En suède, un nouveau système de propulsion pour camions est actuellement en phase de test sur une autoroute publique. Le principe, similaire à celui qui est employé pour les tramways ou les trains, doit permettre de réduire drastiquement les émissions locales de gaz à effet de serre. De cette manière, des véhicules hybrides dotés de pantographes pourront désormais alimenter leur moteur en captant de l’électricité via un caténaire.
Le secteur des transports est l’un des plus polluants en Europe. Selon une étude de 2011 menée par l’Agence Européenne pour l’Environnement, 24% des gaz à effet de serre sont émis par ces déplacements de personnes et, surtout, nos marchandises. Or les gaz ainsi rejetés dans l’atmosphère participent non seulement au changement climatique, mais sont également à l’origine de maladies respiratoires importantes. Par ailleurs, le secteur des transports est dépendant des énergies fossiles, ce qui n’envisage rien de stable pour l’avenir. Leur prix ont été très fluctuants ces dernières années et le coût d’extraction est de plus en plus important, aussi bien en termes économiques qu’environnementaux.
Ainsi, grâce aux e-highway, le gouvernement suédois souhaite réduire la pollution concrètement mais également rendre le transport des marchandises plus efficace et moins coûteux, même si cela implique d’investir en amont dans de l’électricité la plus propre possible.
Premiers essais sur des autoroutes ouvertes au public
La e-highway est testée actuellement sur un tronçon d’une autoroute publique. À Gävle au centre de la suède, les infrastructures nécessaires ont été installées sur un segment expérimental long de deux kilomètres. En cas de bilan positif, ce qui s’annonce probable, le système sera mis en place sur 110 kilomètres. L’autorité suédoise des transports qui est à l’origine du projet a chargé l’entreprise Siemens et l’entreprise de camions Scania d’étudier cette nouvelle technique et de procéder aux essais.
Selon les indications fournies par les concepteurs, les véhicules pourront circuler à une vitesse de 90 km/heure de manière fluide et stable. Nils-Gunnar Vagstedt, manager au sein de l’entreprise Scania explique : « le système est automatique, il suffit de conduire le camion normalement, sans rien faire de spécifique ». En effet, des capteurs repèrent la présence des caténaire ce qui provoque l’extension des pantographes. Lorsque le camion sort du secteur alimenté ou qu’il souhaite dépasser un autre véhicule, la batterie ou le moteur (selon le mode de propulsion) prennent le relais. Les camions utilisés à l’occasion de cette première expérience sont des modèles hybrides de type Scania.
Réduire la pollution atmosphérique
Le système a été pensé en priorité pour les régions industrielles dans lesquelles le trafic routier est important, ce qui cause une source de pollution supplémentaire à celle provoquée par les industries. Ce n’est pas un hasard si le prototype suédois relie deux zones industrielles : celle de Dalarma et celle de Gävleborg. D’ailleurs, un système similaire est actuellement en phase de test aux U.SA, sur une route de 1,6 kilomètre qui se trouve en zone industrielle entre les ports de Los Angeles et Long Beach, Pour donner un ordre d’idée, en France, la pollution de l’air coute la somme astronomique de 100 milliards d’euros chaque année (rapport 2015 d’une commission d’enquête du Sénat).
De plus, d’après les calculs rendus publics par Siemens, des quantités importantes de carburant pourraient être économisées de cette manière. On estime que les dépenses d’énergie seront réduites de 50% pour les camions concernés. La pollution locale, elle, sera fortement réduite. Cependant, notons bien que l’électricité nécessaire pourra être la source d’autres pollutions et dangers, en particulier si elle est produite à partir d’énergies carbonées. On notera que la Suède a lancé un large plan gouvernemental de réduction des énergies fossiles dès 2006. « Notre dépendance à l’égard du pétrole devrait prendre fin d’ici 2020. » avait déclaré à l’époque la ministre du développement durable, Mona Sahlin.
Critiques et alternatives
Le projet ne fait pas l’unanimité. Jusqu’à présent, comme c’est le cas pour de nombreuses alternatives, des informations contradictoires ont été publiées en ce qui concerne les coûts de cette infrastructure. Les études avancent des chiffres variant entre 1,1 et 2,5 millions d’euros par kilomètre. Il s’agit de l’une des raisons pour laquelle le journal allemand Die Welt doute que le e-higway puisse voir le jour à une grande échelle dans les prochaines années. Le même journal évoque, de plus, une alternative destinée aux voitures contrairement au prototype Suédois, réservé aux camions. En Angleterre, une e-highway pouvant fournir l’énergie aux véhicules via un système se trouvant sous la route est en cours d’étude. Les véhicules seraient alimentés par induction, sans contact direct.
D’autres voix dénoncent la préférence accordée à la recherche automobile au détriment du développement des infrastructures ferroviaires, moins couteuses et plus rapides. Le débat n’est pourtant pas simple : de nombreux territoires sont saturés, ce qui rend sensible la construction de nouvelles lignes de chemin de fer, indiquent les tenants des autoroutes électriques. De plus, l’avenir semble être au mix des infrastructures alternatives plutôt qu’aux grands projets à sens unique. En tout cas, en Suède, les transports alternatifs semblent avoir de l’avenir.
Sources : euronews.com / lapresse.ca / scania.com / spiegel.de / welt.de