Après avoir dressé le constat d’une société extrêmement malade, inégalitaire et violente, il était temps de mettre en lumière ces tiers-lieux qui œuvrent, loin des caméras, pour une société plus sûre. Quatre espaces qui nous empêchent de céder au désespoir et des initiatives qui prouvent que – rupture politique et social entamée -, des collectifs se tiennent prêts à offrir des modèles de société désirables.
Pour la 3ème année de suite, Fsociété sort sa revue annuelle, cette fois-ci le jeune média est allé à la rencontre des acteurs et actrices du changement social.
Dans ce billet pour Mr Mondialisation, il propose une brève immersion dans les reportages de ce dernier numéro, dont le financement se termine le 13 décembre. La collecte est accessible ici, l’occasion de soutenir un collègue totalement indépendant à financer l’impression d’un magazine et la mise en lumière de ces activistes qui luttent pour défendre nos libertés.
« Not safe but safer » : rencontre avec Padov-HA!
La culture Ballroom héritée des battles de danse de rue s’est diffusée à New York et ses environs dans les années 1960 et 1970. Les actrices de ce changement étaient d’abord les femmes transgenres de la ville. Des manifestations avaient déjà eu lieu dans les années 1920, mais elles concernaient des groupes composés presque exclusivement de Blancs. Les Noirs, s’ils étaient admis, devaient souvent se maquiller en blanc.
les Noirs homosexuels « passent de la culpabilité et des excuses à des sentiments d’acceptation de soi et de fierté ».
À la suite des événements de Stonewall, on assiste à un changement de paradigme : les Noirs homosexuels « modifient leur perception d’eux-mêmes au sein de la sous-culture : ils passent de la culpabilité et des excuses à des sentiments d’acceptation de soi et de fierté ».
Les salles de Ballroom deviennent ainsi un espace sûr pour les personnes queer noires et latinas, marginalisées non seulement par la société, mais aussi par leur famille biologique. Ce n’est pas un hasard si les groupes sont appelés « maison » ou « famille » et sont dirigés par des « pères » et des « mères ». C’est un lexique qui exprime bien la nécessité de reconstruire une frontière de protection et d’accueil.
Les participantes « marchent » (dans le jargon du Ballroom, c’est-à-dire défilent), concourant dans des catégories impliquant différents modes d’expression dans des compétitions où elles ambitionnent de remporter des prix. Les performances vont de la danse à la pose, de l’interprétation à la transfiguration du personnage.
Surtout, les performances dans les balls et les événements organisés rendent possible la représentation de soi dans un horizon libéré des contraintes de la société traditionnelle.
Le bien-être accessible à tous, l’ambition du projet Passi
Le projet Passi, né à Padoue en Italie, est une initiative “One Bridge to” imaginée par des psychologues visant à prendre soin de notre santé psychophysique.
Au-delà d’une nouvelle proposition de la pratique du bien-être par la socialisation et le mouvement corporel, le Projet Passi repose sur des bases fondamentales d’inclusivité et de soutien aux populations les plus vulnérables, en menant notamment des missions dans un camp de réfugiés à Corinthe en Grèce. Nous avons eu la chance de participer à deux sessions et d’échanger avec plusieurs membres du collectif.
Le mouvement est le maître mot du projet PASSI, dont le sigle signifie précisément “Parcours Alternatifs Soutien-psychologique, Socio et Interculturel”. “Passi” signifie d’ailleurs “des pas” en italien. Un nom qui évoque à la fois la forme des activités que propose l’association – à savoir la mise en mouvement des corps -, mais aussi le public ciblé : celui des réfugiés, populations en mouvement, contraintes de fuir leur pays, leur culture et leur famille.
“Spazio Catai” : foyer italien de la résistance palestinienne
Padoue, ville universitaire comptant environ 70 000 étudiant.es, regorge d’espaces et d’initiatives sociales, solidaires, politiques et culturelles. Parmi elles, le “Catai”, qui s’est positionné en première ligne de la lutte pour la libération palestinienne.
Aujourd’hui, le Catai est bien plus que le siège d’un parti politique, et se définit avant tout par les activités qu’il propose et les initiatives des membres qui le composent. Le nom “Catai” provient d’ailleurs de l’idée de se retrouver, se rencontrer, dans le dialecte vénitien.
Le Catai est à la fois un espace, une association et un collectif, mais aussi et surtout « une attitude et une méthode dans l’affrontement, dans la théorie et dans la pratique, des questions et des problèmes de notre société ».
Le reportage complet est d’ailleurs également l’occasion de réflexions plus générales sur l’évolution des mouvements sociaux et leur capacité à accompagner le changement social.
Deux étudiants en sociologie y offrent ainsi leur regard hybride sur le mouvement social auquel ils appartiennent : en tant qu’acteurs militants d’une part, mais aussi en tant qu’analystes auto-critiques. Transformer la société, l’améliorer, et à plus court terme faire pression sur les instances politiques, voici les objectifs de tout militant. Mais comment y parvenir ?
Pas un féminicide de plus, le combat de la Consultoria
Dans l’Italie de Giorgia Meloni, les droits des femmes sont sérieusement menacés, particulièrement en ce qui concerne l’accès à l’avortement. Un rétropédalage inquiétant qui s’oppose à l’autodétermination des femmes. Face aux violences de genre et aux politiques réactionnaires, le mouvement féministe et transféministe italien tente de reprendre la main par l’occupation de l’espace public, mais aussi par l’occupation d’un nouvel espace physique : la Consultoria… un équivalent du planning familial.
Comme le précise la gynécologue Marina Toschi, à défaut de supprimer le droit à l’IVG, les gouvernants rendent son accès de plus en plus difficile. Ainsi : « les structures publiques des consultori sont en net déclin dans le pays, contraintes de fermer une à une faute de financement par les pouvoirs publics ». Comment ces espaces sont-ils réinvestis par les mouvements féministes ? À suivre dans la dernière revue FSociété…
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– Benjamin Remtoula (Fsociété)