À l’heure actuelle, l’impact écologique du secteur de la construction est considéré comme désastreux. Consommation énergétique et matérielle démesurée, contribution colossale au réchauffement climatique, déchets monstrueux, destruction d’écosystèmes indispensables… L’un des plus grands défis de l’humanité repose aujourd’hui sur une remise en question profonde de notre rapport à la nature : miser sur la coopération plutôt que l’exploitation, le tout baigné d’un retour à la simplicité. Des solutions alternatives se multiplient ainsi de part et d’autre du monde et constituent les piliers des sociétés de demain. C’est pour cette raison que Chloé et Olivier, un jeune couple d’aventuriers, ont décidé de parcourir le monde pendant deux ans afin de rencontrer les personnes créatrices de cet avenir alternatif. Ils souhaitent aujourd’hui partager le résultat de leurs enquêtes et diffuser des « techniques de constructions simples, écologiques, économiques traditionnelles et modernes » par le biais d’une exposition itinérante et d’un web documentaire. Il est également possible de suivre leur projet via leur page Facebook « Eco-logis ».

Cela ne date pas d’hier, l’accès au logement est depuis longtemps marqué d’inégalités profondes qui ne cessent de se creuser. Le mal-logement touche plus de 2 milliards de personnes dans le monde. D’autre part, le secteur du bâtiment est extrêmement polluant. Selon le rapport 2019 de l’Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction (instituée dans le cadre du Programme des Nations unies pour l’environnement) le secteur de la construction représentait 36 % de la consommation d’énergie et 39 % des émissions de CO2 à l’échelle mondiale en 2018. L’habitat à lui seul correspondait à 22 % de la consommation énergétique et à 17 % des émissions de CO2 globales. En continuant sur cette lancée, il est prévu que les déchets de matériaux générés chaque année par le secteur du bâtiment s’élèvent à 2,2 milliards de tonnes à l’horizon 2025 (c’est-à-dire qu’ils auront presque doublé depuis 2012). La France à elle seule produit chaque année 40 millions de tonnes de déchets de ce type.

Autre impact, et pas des moindres, du secteur de la construction : l’utilisation démesurée de matériaux qui sont pourtant loin d’être inépuisables. L’extraction du sable marin par exemple (qui permet de produire du béton, des vitres, des panneaux photovoltaïques etc.) conduit peu à peu à la disparition des plages et à la destruction d’une biodiversité précieuse. La bétonisation et l’artificialisation croissante des sols endommagent également ceux-ci de manière durable, détruisant des écosystèmes indispensables en sachant que ceux-ci captent notamment une grande partie de nos émissions de CO2. Alors que la nature se meurt jour à jour au profit de modes de vie jugés « modernes » pourtant inconcevables en termes de durabilité, le secteur de la construction doit devenir une des priorités en matière de résolution de la crise écologique qui traverse le monde actuellement.

Plutôt que de noyer graduellement les espaces naturels et d’aller toujours plus à l’encontre de la nature dans le but de la dominer et de l’exploiter, ne pourrions-nous pas changer de cap et instaurer une relation synergique plutôt qu’utilitariste ? C’est une des questions soulevées par Chloé et Olivier dans leurs reportages. Alors que nous faisons face à des risques grandissants d’effondrements sociétaux, il devient de plus en plus urgent de proposer et de propager des alternatives à un système qui se bat pour sa survie mortifère, défendu corps et âme par une folie qui nous place aujourd’hui au bord du gouffre. Les solutions alternatives (que ce soit en matière de construction, d’agriculture ou autre), sortant du cadre d’un modèle de société basé notamment sur l’exploitation exponentielle d’un environnement qui a pourtant ses limites, peuvent constituer une des manières dont l’humanité pourrait rebondir à l’heure où la page de l’abondance infinie est en train de se tourner.

À la découverte des alternatives

Faire découvrir des techniques permettant de construire des logements écologiques, à bas coût, le tout en maintenant un niveau de confort adéquat : c’est là l’objectif de Chloé et Olivier qui ont décidé de se lancer dans cette aventure, bâtissant ensemble le projet Eco-logis. Après avoir parcouru le monde pendant deux ans, ils souhaitent partager aujourd’hui le fruit de leurs rencontres avec des acteurs et constructeurs du monde de demain. Pour diffuser leur enquête et mettre à disposition du public les comptes rendus de leurs enquêtes réalisées dans 15 pays, ils ont réalisé une exposition itinérante et un web documentaire qui se divise en 7 épisodes de 15 minutes. Ces épisodes seront publiés mensuellement de mars à septembre 2020 sur eco-logis.org. Des vidéos bonus sont disponibles à la fin de chaque épisode, de même que des liens afin d’orienter ceux qui souhaitent passer à l’action vers des structures qui leur permettront de se former, de participer à des stages, de se rendre sur des chantiers etc.

Chloé et Olivier ont chacun suivi un parcours spécifique qui leur a permis de mener à bien le projet Eco-logis, de manière complémentaire. Chloé est titulaire d’un Master 2 de réalisation de documentaire. En plus d’avoir été formatrice pendant deux ans dans une association d’éducation populaire parisienne qui enseigne l’audiovisuel, elle a aussi travaillé en tant que technicienne sur le tournage de documentaires dans divers pays (Mongolie, Maroc, Tunisie…). Également médiatrice culturelle pour trois cinémas classés Art et Essai en Gironde, elle considère que « la vidéo est un médium efficace et incontournable pour mettre en lumière des initiatives positives ». C’est ainsi qu’elle a pu mettre en action ses nombreuses compétences au service du projet Eco-logis, afin d’initier une prise de conscience quant à la possibilité d’un autre monde, un monde qui est d’ores et déjà en construction. Olivier, quant à lui, est diplômé de Droit. Ses premières expériences dans des ONGs l’ont mené à se questionner sur les limites de leur fonctionnement, mais aussi de celles de l’action humanitaire. Il préfère aujourd’hui travailler à « l’émergence d’alternatives à ce modèle en crise… plutôt que de réparer les méfaits d’une société construite sur l’épuisement des ressources naturelles et l’exploitation des pays du Sud ». Son CAP en charpente lui a offert l’opportunité de « promouvoir de précieux savoirs-faire en matière de constructions écologiques auprès de ceux qui souhaitent se ré-approprier les clés de leurs autonomie aussi bien dans les pays en « développement » que ceux dit « développés »». Il travaille aujourd’hui en tant qu’éleveur d’agneaux bio dans une ferme en Charente-Maritime.

– Elena M.

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