Selon l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), l’année 2016 aura été la plus chaude jamais enregistrée. Confirmant les études précédentes, la structure lance un message d’alerte au monde entier.
Depuis 1880, date à laquelle remontent les premiers relevés de températures, jamais aucune année n’aura été aussi chaude que 2016. Si le caractère exceptionnel de cette année pouvait en partie s’expliquer en raison de El Niño – un cycle climatique naturel – les scientifiques insistent sur le rôle que jouent les êtres humains dans la hausse des températures globales, mettant en cause leurs activités, génératrices de gaz à effet de serre. Par ailleurs, soulignent les auteurs du rapport, alors que les effets de El Niño se sont estompés, le début de l’année 2017 est à nouveau marqué par des températures bien au delà des normales de saison.
Inquiétudes dans le milieu scientifique
Selon David Carlson, Président de l’OMM, les derniers mois ont vu des « changements remarquables sur toute la planète qui interrogent les limites de notre compréhension du système climatique », ajoutant que, désormais, « nous sommes en territoire inconnu ». De fait, les chercheurs estiment que cela fait environ 115.000 ans que la terre n’a pas connu de températures aussi élevées et 4 millions d’années que le taux de dioxyde de carbone n’a pas été aussi important dans l’atmosphère. Si la terre a déjà connu des climats similaires, c’est bien la hausse à une vitesse sans précédent des températures qui pose question, rendant toutes évolutions naturelles des espèces impossibles tel-qu’observé lors des précédentes grandes extinctions.
Jeffrey Kargel, chercheur en glaciologie à l’université d’Arizona a pour sa part partagé ses craintes pour l’espèce humaine. Ainsi, remarque-t-il, « en général, les changements drastiques des conditions n’aident pas la civilisation, qui se porte mieux en période de stabilité ». En 2016, les températures moyennes globales ont dépassé de 1,1° la moyenne des températures de la période pré-industrielle. Les premiers mois de l’année 2017 se sont également distingués avec des températures particulièrement élevées aux États-Unis, mais aussi en Australie ou aux pôles. Ces informations alertent d’autant plus que le réchauffement est une tendance globale (différent de la météo locale), et que les records de chaleurs ne sont pas de simples phénomènes ponctuels.
Les scientifiques en appellent aux États et aux représentants politiques
La publication du rapport a été suivie de commentaires assez alarmants. Dans le milieu scientifique, rapporte The Guardian, de nombreux chercheurs ont ouvertement critiqué Donald Trump, qui, depuis son accès à la présidence des États-Unis, a annoncé et appliqué sa volonté de revenir sur les réglementations protectrices de l’environnement tout en manifestant son souhait de diminuer le financement de la recherche scientifique. Selon le chef d’état, le changement climatique ne serait qu’un complot inventé par les chinois. Même au bord du gouffre, la totale négation des faits scientifiques semble rassurer et convaincre une large partie de la population.
Mais l’Amérique n’est pas le seul pays à être frappé de cette folie douce collective. En France, la problématique est étrangement absente des programmes des principaux candidats qui, selon les sondages, sont en tête des intentions de votes. À moins de 40 jours de la présidentielle, le débat du 20 mars de 3 heures entre les candidats n’a porté que pendant 8 minutes sur l’environnement ! La capacité de l’humanité à simplement survivre ne semble pas au cœur du débat contrairement aux questions de sécurité, de finance et de consommation. Le candidat de la France Insoumise semble le seul à faire de la transition écologique le cœur névralgique de son programme dont Greenpeace tire une comparaison à couteaux tirés. Outre l’urgence d’agir au niveau national, une entente entre les États pour agir de manière coordonnée à l’échelle globale est plus que jamais vitale. Pourtant, les politiques tardent à s’emparer sérieusement de la question.
Faut-il se laisser aller au pessimiste pour autant ? L’actualité prête difficilement à sourire, mais malgré l’inaction des décideurs publics, des citoyen.ne.s de plus en plus nombreux se décident à agir de manière individuelle ou collective pour changer le monde, pour se réapproprier leurs moyens d’existence, relocaliser les moyens de production et proposer un futur plus serein aux générations à venir. Indéniablement, c’est en ces temps incertains que se joue l’avenir de l’humanité.
Sources : lemonde.fr / theguardian.com / wmo.int