Ubac, fabricant français de chaussures en laine recyclée que nous vous présentions il y a peu, a décidé de lancer sa prochaine collection en l’acheminant par bateau à voile. Au-delà de l’aspect publicitaire, la marque éco-responsable souhaite demeurer en accord avec ses engagements écologiques. Retrouvailles.
Une production éco-responsable
Fondée en 2018, Ubac a l’ambition de proposer une basket écologique alors que le secteur du textile est l’un des plus polluants au monde, tant au niveau de la fabrication que du transport des produits, sans oublier les conditions de travail désastreuses imposées aux employés exploités (qui sont par ailleurs majoritairement des femmes).
De plus en plus de consommateurs recherchent des alternatives écologiques et l’offre étant quasi-inexistante, Ubac a pu se faire une place dans le milieu et répondre à une demande croissante.
Leurs chaussures sont conçues à partir de matériaux naturels et recyclés (chanvre, laine, coton, polyester recyclés). Ainsi, la laine qui constitue la partie supérieure de la basket provient du détricotage d’habits déposés dans des bornes relais. La semelle est faite à partir de canne à sucre ou de caoutchouc recyclé pour s’émanciper de l’industrie pétrolière.
A l’origine, les chaussures étaient fabriquées en France (exceptées les semelles importées du Portugal). De même que les autres produits (pulls, bonnets, chaussettes) ensuite développés. Mais l’entreprise n’a pas eu d’autre choix que de délocaliser entièrement sa production de chaussures au Portugal comme elle s’en est expliquée :
« Notre atelier partenaire était menacé de fermeture, il n’était pas en mesure de développer d’autres baskets, n’avait pas le savoir-faire nécessaire au travail des matières naturelles (la France est historiquement spécialisée dans la chaussure en cuir) et ne pouvait nous livrer qu’au compte goutte. Il menaçait donc l’avenir de Ubac. D’autres ateliers existent, mais ne peuvent pas suivre notre production ou ne souhaitent fabriquer uniquement que pour leurs marques. »
Le choix du Portugal s’est fait en raison de leurs ateliers au savoir faire d’excellence mais aussi car il permet de concentrer tous les autres composants de la chaussure (lacets, étiquettes, semelle intérieure) dans un rayon géographique restreint, limitant le coût environnemental de leur transport. Par contre la laine demeure recyclée et préparée en France, contribuant à soutenir la filière lainière.
Cette décision peut faire l’objet de critiques, mais en attendant la création d’une logistique semblable en France, c’est l’alternative la plus écologiquement soutenable que la marque ait trouvée pour ses baskets avec les moyens existants.
Et à l’occasion du lancement de leur prochain modèle, Ubac a annoncé que les chaussures seraient acheminées du Portugal en France par voilier. Au delà d’un « coup de com' » il s’agit pour l’entreprise de rester en accord avec son principe de production éthique en polluant au minimum.
« Du transport à la voile pour un voyage décarboné »
Ubac s’est associé avec la Blue Schooner Company pour organiser ce voyage basse émission de carbone. Créée en 2017, cette jeune compagnie s’est spécialisée dans le transport en bateau à voile pour offrir une alternative de transport non polluante. Elle a mis à disposition d’Ubac leur – pour le moment unique – voilier Gallant pour transporter en France leur nouvelle basket KOTO en cuir de coton recyclé.
C’est bien sûr la quasi absence d’émission de CO2 qui a orienté ce choix. A titre de comparaison, le transport par voilier génère 425 fois moins d’émissions de carbone qu’en porte-conteneurs standard. De plus cela permet à la marque d’expérimenter ce moyen de transport qu’elle souhaite utiliser à terme pour rapatrier sa production en France.
Pour l’instant, à l’état embryonnaire, elle espère que d’autres marques se tourneront vers le transport par voile pour que le secteur puisse s’étendre. Plus ce mode de transport se démocratisera, plus il deviendra accessible financièrement.
Alors même que l’impact écologique du transport maritime est dramatique au niveau de la pollution de l’eau, de l’air, et d’impact sur la faune & la flore, le développement d’alternatives devient vital alors que les conséquences de la crise climatique n’ont plus besoin d’être démontrées.
Les baskets sont parties de Porto le 21 septembre et elles accosteront samedi 8 octobre au matin dans le port de l’Aber Wrac’h (entre Brest et Morlaix). Leur voyage aura duré trois semaines. Un temps de transport qui peut paraître démesurément long à une époque où il faut au contraire que la livraison aille le plus vite possible, quitte à payer un abonnement pour recevoir ses achats le lendemain de la commande.
C’est qu’au-delà de l’expérimentation logistique, Ubac désire interroger notre rapport au temps dans un monde où règne un culte de la consommation effrénée :
« Alors que l’on cherche à revenir à la sobriété et à un mode de consommation plus lent et plus respectueux de l’environnement, le transport à la voile nous invite à célébrer le temps long. » (Simon co-fondateur)
S. Barret
