FabLabs et makers sont encore trop souvent associés à tort à des geeks bricoleurs, essentiellement passionnés d’informatique. Pourtant, derrière les machines 3D et les perceuses, les adeptes ont développé une pensée politique globale, qui leur permet de questionner notre rapport aux savoirs, à la propriété intellectuelle, mais aussi à la consommation de masse d’objets. Désormais, leurs ateliers s’ouvrent au plus grand nombre, pour que chacun.e puisse s’émanciper grâce à l’accès à différentes machines. Nous avons passé une matinée dans l’un ces FabLabs (entendez « fabrication laboratory » ou « laboratoire de fabrication »), à Liège.

Il y a quelques semaines, au cœur de Lège, le FabLab nommé « ReLab » inaugurait ses nouveaux locaux. Avec une baie vitrée qui donne sur un lieu de passage du centre-ville, les objectifs sont clairement affichés : se faire connaître du plus grand nombre et attirer au-delà du cercle traditionnel de makers déjà convaincus.

Crédit photo : Mr Mondialisation

Imprimante 3D et cie. 

À Liège, ce FabLab existe depuis 4 ans, mais a été conduit à déménager à plusieurs reprises. À l’origine, l’idée principale était de recycler des déchets. D’ailleurs, en parallèle de l’ouverture du ReLab, un « ReStore » a vu le jour à Liège, une boutique qui propose des produits réalisés selon les processus propres au slow design et à l’upcycling (transformation de déchets en nouveaux objets utiles).

Au sein du ReLab, les différentes machines exposées peuvent être utilisées par le public pour construire tous types d’objets, contre une petite cotisation forfaitaire qui est ajustée aux besoins de la personne. « Le but est de promouvoir l’utilisation d’outils mal connus du public, mais qui peuvent changer la vie de tous le jours » explique Bryan, FabManager (salarié) depuis 1 an.

Ce FabLab, comme la majorité des autres, aligne son fonctionnement sur une charte générale et possède des machines sophistiquées parmi lesquelles plusieurs imprimantes 3D, une découpeuse laser et une découpeuse vinyle.

Crédit photo : Mr Mondialisation

Un public plus varié qu’on l’imagine

Lorsqu’une personne n’ayant pas d’expérience avec les machines se rend dans le FabLab, les salariés « l’accompagne dans le processus de réalisation, sans autant le faire à leur place ». Une démarche assumée par le FabManager, qui insiste sur la nécessité de former les personnes qui viennent pour qu’elles puissent se rendre autonome et qu’elles puissent à terme utiliser le parc de machines sans aide. Par ailleurs, des étudiants viennent régulièrement avec leurs enseignants dans l’espace pour se familiariser avec les engins et profiter d’un espace de travail et de réflexion unique en son genre.

Mais il ne s’agit pas des seuls intéressés. Industriels et start-up en devenir se rendent également au FabLab pour valider certains projets avant de les lancer à une échelle plus importante. Ces derniers peuvent se servir des machines pour faire des tests, mais pas pour produire en série. Pour certains, le FabLab a été un tremplin : c’est le cas de YUMA, une marque de lunettes imprimées en 3D et recyclées.

« Remettre en perspective le pouvoir qu’on a de créer et la société de consommation »

Pour Sylvain, un ingénieur en aéronautique qui est entré dans l’équipe en tant que salarié il y a quelques semaines seulement, travailler au FabLab est « un challenge quotidien », puisque tous les jours des personnes viennent pour soumettre des idées très différentes. Pour lui, les enjeux dépassent largement ceux de la sphère individuelle, puisqu’il s’agit de questionner les valeurs sur lesquelles repose notre société. Néanmoins nuance-t-il, il reste encore beaucoup de travail à faire pour que les visiteurs se rendent réellement compte des questions politiques que soulèvent les FabLab.

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« Les outils des FabLab sont une première étape pour se rendre compte qu’on est pas obligé de passer par un système de consommation » estime ainsi Sylvain, qui relève également que le FabLab permet de démocratiser l’accès à des machines couteuses et de construire des outils réellement adaptés à nos besoins et de mieux comprendre la complexité des objets qui nous entourent et donc de leur valeur. Bryan confirme : « Il s’agit de faire comprendre aux visiteurs qu’ils peuvent réparer un bouton de cuisinière sans en payer une nouvelle parce que ce modèle de bouton n’existe plus ou est vendu à un prix exorbitant. » Des enjeux très contemporains donc, au cœur de la révolution sociétale et écologique.

Crédit photo : Mr Mondialisation

Sources : propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation / facebook.com

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