Kabullywood, film signé Louis Meunier, nous raconte l’histoire d’une jeunesse afghane qui, en dépit de la guerre, des destructions et de la religion, tente de s’engager pour se ressaisir de leur vie en restaurant le cinéma de leur ville.
Quatre étudiants assoiffés de vie décident d’accomplir un projet audacieux : rénover un cinéma abandonné, qui a miraculeusement survécu à 30 ans de guerre. Comme un acte de résistance contre les talibans, ils vont aller au bout de leur rêve pour la liberté, leur passion, la culture et le cinéma… Pourtant, tout semble vouloir freiner leur entreprise. Dans une société ravagée par la guerre, et où les traditions religieuses pèsent sur la morale et les mœurs, la culture, symbole de liberté et d’émancipation, est souvent considérée avec méfiance ou même avec haine. Les principaux rôle sont interprétés par des acteurs, dont celui de Shab (Roya Heydari) et de Sikandar (Omid Rawendah) ayant grandis à Kaboul.
Une parenthèse dans l’histoire afghane récente
Entre l’histoire cinématographique et la réalité, la frontière est mince. L’intrigue fait écho au destin incroyable du cinéma Aryub, autrefois le plus grand et le plus luxueux cinéma d’Afghanistan. Fermé depuis les années 1990, il a miraculeusement échappé aux destructions de la guerre civile et des Talibans. La salle a été rénovée à l’occasion du tournage du film et Naser, son projectionniste, espère aujourd’hui en faire un centre culturel.
Le réalisateur Louis Meunier s’est rendu une première fois en Afghanistan en 2002, alors comme aide humanitaire. « À cette époque, les Afghans étaient optimistes ; c’était l’espoir du retour à la paix après 25 années d’invasion, de guerre civile et d’oppression. Une liberté d’expression nouvelle prenait forme et se manifestait par l’apparition d’une scène culturelle jeune et dynamique composée de réalisateurs, de comédiens, de musiciens, de peintres », se souvient-il. Mais cette lueur d’espoir n’a pas perduré. Le pays est toujours en proie aux conflits et aux attentats. Menacés par les groupes les plus extrêmes dont Daesh qui exercent son influence sur une bonne partie du pays, les artistes ont quitté la région, ou vivent en toute discrétion et dans la peur. « Avec Kabullywood, j’ai voulu témoigner de cette parenthèse pleine d’espoirs et porter un message : quand la religion est utilisée comme prétexte pour s’attaquer à la liberté d’expression et faire table rase du passé, c’est toute la société qui est en danger », précise-t-il.
Une jeunesse en mal de liberté
Avec Kabullywood, Louis Meunier nous propose un film émouvant, témoignage d’une parenthèse méconnue de l’histoire récente de l’Afghanistan. Il expose une jeunesse qui veut se battre pour ses libertés et son pays, et ce malgré les dangers physiques que cela peut représenter ainsi que les jugements de leurs proches et ceux de la société qu’ils doivent endurer. Au détour d’une histoire d’amour interdite, le réalisateur nous expose également le conflit des valeurs entre une partie de la jeune génération en quête d’émancipation et de libertés individuelles d’une part et une société qui peine à accepter les comportements qui sortent des standards habituels d’autre part. Le tournage aura été marqué par des menaces répétées contre les équipes de tournage, notamment par des personnes armées.
Avec Basta!, Politis, Télérama et d’autres, Mr Mondialisation est partenaire de la diffusion du film qui sortira dans les salles le 6 février 2019.
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