Bhopal, c’est un accident industriel qui a fait plus de 25 000 morts au cœur de l’Inde. En cause, l’usine de pesticides du groupe américain Union Carbide.
Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, 40 tonnes de gaz toxiques s‘échappent d’une usine américaine à Bhopal dans le centre de l’Inde. On considère cette catastrophe comme étant la plus grave de l’histoire industrielle. De nombreuses personnes, comme la fille sur cette photographie, continuent à en payer le prix fort 30 ans après.
Bhopal, c’est aussi l’histoire de la manipulation d’une entreprise richissime qui a toujours évité de prendre ses responsabilités. Après l’incident, l’entreprise Union Carbide a simplement quitté les lieux, laissant derrière elle une zone sinistrée et une véritable « bombe chimique » sur le site. Encore aujourd’hui, survivants, enfants et même petits-enfants, doivent lutter pour que justice soit enfin faite.
image : Raghu Rai
Salil Shetty, le secrétaire général d’Amnesty International, témoigne :
« Il y a certains moments de votre vie que vous n’oublierez jamais. J’avais une vingtaine d’années et vivais à Bangalore quand j’ai appris la nouvelle. (…) Bangalore est loin de Bhopal, mais les images étaient si choquantes et épouvantables que j’avais l’impression que c’était arrivé à côté de chez moi. Selon les estimations réalisées depuis par les chercheurs d’Amnesty International, entre 7 000 et 10 000 personnes sont mortes pendant les trois jours qu’a duré la fuite. Des centaines de milliers d’autres ont été intoxiquées. »
« Aujourd’hui, nous commémorons le 30e anniversaire de l’une des pires catastrophes industrielles de l’histoire. (…) Malheureusement, certaines des personnes qui ont tant lutté depuis si longtemps savent qu’elles pourraient maintenant mourir sans avoir obtenu justice. Cependant, le flambeau de la lutte est repris par de nouvelles générations – leurs enfants et petits-enfants – qui sont nées avec des maladies et exposées à la contamination persistante du site de l’usine abandonnée. »
« Poursuivie pour homicide volontaire en Inde, Union Carbide Corporation – actionnaire majoritaire d’Union Carbide India Ltd au moment de la fuite et aujourd’hui filiale à 100 % de Dow Chemical – a trouvé refuge aux États-Unis, où elle a pu ignorer toutes les décisions de justice prononcées en Inde. » – Salil Shetty
Reportage en VO
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Retrouvez l’intégralité du témoignage sur : amnesty.org / Crédit photo : Reuters/Danish Siddiqui/Files