Depuis ce matin 8 heures, une information pour le moins perturbante circule dans les médias et sur les réseaux sociaux. Une agence de spéculation immobilière, Orizon, miserait sur le changement climatique pour développer son modèle économique. Se fondant sur l’élévation du niveau des mers à venir, elle propose à ses clients ses conseils pour les aider à acheter des biens immobiliers qui prendront de la valeur dans les années futurs, car se trouvant sur la nouvelle ligne de bord de mer. Si l’agence Orizon n’est, à ce jour, qu’une pure fiction imaginée par Greenpeace, l’élévation des mers, elle, est bien réelle. Aussi, la campagne de l’ONG devrait marquer les esprits.
L’immobilier prédictif, en voilà un secteur d’avenir ! Une agence imaginaire a flairé le filon : « Orizon vous permet aujourd’hui d’acheter des bien immobiliers qui seront sur le bord de mer demain ». Imaginée de toutes pièces par Greenpeace, l’idée ne manquera pas d’interpeller l’opinion publique en pleine COP23. Un faux site a été développé, et des médias ont été associés pour diffuser la fausse nouvelle.
« Devenez riches grâce au réchauffement climatique ! »
Concrètement, une carte prévisionnelle permet de découvrir où se trouvera le bord de mer à l’horizon 2100, là où les prix de l’immobilier grimperont en flèche. De quoi se faire un beau pactole dans une ou deux générations vu notre incapacité à changer nos habitudes et le dictat de la course au pognon : « Le message s’adresse à tous les citoyens français et belges y compris néerlandophones. Car le changement climatique n’est pas une blague », commente Thomas Leroy, chargé de communication chez Greenpeace.
La carte présentée sur le faux site n’en est pas moins réaliste. Elle se fonde sur le pire scénario envisageable par les scientifiques, celui que nous semblons emprunter tristement. Mais Greenpeace estime que ce scénario est légitime : jusqu’à présent, les États n’arrivent pas à tenir leurs engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, si bien qu’une réelle catastrophe est en train de se préparer. À l’échelle du monde, les émissions continuent d’augmenter. « Si on ne lutte pas efficacement contre le changement climatique aujourd’hui, ce type de carte sera la réalité dans le futur ».
Une opération coup de poing
Si le changement climatique est désormais traité de manière quotidienne par les médias, la perception du phénomène varie encore très fortement d’une personne à l’autre, d’un pays à l’autre. Bien que les climatosceptiques aient disparus du paysage médiatique « la population française et belge ne le ressent peut-être pas encore comme réel », suggère Thomas Leroy, qui précise qu’il en est autrement dans d’autres régions du globe. Dans ce contexte, le fait que ce soient les îles Fidji qui président cette année la COP23 n’est pas juste symbolique. Là-bas, les citoyen.ne.s « ressentent fréquemment les effets du changement climatique » sans plus attendre. Et leur cas n’est pas isolé : « cette année, dans le monde, on a observé des ouragans dévastateurs, des inondations, des sécheresses et des mouvements d’immigration qui ne cessent d’augmenter, mais cette réalité est plus dure à percevoir sous nos climats, bien que le dérèglement climatique nous touche également », commente Thomas Leroy. Le consommateur occidental moyen, lui, semble très loin de ces préoccupations.
Se basant sur un ton humoristique, la nouvelle campagne de Greenpeace n’est peut-être pas si éloignée de certaines réalités qui existent déjà pour les populations affectées. L’ONG entend bien, à travers cette action, pointer les multinationales et entreprises qui entretiennent un comportement ambivalent vis à vis du changement climatique. Orizon permet « de dénoncer le cynisme des entreprises » qui peut par exemple consister à « continuer à utiliser du pétrole, du charbon et même à investir dans ces filières qui sont la cause même du problème ». D’autres, parfois avec l’aide des gouvernements, vont encore plus loin et parient sur la fonte des pôles pour prévoir de nouveaux forages. « Certaines multinationales profitent aujourd’hui du changement climatique pour faire des affaires », résume Thomas Leroy, le tout sur le dos des citoyen.ne.s et le bien commun de l’humanité. Un cynisme glaçant.
Pour limiter les effets du changement climatique, des mesures doivent être prises maintenant
Face à ce constat, il est temps d’accélérer le changement et d’encourager la transition : « Il y a une opportunité aujourd’hui, mais il faut que de grandes décisions politiques soient prises ». « Chacun peut s’engager par l’intermédiaire de son bulletin de vote, poursuit le chargé de communication de Greenpeace, et chacun peut s’engager à son échelle pour soutenir les initiatives durables« .
“Fini de rire, il est temps d’agir, reprend Joeri Thijs, chargé de mission au sein de l’ONG […]. Nous ne pouvons plus rester les bras croisés. États et entreprises doivent agir, mettre de côté les énergies polluantes, se tourner vers les renouvelables mais aussi enclencher la transition vers un modèle agricole respectueux du climat”, conclut-il. Nul ne pourra dire que nous ne savions pas.
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Sources : orizon.immo/be/ / greenpeace.org