La transition écologique devrait permettre la création de près d’1 million d’emplois d’ici 2050 selon un rapport de l’Agence de la transition écologique française. Pourtant les taux de chômage frôlent encore les records partout en Europe, laissant en particulier les plus jeunes sur le bord de la voie professionnelle. Face à ce constat, certains appellent à une mutation du monde du travail pour plus de justice climatique et sociale. D’autres prennent déjà les choses en mains. C’est le cas des écoles ETRE, qui forment dès aujourd’hui les jeunes déscolarisés ou sans emploi aux métiers de demain.
Les dernières statistiques européennes sont sans appel. Même si le taux de chômage des jeunes a quelque peu décru en 2021, il reste très préoccupant : 14,9% des 15-25 ans n’ont d’autre choix que de pointer.
Et encore, ces chiffres ne prennent pas en compte l’ensemble des individus qui ne sont pas éligibles aux allocations et qui cherchent pourtant un emploi, naviguant ainsi, selon les termes de l’Insee, dans un “halo autour du chômage”.
L’Espagne et la Grèce restent les pays européens les plus touchés, avec des taux respectifs de 30,6 et 30,5%. La France se place quant à elle au-dessus de la moyenne européenne et de celle de la zone euro, avec un taux de chômage pour les plus jeunes atteignant 17,6 % en décembre 2021.
Perte d’emploi et perte de sens
Qu’ils soient surdiplômés ou sans aucune formation, les jeunes peinent de plus en plus à trouver leur place au sein du monde du travail.
Non seulement à cause d’un contexte de marché particulièrement difficile, mais également à cause d’une perte de sens, de perspectives et d’illusions. La crise écologique et sociale que nous traversons actuellement n’y est pas pour rien. Nombreux se disent perdus à l’idée de choisir une voie professionnelle, qui parait souvent si désuète face à l’incertitude de l’avenir.
Pourtant, les enjeux climatiques qui se présentent à nous aujourd’hui ont besoin de bras pour être relevés. Beaucoup de sources concordent pour affirmer que la transition écologique, qui permettra d’adapter notre économie à la lutte contre le dérèglement climatique, sera créatrice de nombreux emplois.
L’Ademe (’Agence de la transition écologique française) estime ainsi que 340 000 emplois seront créés dès 2035 et près d’1 million d’ici 2050, et ce malgré les pertes d’emplois liées à des secteurs nuisibles à l’environnement, tels que les énergies fossiles.
Au niveau mondial, l’ONU rapporte quant à elle la création d’environ 18 millions de nouveaux emplois utiles à la lutte contre le réchauffement climatique, appelés métiers verts ou verdissants, d’ici 2030.
Transition écologique et aubaine professionnelle
Evidemment, certains secteurs apparaissent déjà plus porteurs que d’autres. Ainsi, la production d’énergie renouvelable, la rénovation et l’isolation des logements, l’agroécologique, la gestion des déchets ou encore la mobilité sont indéniablement les domaines à investir.
Mais si une transition de l’emploi est possible, elle ne doit pas être envisagée n’importe comment, au risque d’un accroissement des inégalités et d’une précarisation des publics les plus fragilisés sur le marché de l’emploi.
Déjà en 2016, un collectif d’associations appelait de ses vœux une transition juste du milieu qui passerait concrètement par une reconversion anticipée des salariés des secteurs fragilisés grâce à des politiques climatiques à l’échelle territoriale et individuelle.
Un réseau d’écoles pour former aux métiers de demain
En attendant, d’autres acteurs se sont emparés du problème, ou plutôt de la solution. C’est le cas des écoles de la transition écologique, dénommées ETRE. Pour répondre à l’urgence climatique, ces écoles un peu particulières sensibilisent et forment des jeunes, notamment en décrochage scolaire, aux métiers manuels de la transition écologique.
« Les écoles ETRE préparent demain en répondant aujourd’hui au besoin d’insertion des jeunes, mais également à la crise de sens du travail traversant une génération – tous niveaux de diplôme confondus », nous explique Cécile Gueguen, accompagnatrice de la structure.
Au sein des différentes écoles qui ont essaimé un peu partout sur le territoire français, on trouve des formations gratuites lors desquelles les jeunes découvrent de manière pratique et concrète les métiers manuels verts et verdissants, comme la réparation de vélo, l’éco-construction, l’agriculture biologique ou l’art du maître-composteur.
Lors de stages allant de 1 jour à près d’un an, les jeunes définissent ainsi leur orientation professionnelle et acquièrent de multiples compétences, savoir-être et savoir-faire techniques. Petit à petit, ils se montrent plus à même « de reprendre confiance en eux et de se projeter dans le futur ».
Pour se faire, l’école adopte une pédagogie active qui mêle plusieurs techniques : un parcours individualisé dont un suivi et un accompagnement rigoureux, une mixité des publics et un apprentissage par le faire grâce à des visites d’entreprises partenaires ou des mises en situation professionnelle et une présence particulièrement accrue des encadrants.
En somme, la structure permet une préqualification aux métiers d’avenir dans le secteur des énergies renouvelables, de l’agriculture urbaine et biologique, de l’eau, de l’habitat durable ou encore de la médiation et l’animation.
ETRE essaime partout en France !
Après l’ouverture de leur première école en 2019, le projet compte aujourd’hui dix structures réparties dans plusieurs régions de France, et le réseau lance son incubateur. L’objectif ? Multiplier les points de formation pour multiplier leurs impacts afin de « remobiliser » des jeunes âgés de 16 à 25 ans, déscolarisés ou sans emploi, grâce aux métiers verts.
« Portées par des structures déjà existantes ou des associations créées pour le projet, [les écoles ETRE] partagent toutes les mêmes valeurs inscrites dans la Charte des principes fondateurs. Dans le réseau national qu’elles forment, le partage d’expériences est central. Elles mutualisent leurs outils, partagent leurs savoir-faire, échangent sur leurs vécus et travaillent ensemble à faire des écoles ETRE un modèle toujours en mouvement », souligne les porteurs du réseau.
L’incubation offre ainsi une véritable aventure entrepreneuriale à tout porteur de projet désireux de s’inscrire dans une démarche sociale et environnementale forte : rêver son école, l’ancrer dans un territoire, monter et animer une formation test, et enfin, inaugurer la structure pour la pérenniser. L’appel à candidature est ouvert jusqu’au 30 juin !
L.A.