Cette année, un voilier compte s’élancer vers l’Arctique dans le but d’accumuler un maximum de connaissances sur cette partie isolée du globe et méconnue du grand public. Une région difficile d’accès mais dont l’étude s’avère cruciale pour rendre compte des changements résultants de la pollution humaine et du dérèglement climatique. Une modification mondiale du climat qui met aussi et surtout en péril l’équilibre de ces terres gelées et de leurs écosystèmes. Quels impacts sont déjà visibles et quelles solutions sont envisageables ? C’est ce que l’expédition suisse « Glacialis » veut déterminer, en rendant les données récoltées en libre accès (Open Source). Présentation d’un projet participatif à vocation scientifique, écologiste et humaniste.
Les changements climatiques impactent les terres polaires davantage que n’importe quel autre environnement sur le globe. Les données existantes à leur sujet sont pourtant rares, non seulement à cause de la difficulté d’atteindre ces régions mais aussi en raison du fait qu’elles sont peu partagées par les scientifiques. Sans la mise en commun d’informations, il est alors difficile d’établir un compte rendu global de la situation en Arctique et donc de fixer des plans pour la sauvegarde de sa biodiversité. Surtout que d’autres dangers menacent l’Arctique : la fonte de ses glaces ouvre la voie à de nouvelles routes maritimes, des zones de pêches et surtout attire les compagnies de gaz et de pétrole qui s’imaginent déjà exploiter ces ressources. Cela générant une boucle de rétroaction négative : pollution, surpêche, trafic maritime intense perturbant la faune,… Les acteurs de la mondialisation bénéficient – court terme – de ces changements climatiques.
C’est ce constat qui a rassemblé autour du projet « Glacialis » une équipe internationale représentant l‘ONG SCS (la Société suisse d’étude et de protection des cétacés). Une équipe composée de spécialistes en biologie, en audiovisuel et en sciences humaines unis par leur intérêt pour la préservation des terres polaires et de leurs habitants. L’aventure prendra place à bord d’un voilier, l’Atlas, conçu par l’association à but non-lucratif Atlas Expéditions et transformé en mini plate-forme de recherche.
Le nom de l’expédition provient d’une espèce de baleine de l’Atlantique Nord en danger d’extinction, l’Eubalaena Glacialis. En un seul mot, voici résumées les ambitions de l’expédition : l’étude de ces terres glacées et des animaux qui y vivent dans le but d’œuvrer pour leur survie menacée.
« La nécessité d’une meilleure connaissance de cet environnement changeant en vue de sa protection nous a incité à développer des protocoles de recherche facilement réplicables et à viser le partage de données libres d’accès, pour une science ouverte et participative. » Marion Le Bouard (Chargée de Transition Écologique / Biodiversité )
Deux membres de l’expédition, Virginie Wyss (cheffe de projet & biologiste) et Arnaud Conne (skipper & photographe professionnel), expriment leurs attentes et leur enthousiasme au sujet du projet « Glacialis » :
Preuve du sérieux de l’expédition, « Glacialis » a reçu de nombreux soutiens académiques : de chercheurs universitaires, d’ONGs, de centres de recherche spécialisés et d’organisations en Suisse, au Canada, en Espagne, en Islande, au Danemark… Autant de soutiens et collaborations qui ont aidé « Glacialis » à sélectionner d’innovants et efficaces protocoles de recherches faciles d’utilisation pour s’adapter à l’espace réduit sur le voilier Atlas. Trois expéditions sont d’ores et déjà planifiées, dont la première prévue cette année, durera cinq mois : le voilier Atlas traversera l’Atlantique Nord, les Açores, le Groenland, la baie de Baffin pour aboutir au détroit de Davis, soit un périple long de 8 000 km ! Si cette première saison « pilote » rencontre le succès alors les suivantes seront lancées en 2022 et 2023.
L’expédition se concentrera en priorité sur l’étude des mammifères marins, excellents indicateurs de la santé des écosystèmes. Avec l’appui de la technologie, les espèces seront recensées par photographies, drones, caméras thermiques, intelligence artificielle, enregistrements acoustiques. « Glacialis » récupérera aussi des échantillons dans le souffle des baleines, le plancton, de micro & macro plastiques, ainsi que de multiples paramètres environnementaux (physicochimie). L’aspect probablement le plus important, c’est que l’expédition offrira en accès libre toutes ces précieuses informations pour faire progresser la science.
Grâce aux observations qu’elle aura effectuées, l’expédition « Glacialis » désire aussi participer au développement de méthodes pour diminuer les collisions entre les bateaux et les animaux marins et définir des zones sensibles à préserver du trafic maritime.
Chacun et chacune peut participer à l’aventure « Glacialis » depuis chez soi en devenant membre d’Atlas Expéditions ou en participant au crowdfunding de l’expédition. Celui-ci permettra de financer l’équipement du voilier en matériel de recherche, de communication, de sécurité (le tout de la manière la plus écologique possible) ainsi qu’aux coûts d’analyses des échantillons récupérés.
A savoir enfin que « Glacialis » pourra être suivie en temps réel, pendant le voyage puis à son retour pour l’analyse des données récoltées. Il suffira de se rendre sur la page Facebook ou le compte Instagram du projet. L’équipe prévoit aussi de réaliser à destination du grand public des photographies professionnelles, des conférences, un documentaire et une pièce radiophonique retraçant leurs aventures et découvertes. On ne peut que leur souhaiter bon vent !
S. Barret
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