Fin janvier, L214 dévoile la situation gravissime d’un élevage de bovins situé dans la commune de Meillac en Ille-et-Vilaine (Bretagne). Une catastrophe qui a poussé l’association à signaler la situation aux services vétérinaires de la préfecture d’Ille-et-Vilaine : ceux-ci ont appris à L214 qu’ils avaient, en réalité, déjà connaissance de la situation, sans n’avoir entrepris aucune mesure pour protéger ces animaux. Depuis, heureusement, l’élevage a été secouru… Attention, images difficiles.
En effet, l’OABA (association qui protège les animaux d’élevage et lutte contre la maltraitance animale) est intervenue ce 30 janvier 2024 sur l’exploitation de Meillac. Elle a replacé, non sans difficultés tant les animaux étaient apeurés, les 60 bovins qui vivaient dans une mare de lisier. Retour sur cette affaire.
Le constat alarmant
Sur les images, on voit : des vaches et des veaux qui s’enfoncent dans une mare de lisier pour accéder au peu de nourriture à leur disposition. Ils sont abreuvés avec une eau croupie. Certains n’ont pas survécu et sont ensevelis dans la boue. Une vache très maigre est enfermée dans une remorque, sans eau. Les animaux vivent dans des parcs délabrés, sans litière, sans endroit sec pour se coucher. Un cadavre recouvert de boue est dévoré par un chien.
Ces conditions d’élevage extrêmes perdurent depuis des années, selon une source proche de l’élevage souhaitant rester anonyme. Pourtant il n’y a jamais eu de changement pour les animaux. L214 saisit le parquet de Saint-Malo pour secourir les animaux de toute urgence, et porte plainte pour abandon et mauvais traitements.
Par ailleurs, l’association demande à la préfecture les rapports d’inspection vétérinaire de cet élevage, et alerte sur la responsabilité de l’État dans ces situations dramatiques où les animaux paient le prix fort.
Ces animaux sont en grande souffrance et sont élevés dans des conditions qui ne respectent pas leurs besoins biologiques. C’est pourquoi L214 sollicite le procureur de la République de Saint-Malo (sur le fondement de l’article 99-1 du Code de procédure pénale) pour placer en urgence les animaux dans des refuges prêts à les accueillir et à leur offrir les soins et l’attention dont ils ont besoin.
Afin d’appuyer cette demande, L214 publie une pétition adressée au préfet d’Ille-et-Vilaine et au directeur de la DDPP35 (services vétérinaires) pour sauver ces vaches de toute urgence.
L’État responsable de la dégradation de cette exploitation
Dans son mail à L214, la préfecture d’Ille-et-Vilaine reconnaît « la situation effectivement très dégradée de cet éleveur » dont elle précise qu’il était « connu de nos services ». La situation de cet élevage n’est pas nouvelle, mais malgré des alertes répétées, aucune mesure n’a été prise par les services de la préfecture pour que ces animaux soient retirés et qu’un accompagnement de l’éleveur soit entrepris.
L214 pointe l’insuffisance des actions entreprises par l’État dans le suivi et l’accompagnement des exploitations détenant des animaux, et ce particulièrement dans une filière touchée par les difficultés économiques (et donc à risque) : les élevages de bovins pour la production de viande affichent les revenus et le niveau de vie les plus faibles, toutes productions agricoles confondues.
Pour Sébastien Arsac, cofondateur de L214 : « On ne compte plus le nombre de cas où les services vétérinaires de l’État manquent à leur mission de contrôle. Depuis combien d’années cette situation gravissime perdure-t-elle dans cet élevage de Meillac ? Comment peut-on laisser des animaux dans cet état en toute connaissance de cause quand on est en charge du contrôle des conditions d’élevage des animaux, et de la vérification de la mise en œuvre de la réglementation ? La responsabilité de l’État est évidente. »
Sébastien Arsac poursuit : « Au vu de la détresse des agriculteurs en France, il est urgent que le gouvernement engage un changement du modèle agricole, aujourd’hui dirigé par un seul objectif : la rentabilité économique. Un modèle qui broie les humains, et les animaux. »
Photo de couverture : @L214