Le 3 mai 2024, dans l’indifférence générale, la France a connu son « jour du dépassement ». Autrement dit, entre le premier janvier dernier et cette date, les Français ont consommé autant de ressources par habitant que la Terre n’est capable d’en générer en une année.

Si la population mondiale avait le même mode de vie que les Français, il lui faudrait trois planètes pour subvenir à ses besoins. À l’échelle mondiale, la situation est moins désastreuse, mais reste préoccupante puisque notre espèce est déjà dans le rouge au début du mois d’août.

Une situation dramatique

Pendant des siècles, la Terre s’est constituée un immense capital de ressources qui a parfois pu mettre des millions d’années à s’établir. Ce sont d’ailleurs ces réserves millénaires qui préservent encore l’humanité de la catastrophe, mais la situation ne pourra pas être éternelle.

Depuis plus de cinquante ans, nous vivons en effet à crédit. Nous consommons de fait plus que ce que la nature est capable de créer en une seule année.

Un calcul établi selon six critères

Établi depuis les années 90 par les scientifiques de l’ONG américaine Global Footprint network, le jour du dépassement est calculé grâce à trois millions de données statistiques récoltées dans plus de 200 pays du monde de manière indépendante, avec l’appui de l’université York, basée à Toronto, au Canada.

Pour arriver à déterminer une date, les chercheurs doivent estiment la consommation de ressources par les êtres humains (c’est-à-dire son empreinte écologique). Pour ce faire, ils se focalisent sur les surfaces nécessaires pour les cultures, les pâturages, la pêche, et les constructions humaines. Enfin, un œil est également porté aux forêts indispensables à notre utilisation de bois et au stockage du carbone.


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Ces données sont ensuite comparées avec la biocapacité de la planète, c’est-à-dire sa faculté à reconstituer ses ressources dans le même laps de temps. Celle-ci se mesure en estimant le potentiel maximal qu’une zone géographique peut fournir dans les catégories mentionnées précédemment. Ainsi un pays largement désertique n’aura pas une biocapacité similaire à celle d’une région luxuriante.

Des situations disparates

L’organisation a aussi établi un jour du dépassement par pays afin de se rendre compte de la surconsommation au niveau local. Pour autant, même si ce système permet de dénoncer les inégalités de comportements et de mode de vie des plus riches par rapport aux plus pauvres, il n’est pas un indicateur parfait compte tenu des spécificités de chaque zone du monde.

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Ainsi, les nations d’une petite surface et densément peuplées sont intrinsèquement désavantagées par rapport à leur capacité de disposer de beaucoup de ressources. Au contraire, des pays immenses avec des conditions propices sont sur le papier bien plus favorisés.

Un endroit comme le Brésil, par exemple, consomme moins qu’il ne produit grâce à sa superficie et à la présence de l’Amazonie sur son territoire. À l’inverse, un État comme le Nigeria avec une forte densité de population et moins de ressources est lui déficitaire.

Ce type de calcul ne rend donc pas forcément compte du mode de vie des habitants de chaque zone, puisque chacune d’entre elles ne dispose pas des mêmes conditions d’existence. C’est pourquoi l’ONG a également comparé l’empreinte écologique des pays par habitant en fonction des ressources mondiales.

Une nécessité de ralentir

Avec ce mode de calcul, les états déficitaires ne sont plus les mêmes. Sans surprise, on retrouve en effet dans cette liste une soixantaine de nations dont le niveau d’existence reste bien inférieur à celui des Occidentaux.

Pour certains pays pétroliers comme le Qatar, le jour du dépassement arrive dès le mois de février. Un exemple qui illustre bien l’absurdité de certaines situations à travers le monde. De fait, pour atteindre un équilibre environnemental, il est donc indispensable de repenser nos modes de vie de toute urgence en respectant les écosystèmes.

Par ailleurs, il conviendrait également d’en finir une bonne fois pour toutes avec le mythe de la croissance infinie et éternelle. Sous peine d’être vite rappelé à l’ordre par les limites de notre planète.

– Simon Verdière


Photo de Andrea Piacquadio. Pexels.

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