C’est un cri d’alerte lancé par l’association brésilienne OJC (l’Observatoire de Justice et Préservation) que Mr Mondialisation relaie pour éviter un écocide : la destruction de la dernière Forêt d’Araucarias au Brésil. Une forêt menacée par Engie qui, après avoir remporté un douteux appel d’offre, envisage d’y installer plus de 1 000 km de lignes de transmission d’énergie supportées par de gigantesques tours. Si le projet devait aboutir, la faune et la flore de la région seraient dévastées.
Des chercheurs qui évaluent les procédés d’installation d’Engie affirment que depuis 20 ans de travail, ils n’ont jamais fait face à un processus d’appel d’offre si fallacieux, remporté de façon si rapide. L’appel d’offre remporté en temps record éveille des soupçons.
La multinationale franco-belge Engie est prête à commettre un crime environnemental odieux au Brésil. L’entreprise compte installer une énorme ligne de transmission d’énergie, produisant des effets catastrophiques dans un milieu de nature rare au Brésil. Le terrain affecté comprend des zones préservées et classées, présentant une grande diversité de faune, de flore et de sites archéologiques.
La construction envisagée par Engie passerait par plus de 500 kilomètres, dans 27 municipalités du Sud du Brésil, atteignant plus de deux mille propriétés. L’impact prévu peut compromettre 655 hectares de milieu naturel, qui comprennent des Sites Préservés, des Unités de Conservation et Zones Classées – de Préservation Permanente, « A.P.P. » Contrairement à d’autres biomes brésiliens comme la forêt amazonienne, où il y a encore une grande superficie préservée, ce méga projet affecterait les dernières forêts d’Araucarias et les derniers champs naturels du Brésil. La région d’extraordinaire valeur, du point de vue de la biodiversité, du paysage et du tourisme, fut appelée « le paradis sur Terre « , par le botaniste et naturaliste français Auguste de Saint Hilaire.
Au total, 1069 tours de transmission d’énergie électrique pourront être installées par Engie, ce qui provoquera la destruction de la rare végétation naturelle, la mort des animaux, la dégradation du sol et la perte des richesses archéologiques. L’implantation des tours sera un risque énorme pour les petits producteurs ruraux, qui perdront leurs terres, seront soumis à des risques de santé et risques dus aux incendies. La forêt d’Araucarias et les champs naturels sont deux écosystèmes associés au biome “forêt atlantique”, de riche diversité, et qui est très menacé. Il ne reste qu’un pour cent de ces zones en bon état de préservation. Il est également important de rappeler que ces tours de transmission d’énergie auraient des dimensions inédites au Brésil, quelques unes pouvant atteindre 78 mètres de hauteur. Le coût du projet est estimé à 400 millions de dollars et compte sur le financement d’une banque publique brésilienne, la B.N.D.S. – Banque Nationale de Développement Économique et Social.
Des Araucarias centenaires ont été abattus par Engie, en pleine période de reproduction, en mai dernier, près de Curitiba, la capitale de l’État du Paraná. Cette espèce d’arbre, ainsi que la forêt où elle vit, sont protégées par la loi depuis 1976, car elles sont menacées. D’après la loi, « il est strictement interdit de couper les Araucarias adultes, pendant la saison de chute des semences, c’est à dire durant les mois d’avril, mai et juin ». Engie n’a
pas respecté la loi. L’entreprise a réussi à avoir une Autorisation d’Installation, Implantation du projet – » A.I. ».
Des préjudices écologiques incalculables
L’installation des tours géantes détruira le paysage et l’environnement de plusieurs localités, spécialement de la Zone de Protection Environnementale ( » A.P.A. ») de l’Escarpement Dévonien. Une superficie où se trouvent les champs naturels, la forêt d’Araucarias et de grands murs rocheux. Le nom « Escarpement Dévonien » est dû aux roches formées à la période dévonienne, il y a 400 millions d’années, qui composent le paysage,. Un patrimoine géologique de valeur inestimable.
La région de l’Escarpement Dévonien comprend 392 mille hectares de trésors archéologiques, de faune et de flore uniques. C’est une région encore préservée, utilisée de manière limitée, qui permet une gestion durable de l’environnement. C’est aussi là où se trouve le magnifique parc de l’état de Vila Velha, qui abrite des formations rocheuses d’une beauté inouïe et qui accueille 70 000 visiteurs par an. L’installation des tours de l’entreprise Engie compromettra la beauté locale et aura un impact extrêmement néfaste sur l’identité et le tourisme de la région.
L’installation des tours compromettra la vie d’approximativement 30 communautés traditionnelles indigènes et afro-descendantes qui ont toujours habité la région.
Les chercheurs ont pu vérifier que le processus d’appel d’offre a été fait de manière très superficielle et ne tient pas compte des aspects généraux, tels que le nombre de familles qui y habitent, leur situation socio-économique et les voies d’accès. Le diagnostic réalisé par Engie ne présente pas les conditions nécessaires pour évaluer l’impact que ces tours auront sur le mode de vie des communautés. De plus, l’appel d’offre ne tient pas compte d’approximativement 400 kilomètres de route d’accès aux tours et leur impact sur la région et ses habitants.
L’installation
Les autorisations environnementales pour l’installation des tours ont été délivrées en octobre 2019 et en février 2020, par l’actuel Secrétaire au Tourisme au Développement Durable de l’Etat M. Marcio Nunes, qui a été dénoncé par des procès pour menace au patrimoine naturel. Des chercheurs qui réévaluent le projet Engie ont affirmé n’avoir jamais vu, depuis 20 ans de travail, un processus d’appel d’offre aussi trompeur et obtenu de manière si rapide.
La procédure de concession de licences à la multinationale Engie est marquée par des authentiques traits de colonialisme en plein 21ème siècle, par le manque de transparence, par des actes antidémocratiques qui ont précédé les licences et les autorisations et la connivence totale du gouvernement local.
L’Observatoire de Justice et Préservation a demandé une étude à une équipe de neuf chercheurs, professeurs et spécialistes d’impact environnemental au Brésil, l’analyse a révélé les risques du projet. L’Observatoire de Justice et Préservation agit pour la protection de la biodiversité du Sud du Brésil, contre le manque de transparence et les pratiques de corruption qui fragilisent la nature.
L’analyse a été coordonnée par des scientifiques de l’Université Fédérale du Paraná, qui ont évalué les Études d’Impact Environnemental de l’installation des lignes de transmission. L’équipe scientifique a conclu que les études présentent divers problèmes concernant le respect de la législation en vigueur.
Les Termes de Référence, les documents qui informent les lignes directrices suivies pour élaborer l’Étude d’Impact sur l’Environnement, ne font pas partie de la procédure d’autorisation environnementale. Ces Termes ce sont des documents publics et doivent être accessibles à tous.
En outre, l’étude présentée par Engie aux autorités compétentes ne présente pas non plus une cartographie des sources des rivières ni des aires inondables. L’écosystème de ces régions est extrêmement fragile et dynamique, l’étude d’Engie n’évalue pas la dynamique des zones humides, qui disposent de faune et flore spécifiques.
Les scientifiques, chercheurs et experts qui ont travaillé pour l’Observatoire de Justice et Préservation ont mis en évidence que les diagnostics environnementaux dans l’Étude de l’Impact sur l’Environnement présentée par Engie sont superficiels et n’établissent pas de relations entre les divers éléments du milieu entre eux ni avec l’entreprise.
Archéologie menacée
Dans la région où doivent être installées les lignes de transmission d’Engie, on a identifié 46 Sites Archéologiques, 32 Occurrences Archéologiques Isolées et 4 Sites Historiques d’Intérêt Archéologique. En plus du travail accompli par les experts de l’Université Fédérale du Paraná, un groupe de chercheurs de l’Université de l’État de Ponta Grossa a réalisé des travaux de chantier de prospection spéléologique dans le site du projet. Le groupe a identifié récemment 10 nouvelles cavernes souterraines qui possèdent une faune et une flore spécifiques. D’autres cavernes doivent être identifiées, la région présente un immense potentiel archéologique.
Le groupe de chercheurs de l’Université de Ponta Grossa alerte sur le fait que les lignes de transmission représentent un haut risque sur les cavités naturelles existantes et que l’entrepreneur n’a pas considéré cet aspect pourtant très important du patrimoine naturel mondial dans son Étude d’Impact sur l’Environnement. Au total, 31 nouvelles cavités naturelles souterraines ont été identifiées, dans la zone d’influence directe des Lignes de Transmission. Les cavernes ont des trésors archéologiques extraordinaires, elles doivent être étudiées et préservées.
Engie devrait suivre les recommandations de préservation et respecter les communautés locales
Les Études d’Impact sur l’Environnement réalisés par Engie affirmaient que les fonds pour l’implantation du projet viendraient de l’investissement de l’entreprise elle-même.
Pourtant, la multinationale négociait en même temps le financement du projet avec la Banque Nationale de Développement Économique et Social – B.N.D.S. Le contrat 202006311 a été établi le 30/03/2020 ayant la valeur de R$ 1.480.641.000,00 – presque un milliard et demi de Reals (231779906,08 Euros).
La Banque BNDES est signataire des Normes de Performance en Matière de Durabilité Environnementale et Sociale de l’I.F.C. – International Finance Corporation, de la Banque Mondiale, qui a établi les lignes directrices de risque et d’impact environnemental et social au responsable de l’implantation et de l’opération du projet – ce qui doit être fait pendant la période de l’investissement fait par I.F.C. Les actions d’Engie devraient donc respecter les recommandations de la Banque Mondiale, ce qui n’est pas fait.
Le groupe Engie
Engie est une multinationale française présente au Brésil depuis 20 ans. L’opération de l’entreprise au Brésil représente la deuxième plus grande recette de la multinationale. Engie s’appelait antérieurement Tractebel Énergie et a construit l’Usine Hydroélectrique de Jirau sur la rivière Madeira, dans l’Etat de Rondônia, dans le Nord du Brésil. En 2010, Engie a été candidate à avoir le « Public Eye Award », un anti-prix attribué à l’entreprise ou à l’organisation la plus irresponsable dans les domaines des droits humains et de l’environnement dans le monde. En effet, Engie a été accusée par des organisations environnementales de ne pas respecter les normes de protection environnementale et ignorer les droits humains des populations indigènes, menacées par la construction de l’usine hydroélectrique.
En 2002, Engie a retiré US$ 1 milliard d’une usine australienne avant l’installation de la taxe carbone en Australie. L’entreprise française a transféré ce montant en dividendes d’Australie et l’a transféré de nouveau aux entreprises de contrôle au Royaume Uni. Le schéma a reçu le nom de » Projet Saumon » en référence à la capacité de ce poisson de revenir sur son lieu de naissance, exactement comme ces intérêts étaient prêts à le faire.
Des détails complexes de ces transactions figuraient dans les « Paradise Papers » en 2017, une fuite de plus de 13,4 millions de documents confidentiels au journal allemand « Suddeutsche Zeitung », investigués par l’équipe de « Four Corners » de l’A.B.C. en partenariat avec le Consortium International de Journalistes d’Investigation.
En 2015, l’agence de nouvelles Reuters a diffusé l’ouverture d’une investigation pour vérifier la possible violation des lois anticorruption des Etats-Unis et du Brésil, par l’entreprise publique Eletrobrás et la construction de l’Usine Hydroélectrique de Jirau, dont Engie était responsable.
INFOGRAPHIQUE
Les nombres et chiffrage du projet
Tronçon Ivaiporã-Ponta Grossa | Tronçon Ponta Grossa-Bateias | |
Extension (C1+C2)* | 331 km | 193 km |
Quantités de Tours de Transmission d’après les RAIPAs* (60 mètres de hauteur) |
728 | 418 |
Municipalités impactées | Manoel Ribas, Pitanga, Cândido de Abreu, Reserva, Turvo, Prudentópolis, Ivaí, Imbituva,Ariranha do Ivaí, Ipiranga et Ponta Grossa | Ponta Grossa, Teixeira Soares, Palmeira, Porto Amazonas, Balsa Nova et Campo Largo |
Aires déboisées (sans considérer les nouvelles voies d’accès) | 396 hectares | 42,56 hectares |
Estimation d’extension des nouvelles voies d’accès | 81 km à 121 km | 186 km à 278 km |
Nombre de communautés impactées | 16 communautés rurales, 12 communautés traditionnelles, 6 communautés organisées, certifiées,d’afro-descendants, 3 communautés noires, non certifiées, 3 terres indigènes | |
Nombre de propriétés impactées dans ADA* (basé sur CAR)* | 620 | 225 |
Valeur financée par la Banque Nationale de Développement Économique et Social (contrat no. 20200631, le 30/03/2020) | R$ 1.480.641.000,00 |
Communiqué de l’OJC
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