Domino’s Pizza, c’est une enseigne de restauration rapide américaine bien connue. Ce qui l’est sans doute moins c’est la provenance de la viande de poulet qui garnit leurs pizzas. L’association L214 a enquêté et les résultats sont – on s’en doutait – accablants : entre poulets importés du Brésil et élevage de type industriel aux conditions de vie horribles, on ne pouvait réunir pires pratiques impactant l’environnement et la défense animale.
Franchise présente dans soixante pays et comptant 17 000 points de vente (dont 400 en France), Domino’s Pizza est une marque bien implantée dans l’univers de la restauration rapide. Pour approvisionner ses nombreux restaurants à travers le monde on pourrait naïvement penser que les restaurants feraient appel à des producteurs locaux, notamment pour réduire les coûts de transport. L’enquête menée par la L214 démontre qu’il n’en est rien.
Des membres de l’association se sont rendus dans un restaurant munis d’une caméra cachée et ont interrogé des employés sur l’origine de la viande de poulet utilisée dans leurs plats. La réponse fuse : « Elle vient du Brésil ». L’information est confirmée sur les emballages de viande de poulet vus dans les chambres froides d’un autre Domino’s Pizza. La viande parcourt donc 8 000 km pour arriver la France. Un bilan carbone important qui pourrait être évité d’autant plus que les transports de marchandises sont parmi les activités les plus émettrices de gaz à effet de serre au niveau mondial. Et ce n’est pas tout. Car la marque de pizza s’approvisionne auprès de l’entreprise Seara, une filiale du groupe JBS qui travaille avec des fermes impliquées dans la déforestation de la forêt amazonienne.
Voilà une révélation qui pourrait bien écorner l’image de la marque en France où la protection de l’environnement s’impose comme la première préoccupation des Français selon un sondage Ipsos réalisé en septembre 2019. De plus, s’il est un autre sujet auquel les Français sont sensibles c’est celui de l’élevage intensif : un sondage IFOP de juin 2018 a révélé que 91% des sondés étaient contre l’élevage intensif des poulets. Et il se trouve que les poulets de Domino’s sont -sans surprise- issus de ce type d’élevage industriel.
On y retrouve les mêmes méthodes que la L214 a déjà pu dénoncées maintes fois : les poulets passent leur vie enfermés dans un bâtiment sans lumière naturelle, évidemment sans accès à l’extérieur. Ils y sont entassés à 20 par mètre carré, une promiscuité extrême qui provoque maladies et décès. En plus du manque de place, certains poulets difformes ne peuvent même pas supporter leur propre poids, la faute à une sélection génétique visant à maximiser leur vitesse de croissance. Leur litière, souillée de leurs déjections, n’est jamais nettoyée ni changée. À quoi bon cette peine puisqu’après seulement 35 jours environ, vient déjà le moment de les envoyer à l’abattoir. Ils y sont alors accrochés violemment par les pattes, la tête en bas alors qu’ils sont encore conscients, puis plongés dans un bain d’eau électrifié avant d’être égorgés…
L’origine de la viande de poulets destinée – entre autres – aux restaurants Domino’s Pizza allie désastre environnemental avec les pires pratiques de l’élevage intensif. Rappelons que la croissance des élevages brésiliens se paye notamment au prix d’une déforestation intensive. Pourtant, « Une bonne pizza, c’est d’abord de bons ingrédients » lit-on sur le site de la marque qui se targue aussi dans son code de conduite de se soucier du bien-être animal. Mais qui peut sérieusement penser que la viande issue d’un poulet élevé dans de telles conditions puisse constituer un « bon ingrédient » ? Les affirmations de la marque apparaissent alors pour ce qu’elles sont : rien d’autre que de la communication pour rassurer et flouer le client.
En décembre dernier, avec d’autres associations européennes de défense des animaux, la L214 demandait déjà à Domino’s Pizza de rejoindre les entreprises engagées contre les pires pratiques d’élevage et d’abattage des poulets dits de chair en adoptant le European Chicken Commitment. Et suite à cette récente enquête, la L214 a lancé une pétition pour que Domino’s Pizza s’engage à ne plus soutenir l’élevage intensif et à inclure une part d’élevage en plein air pour au moins 20% de ses approvisionnements. Mais la multinationale va-t-elle faire une croix sur une part de ses profits au nom du droit animal ? Pour l’heure, la pétition a déjà réuni plus de 63 000 signatures.
S. Barret
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