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Bras de fer entre responsables politiques et protestataires

Portée par l’association indépendante Climate Direct Action, cette intervention a été menée afin d’interpeler les dirigeants ainsi que la population des États-Unis, du Canada et d’ailleurs. L’organisation citoyenne, dont l’objet est de soutenir et de coordonner des actions visant à sensibiliser face à l’urgence climatique, œuvre en effet pour mettre un terme à l’utilisation des hydrocarbures. Alors que l’Accord sur le climat de Paris entrera en vigueur le 4 novembre, des scientifiques, ainsi que la société civile, mettent en doute l’efficacité des mesures qui y sont prévues et considèrent qu’il faut immédiatement mettre un terme à l’utilisation des énergies fossiles. Pour ces raisons, Climate Direct Action demande à Barack Obama de prendre des mesures d’urgence afin de prévenir « la catastrophe à venir ».

Cette manifestation annonce un combat de longue haleine, alors que 10 militants impliqués ont été arrêtés et pourraient être lourdement condamnés par la justice. À la suite, certains politiciens et industriels ont tenté de décrédibiliser Climate Direct Action en soulignant le danger que faisaient courir les militants à eux mêmes, aux populations vivant à proximité ainsi qu’à l’environnement. Pointant du doigt les risques, le Ministre canadien à l’énergie, Jim Carr, a dénoncé le caractère « inacceptable » de l’action. Carl Weimer, le directeur du Pipeline Safety Trust regrettait pour sa part une « cascade dangereuse ». Ces déclarations, qui peuvent sembler hors de propos, permettent de rejeter toute la responsabilité sur les acteurs de la société civile en instrumentalisant le débat à leurs dépends. Les enjeux économiques sont évidemment colossaux.

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Des populations locales menacées par de nouveaux oléoducs

De son côté, Climate Direct action partage plutôt son inquiétude sur du sort des populations locales et notamment des Indiens Sioux, actuellement menacés par des projets de construction de pipelines. Ces populations autochtones craignent en effet les conséquences négatives d’un tel projet sur le territoire sur lequel elle vivent et évoquent les dangers que les nouvelles constructions pourraient représenter pour l’approvisionnement en eau potable. L’un de leur principal cheval de bataille concerne le projet « Keystone XL », une opération de taille puisque s’il devait voir le jour, il deviendrait le plus grand oléoduc jamais construit en Amérique du Nord. Malgré l’opposition de Barack Obama, les industriels n’ont pas enterré ce projet et continuent de plaider en sa faveur.

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Ces derniers mois, les protestations contre les industries mortifères ont pris de l’envergure des deux côtés de la frontière. Depuis quelques semaines, des peuples autochtones vivant aussi bien au Canada qu’aux États-Unis s’organisent afin d’obtenir un accord avec les gouvernements respectifs de ces deux pays pour empêcher l’exploitation des sables bitumeux. Dans ce contexte, les actions de protestation, sous la forme de manifestation ou de sabotages, se sont multipliées. L’intervention de Climate Direct Action aidera peut-être à mettre le combat et celui des militants écologistes en valeur en ces temps de grande hypocrisie.

« Comme les mères du monde entier, j’ai agi par un profond sentiment d’amour qui s’étend à tous les enfants et jeunes gens, et tous êtres-vivants de cette terre » explique Annette Klapstein, militante ayant participé à l’action. « J’ai signé des centaines de pétitions, j’ai témoigné à des dizaines d’audiences, j’ai rencontré la plupart de mes représentants politiques à tous les niveaux de hiérarchie, pour très peu de résultat. J’en suis venue à croire que notre système économique et politique actuel est une condamnation à mort de la vie sur la terre, et que je dois faire tout ce qui est en mon pouvoir pour remplacer ces systèmes avec des moyens de coopération, justes, équitables et centrés sur l’amour et le vivre-ensemble. Ceci est mon acte d’amour.« 


Sources : bastamag.net / ecowatch / reuters.com / shutitdown.today / Crédit photos : www.shutitdown.today

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