Si le monde veut atteindre les objectifs fixés lors de la COP21, 80% des réserves de charbon, 50% des réserves de pétrole et 30% des réserves de gaz au niveau mondial doivent impérativement rester dans le sol. C’est au nom de ces objectifs et afin de maintenir la pression sur les dirigeants et conscientiser la population, que des actions d’envergure sont organisées sur certains sites d’extraction d’énergies fossiles. Parmi elles, le blocage du site d’extraction de charbon à Lausitz en Allemagne, le week-end du 15 mai.
Une action d’envergure
Le week-end du 15 mai, le site d’extraction de charbon situé à Lausitz, près de Berlin a été bloqué pendant près de 48 heures par des milliers de militants venus de toute l’Europe. Selon les estimations ils étaient entre 2000 et 3000. Les activistes se sont simplement assis ou allongés sur les rails afin d’empêcher les trains industriels, nécessaires au fonctionnement régulier de l’usine, de circuler. Cette action est l’une parmi d’autres prévues dans le cadre d’un mouvement mondial qui s’est formé sous le slogan « Breakfree2016 ». Ce dernier a comme objectif de lutter contre l’utilisation des ressources fossiles comme le charbon et le pétrole.
Le message des militants est clair : la déclaration – non contraignante – des Chefs d’État après la COP21 ainsi que le plan de transition énergétique proposé par le gouvernement allemand ne suffisent pas ! Et pour cause, comme le souligne de manière régulière l’ONG 350.org les anomalies et records de température se multiplient de manière presque quotidienne. Les gouvernements, eux, trainent à prendre des décisions importantes en la matière. Les citoyens se sentent visiblement bien plus concernés par l’avenir de l’humanité et se mobilisent dans des proportions jamais vues.
Une couverture médiatique en demi-teinte
Pourtant, en dépit d’un record de mobilisation, l’action a été relativement peu médiatisée dans la presse allemande et la majorité des articles se concentrent, pour ne pas déroger aux traditions, sur les quelques casseurs et les débordements en marge. Cette position de nombreux médias mainstreams subventionnés ne semble pas justifiée au regard des images prises pendant la durée du blocage et les déclarations publiques de la police.
En effet, cette dernière a indiqué ne pas être intervenue, au vu du caractère paisible de l’action, considérant par ailleurs que le blocage des rails et des machines destinés à l’extraction du charbon n’était pas illégal. Seul le dimanche soir, quelques interpellations ont eu lieu. Selon un quotidien Allemand, « personne ne voulait se salir les mains à cause d’une technologie qui appartient au passé ».
Source : Flickr / Ende Gelände
Le charbon, question sensible en Allemagne
Après l’accident de Fukushima, les Allemands, déjà particulièrement concernés par la sortie du nucléaire, ont obtenu de leur gouvernement un projet prévoyant une transition énergétique verte à l’horizon 2050. Or, comme d’autres pays tels que le Japon, cette transition a souvent pour conséquence le recours à d’autres sources d’énergie en particulier aux ressources fossiles comme le charbon et le gaz. Difficile donc de trouver la juste mesure si d’importants plans de développement des énergies renouvelables ne suivent pas le mouvement. Une difficulté à laquelle peut s’ajouter les problèmes techniques liés au développement des ENR : raccordement, stockage, transports sur de longues distances, variabilité des sources, etc., qui ont contraint l’Allemagne à ré-ouvrir temporairement plusieurs sites d’extraction de lignite.
Cependant, l’Allemagne reste un des précurseurs en Europe en matière d’énergie propre. Il y a quelques jours seulement, le pays battait un nouveau record en produisant en début d’après midi 87% de l’électricité consommée à partir de ressources renouvelables. Toutefois, dans la mesure où la production d’énergie verte est souvent soumise aux conditions météorologiques et que le stockage de l’électricité reste délicat, le développement de nouvelles technologies et l’amélioration des existantes sont encore nécessaires pour pouvoir se reposer entièrement sur l’eau, le soleil et le vent d’ici 2050. Pour rappel, la transition énergétique 100% renouvelable est également possible en France d’ici 2050 selon le rapport de l’Ademe.
Source : taz.de / politis.fr / 350.org