Afin de « décrypter et commenter les principales composantes environnementales des différents programmes des candidats » et « éclairer les électeurs dans leur choix » , Greenpeace a publié sa propre grille d’analyse. L’ONG veut proposer un regard objectif dans l’intérêt de la Terre et de ceux qui y vivent. En voici le résumé.


Trop souvent, les élections tournent en guerre de personnalités et certains candidats n’hésitent pas à axer leur communication sur la forme plutôt que le fond. Mais que promettent concrètement les différents programmes pour la planète ? Pour aider les électeurs à comprendre les projets des candidats à la présidentielle en matière environnementale, Greenpeace vient de mettre en ligne une analyse des propositions respectives de cinq d’entre eux, à savoir François Fillon, Marine Le Pen, Benoît Hamon, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. L’ONG tient à préciser que ce travail a été réalisé en toute indépendance et qu’elle ne soutient ni parti, ni candidat. Ce travail s’appuie uniquement sur les programmes, les déclarations publiques et les décisions prises par les candidats ou des représentants de leur formation.

Comme le suggère la lecture des différentes analyses, Greenpeace a choisi une définition forte et engagée de l’environnement, qui est entendu ici dans son sens politique : quelles décisions pour un monde plus propre ? Quand on sait que 25% des morts infantiles sont dues à la pollution, que la pollution atmosphérique coûte plus de 100 milliards d’euros par an à la France tout en étant la troisième cause de mortalité, que nous traversons une extinction historique des espèces animales et que le changement climatique pourrait mettre à mal notre capacité à simplement vivre sur Terre, il semble évident que la vision écologique du prochain président français pèsera dans la balance de l’avenir de l’écosystème. Il ne s’agit donc pas simplement de réduire un peu les gaz à effet de serre ou d’augmenter le nombre de panneaux solaires, mais de faire de l’écologie une composante structurelle de la société. En ce sens, l’écologie doit servir de levier à un changement des rapports de force au sein de la société en faveur des citoyens, aussi bien en France qu’ailleurs, mais aussi concernant les rapports internationaux. À ce titre, l’ONG aborde également les questions relatives aux migrations, au nucléaire militaire et à la défense.

L’analyse des différents programmes est donc faite à la lumière de l’expertise et des positions de Greenpeace en matière d’environnement.

François Fillon

Ce serait un euphémisme que de dire que François Fillon n’est pas très concerné par l’environnement. « Aucune des 15 “mesures phares” du candidat des Républicains n’a un rapport avec la protection de l’environnement », alerte Greenpeace, selon qui François Fillon « réduit la protection de l’environnement à une variable d’ajustement ». En témoigne sa volonté de s’attaquer au principe de précaution, dont il affirme qu’il nuit à l’économie, et donc à la croissance. Le candidat défend donc une vision purement économico-centrée de la société, celle-là même qui mène le monde à sa perte.

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En ce sens, il n’est pas étonnant que le candidat du parti des Républicains ne remette aucunement en cause le nucléaire, et prévoit même un allongement de la durée de vie des centrales. Ses propositions concernant les énergies renouvelables ne sont pas « consistantes », les objectifs n’étant pas chiffrés, révèle Greenpeace. On ne s’étonnera donc pas non plus que François Fillon souhaite soutenir un modèle agricole fortement industrialisé et qu’il considère, comme Donald Trump, les réglementations environnementales trop contraignantes dans le secteur. « La vision de François Fillon sur l’agriculture est celle de la FNSEA : productiviste, sous perfusion, technoscience », résume Greenpeace, soulignant d’ailleurs que le mot « bio » n’apparaît qu’une fois dans les douze pages du programme consacrées à la question.

Greenpeace met également en garde : François Fillon veut augmenter les dépenses relatives à la défense, notamment « en forçant le très coûteux outil de dissuasion nucléaire français ». Or rappelle l’ONG, non seulement la prolifération de ces armes met en danger l’humanité, mais en plus, d’autres dépenses sont urgentes, particulièrement en matière sociale et environnementale.

Benoît Hamon

Bien que le candidat du Parti socialiste ait donné une place importante à la question climatique dans son programme, Greenpeace reste prudent : en effet, le candidat porte une partie de l’héritage laissé par le quinquennat de François Hollande, qui, en ce qui concerne le climat « aura été celui des occasions manquées ». Greenpeace se félicite que Benoît Hamon veuille sortir du nucléaire et des énergies fossiles d’ici 2050 – depuis le ralliement de Yannick Jadot en Février, mais regrette le manque de précisions sur la question. « Difficile pour les électeurs de se fier à une telle promesse si le candidat ne livre pas plus de détails sur les moyens d’y parvenir », résume-t-on. Pour cause, une telle déclaration ne constitue pas un plan précis en matière de transition. Quid de la méthodologie ?

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En matière agricole, l’ONG décerne des bons points au candidat, dont le programme est « ambitieux » : « il entend, d’un côté, réduire l’usage des pesticides chimiques et, de l’autre, favoriser par différents moyens l’agriculture biologique en France ». Il prévoit notamment d’augmenter la part du bio dans les cantines (50%) et veut se servir de la PAC pour aider les agriculteurs à la reconversion. C’est bien « un changement de modèle » que soutient Benoît Hamon, mais pas de manière totalement volontaire.

Greenpeace rappelle également que le candidat remet en cause la croissance économique, qu’il a plusieurs fois dénoncé. Bien que l’ONG « apprécie » ce discours, elle reste prudente : le programme d’Hamon ne décrit pas suffisamment le modèle alternatif, pour que son « discours engagé » gagne « une crédibilité forte ». Des propositions concrètes et détaillées sont donc nécessaires que ces mots ne restent pas que des slogans en vue de gagner des voix. Enfin, Benoît Hamon souhaite « une augmentation incompréhensible et incohérente des dépenses militaires » ce qui est, comme pour Fillon, un non-sens. Il nous semble difficile de ne pas y voir un lien avec les récentes déclarations de l’OTAN invitant ses membres à augmenter leurs dépenses militaires.

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Marine Le Pen

Greenpeace souligne d’entrée : « Le caractère irréconciliable des valeurs du FN avec celles qui nous animent ne nous dissuade pas de tenter d’éclairer les électeurs potentiels de Marine Le Pen sur ses propositions environnementales ». D’ailleurs, sur la question, on pourrait se méprendre, puisque le FN « essai de verdir son image » depuis peu, en dépit de sa négation en matière de changement climatique. Pourtant, insiste l’analyse, « si le revirement peut parfois paraître spectaculaire sur certains sujets, le parti d’extrême-droite maintient une ligne nationaliste et excluante, incompatible avec la notion même d’écologie ».

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Ainsi, la protection de l’environnement sert une logique nationaliste et une vision productiviste traditionnelle. « Le fameux slogan altermondialiste ‘penser global, agir local’ est tristement détourné pour devenir un penser et agir local » sans considération pour le monde dans son ensemble. L’instrumentalisation de la cause entre en désaccord avec les valeurs de l’ONG et des militants de l’écologie politique. « Imaginer que l’on puisse simplement fermer hermétiquement les frontières et échapper ainsi aux malheurs du monde est non seulement une vue étroite de la marche de la planète mais témoigne aussi d’une conception égoïste et misanthrope ».

D’autant que les apparences sont trompeuses. Au delà des effets d’annonce, le programme de Marine Le Pen ne contient que peu de propositions concrètes ou pratiques. Par ailleurs l’ONG révèle des contradictions, telles que le soutien au nucléaire ou la volonté de « décréter un moratoire immédiat sur les éoliennes » au profit d’autres industries de l’énergie. Dans le domaine agricole, le produire local devient un argument nationaliste. Pourtant, « la seule origine française de la production agricole ne garantit pas que l’environnement soit respecté ! ». Or ici, les propositions manquent encore. Si Marine Le Pen prend position contre les fermes-usines et les OGM, elle n’évoque pas la problématique posée par l’excès de consommation de la viande. Par ailleurs, Marine Le Pen s’inscrit radicalement en faveur de la chasse. Sur un communiqué officiel disponible sur le site de la candidate, on peut lire « Contre les écolos, pour la chasse au gibier d’eau ! ». De plus, les invectives « anti-écolos » sont monnaie courante dans la bouche des élus du Front National, de même que les baisses de budget touchant les associations de terrain dans les municipalités FN. Il y a donc très peu à espérer de ce parti qui, derrière les slogans, reste dans sa lignée réactionnaire et conservatrice. Enfin, rappelle Greenpeace, le programme de Marine Le Pen augurerait « une course insensée à l’armement du pays ». Dans quelles intentions ?

Emmanuel Macron

Le candidat se voudrait révolutionnaire, pourtant, « la recette d’Emmanuel Macron sur l’environnement est bien fade », résume Greenpeace. La lecture du programme laisse un goût de déjà vu, tant le programme qu’il propose ressemble à celui avancé par François Hollande, il y a cinq ans. Et tout le monde a déjà pu en avoir un aperçu. Greenpeace insiste sur le manque de cohérence du programme ainsi que son « flou ». Le candidat fait des propositions dont l’application est déjà établie, notamment la fermeture des centrales à charbon en France d’ici 2023. Par ailleurs, « concernant la transition énergétique, Emmanuel Macron vise une réduction à 50% de la part du nucléaire à l’horizon 2025 ». Avec cet objectif, le candidat d’En Marche ! annonce simplement… qu’il respectera la loi de transition énergétique, votée en 2015. » En outre, le candidat soutient la recherche sur les gaz de schistes, « de l’argent jeté par les fenêtres étant donnée l’absolue nécessité de laisser dans le sol les hydrocarbures inexploités afin de lutter contre le réchauffement climatique », selon Greenpeace.

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En matière agricole, Greenpeace estime que les changements proposés par Emmanuel Macron sont insuffisants. « Sur le bio, Emmanuel Macron surfe sur la vague tout en restant flou sur la suite et son engagement », et les propositions concrètes sont trop peu nombreuses pour savoir comment il compte s’y prendre pour soutenir la transition. La question de la viande est absente de son programme et comme sur beaucoup de points, Macron renvoie les décisions cruciales au lendemain de son élection, en appelant l’organisation d’un « Grenelle de l’Alimentation ». « Au final, pas un mot sur les changements radicaux de système agricole qu’il est urgent d’opérer et beaucoup de zones d’ombre ou de flou qui ont de quoi inquiéter », conclue l’analyse. Enfin, Greenpeace rappelle que Macron souhaite lui aussi augmenter le budget de la défense.

Jean-Luc Mélenchon

« Jean-Luc Mélenchon a clairement enrichi ses connaissances et musclé son programme sur l’écologie », débute Greenpeace, qui salue sa remise en cause du productivisme et sa « rupture avec le dogme de la croissance à tout va ». Cependant, regrette l’ONG, « il passe sous silence les nombreux progrès (sur les OGM, les produits chimiques, etc.) obtenus grâce à notre modèle européen ». Jean-Luc Mélenchon, avec son mouvement la France Insoumise, a fait de l’environnement l’un des points centraux de son programme l’Avenir en Commun. L’État sera un moteur de la transition, notamment par l’intermédiaire d’importants investissements dans les secteurs verts. La « logique de ‘planification écologique’ met en évidence la nécessité d’une action forte de l’État », une démarche partagée par Greenpeace, qui appelle cependant le candidats à expliciter certaines de ses propositions, notamment celle relative à la règle verte qui « impose de ne pas prélever sur la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer ».

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Les propositions du candidat étant très développées dans son programme, Greenpeace en fait une critique précise et constructive. L’ONG, salue la volonté de Jean-Luc Mélenchon de sortir du nucléaire et des énergies fossiles d’ici 2050, tout en rappelant que cela signifierait malgré tout une prolongation de la durée de fonctionnement de certaines centrales, prolongation « coûteuse et risquée » selon l’ONG. Greenpeace, pour sa part propose d’en sortir d’ici 2035. Globalement, le candidat se distingue cependant par une certaine logique : « il décline […] toute une série de mesures au service de la sobriété et l’efficacité énergétiques« , s’oppose à l’aéroport Notre-Dame des Landes, refuse « toute recherche et exploitation des gaz de schiste« , rejette les traités de libre échange CETA et TAFTA, et « appelle à un ré-équilibrage des modes de transports ».

En matière agricole, le caractère « ambitieux » du programme laisse entrevoir un changement structurel et une sortie du modèle productiviste : si la France reste dans l’UE, le candidat propose de « transform[er] en profondeur les institutions actuelles afin de faire émerger un modèle de société solidaire et écologique. Les propositions sont nombreuses ». Cependant, Greenpeace met en garde contre le « plan B » (sortie de l’UE) : « En cas de retrait de l’UE, la France risquerait de connaître une nette régression sanitaire et environnementale ». Au niveau national, Greenpeace se félicite de la proximité des positions du candidat avec les siennes. Les propositions sont nombreuses : il s’agit « d’abandonner les projets de fermes usines, de développer l’agriculture écologique sans pesticide chimique et sans OGM, de promouvoir les circuits courts et la vente directe, de plafonner les marges de la grande distribution, de développer un système libre de droit pour les semences paysannes, et enfin de passer à une alimentation 100% biologique et locale dans la restauration collective d’ici 5 ans en réduisant en parallèle la part de viande dans l’alimentation ». L’ONG en appelle cependant à plus de précisions quant à leur mise en œuvre concrète. Greenpeace précise en outre qu’il est « le seul candidat à s’attaquer concrètement à la toute-puissance de la FNSEA ».

En ce qui concerne enfin les parties du programme consacrées à la mer et aux forêts, Greenpeace évoque certaines réticences. L’ONG suggère qu’avant d’être un enjeu économique, la mer doit faire l’objet de protection. Pour ce qui est des forêts, l’ONG salue l’intérêt du candidat pour la gestion durable des forêts françaises, tout en regrettant l’absence de mentions « à notre responsabilité par rapport à l’exploitation des deux premiers poumons forestiers du monde (forêt amazonienne et bassin du Congo) ». Enfin, Greenpeace appelle à plus de clarté en ce qui concerne le nucléaire militaire, qui n’est pas explicitement mentionné dans le programme. En conclusion, selon les analyses de Greenpeace, on peut estimer que le programme de la France Insoumise est, à ce jour, le plus en phase avec les considérations des écologistes.

François Asselineau

Peut-on analyser la crise environnementale dans toute sa complexité lorsque tout est systématiquement rapporté à l’unique prisme de l’Union européenne ? Greenpeace émet de sérieux doutes sur la question. En effet, pour l’association, « François Asselineau double son acharnement anti-européen d’un rejet des Etats-Unis sur fond de complotisme. Pour le reste, son programme politique repose sur l’enjeu de la souveraineté nationale, loin des préoccupations écologiques actuelles ». De fait, en matière environnementale, le candidat à l’élection présidentielle reste dans le vague. Greenpeace critique l’ « absence de propositions concrètes » et reproche à François Asselineau de rester flou, sans plan précis, rejetant certaines questions cruciales comme celle de l’avenir énergétique au lendemain de son élection. Un peu trop simpliste.

Ainsi, note Greenpeace, l’UPR affirme l’importance de la questions énergétique tout en soulignant qu’elle l’est indubitablement moins que “l’urgence à sortir de l’UE, de l‘euro et de l’OTAN ». En ce qui concerne le nucléaire, l’UPR n’est ni pour, ni contre, tout en s’expliquant favorable au développement « d’énergies alternatives », sans fournir de précisions, regrette Greenpeace. Il semble d’ailleurs que le parti, qui affirme que les énergies renouvelables ne sont pas compétitives pour le moment, manque de recul sur la question. En effet, « en affirmant cela, l’UPR accuse un vrai retard dans son analyse de la viabilité économique des énergies, puisqu’il est déjà clair que le nucléaire est un gouffre financier insoutenable et que certaines énergies renouvelables sont devenues plus compétitives que le nucléaire » résume Greenpeace.

En matière agricole, on retrouve ces mêmes faiblesses. Si l’UPR affirme vouloir mettre fin aux OGM et relocaliser l’agriculture, aucun mot n’est accordé aux pesticides. Ici, Greenpeace se permet de rappeler qu’une politique agricole plus indépendante de l’Union européenne ne serait pas forcément plus écologique, ni moins soumise aux lobbies (très puissants en France) et qu’une analyse critique mérite plus de nuance. Greenpeace « partage le constat des effets dramatiques de l’industrialisation de l’agriculture ». Mais l’association tacle le candidat, car une sortie de l’UE ne sera certainement pas un remède magique à tous les maux : « La France n’a pas besoin de l’UE pour être un énorme consommateur de pesticides, et s’agissant des engrais, c’est même la justice européenne qui doit rappeler à l’ordre notre chère nation dont la législation est trop laxiste et la pousser à restreindre la contamination aux nitrates à l’aide de condamnations, pénalités et négociations. Une sortie de l’Europe ne transformerait pas la France en un pays d’agriculture locale et écologique », explique Greenpeace. Pour cause, ce n’est pas le niveau de la structure qui fait le poison, mais sa direction économique et politique. Sortir de l’UE sans plan de transition solide serait un coup d’épée dans l’eau.

Greenpeace conclut son analyse par une mise en perspective du rejet systématique de l’Union européenne par François Asselineau, quasi maladif, qui utilise ce biais comme principal moteur pour son programme et rapporte la majorité des questions politiques à ce sujet. Ici aussi, l’ONG rappelle que rien est tout noir ou tout blanc. La critique des lobbies industriels se fait souvent à juste titre, mais « la France seule et souveraine n’est pas forcément un modèle en matière de protection des écosystèmes », au contraire. Pour cause, « notre pays n’a pas eu besoin de l’Europe pour autoriser le déversement de boues rouges dans le parc national des Calanques ou pour se lancer dans un projet d’aéroport inutile dans le bocage nantais, dossiers sur lesquels la Commission a su se montrer bien plus ‘verte‘ ». La France bat également des records en matière d’utilisation de pesticides quand d’autres pays font des efforts remarquables sur la question. Tout ne peut pas être expliqué sous le prisme de l’Otan ou de l’UE insiste le rapport, notant que « répondre à l’urgence écologique est essentiel, et une grande partie des mesures nécessaires face aux menaces globales qui pèsent sur notre environnement exigera des actions collectives des Etats et donc de choisir un cadre d’action supranational. »

Le programme de l’UPR en matière environnementale ne dispose pas d’articulation concrète. Sur les grandes lignes visibles sur le site officiel du parti, pas un mot sur l’écologie. Lorsque la question est abordée, c’est avec imprécision et par l’intermédiaire réducteur d’une critique de l’Otan, des Etats-Unis ou de l’Europe. Si Asselineau aborde la question, ses propositions orales, qui se résument souvent à remettre une prise de position définitive à son après-élection, ne permettent pas de distinguer une vision claire et construite de la problématique environnementale. L’écologie, ne prend nullement une dimension sociétale et structurante dans son programme.

Note de Greenpeace : « le programme présidentiel de François Asselineau date de 2012 mais c’est celui qui est disponible sur le site, car « François Asselineau reste constant à travers les années ». Le programme 2017, indique le site internet, « sera constitué pour l’essentiel de la reprise du programme de 2012, avec cependant quelques actualisations de données chiffrées, et quelques chapitres nouveaux ».

Nathalie Arthaud

« Chercher de l’écologie dans le programme de Nathalie Arthaud, c’est un peu comme chercher une aiguille dans une meule de faucilles et de marteaux » lance Greenpeace dès le début de son analyse du programme de la candidate de Lutte ouvrière. L’association craint que la vision de la société, telle qu’elle est présentée par la candidate, ne soit pas verte. Pour cause, les révolutions sociales n’engendrent pas forcément une prise en compte de la question climatique.

Le programme de Nathalie Artaud se veut être le soutien à un modèle plus humaniste et fustige « les guerres, l’industrie de l’armement, le racisme, ainsi que les graves pollutions, le gaspillage généralisé des ressources énergétiques ou minières et les catastrophes industrielles ». « Donc sur quelques grands principes, il semble que nous sommes d’accord », précise Greenpeace. Cependant, l’ONG souligne les divergences : Greenpeace s’oppose au recours à la violence évoquée par le parti pour soutenir la révolution sociale et regrette « l’absence totale de proposition ou de choix dans le domaine de la protection de l’environnement ». Ici, en dehors des constats justes qui sont parfois fait, aucune solution concrète n’est exprimée si ce n’est la réappropriation des moyens de production par les travailleurs.

Or, explique Greenpeace, « éviter tout positionnement en matière d’écologie sous prétexte que la priorité serait le renversement du système capitaliste entraîne un manque d’analyse des interconnexions entre crises sociale, environnementale et économique qui nous semble regrettable ». Sur l’énergie et les pollutions agricoles, Greenpeace souligne également la faiblesse du programme, qui contient des contradictions sur l’avenir respectif du nucléaire et des énergies renouvelables et ne fait pas de propositions concrètes pour lutter contre les défis que sont la surpêche, les océans, la forêt, la biodiversité.

Jacques Cheminade

Pour Jacques Cheminade, “l’écologisme” n’est qu’une mode et un “obscurantisme infantilisant”. D’autre part, le candidat à l’élection présidentielle considère que le nucléaire est « un bien indispensable ». Son programme ne parle pas de changement climatique et demande à ce que cessent les subventions aux énergies renouvelables.

D’un point de vue écologique, ses propositions sont tout aussi faibles en matière agricole. S’il affirme son soutien aux agriculteurs en entendant lutter contre les prix bas, le bio et les pesticides sont éludés. Devant tant de mépris face aux réalités scientifiques, que dire de plus ?

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Nicolas Dupont-Aignan

Derrière un discours qui s’affirme écologiste, le candidat à l’élection présidentielle ne propose pas de vision claire, « une conception fermée de ce que devrait être la société française » et « une croyance irrationnelle dans les bienfaits du nucléaire » estime l’ONG. Ainsi, il veut soutenir sans restriction le développement de l’EPR, dont Greenpeace met en cause la soutenabilité financière et environnementale. Si le programme du candidat de Debout la France ! promet le soutien à la recherche dans le domaine du stockage de l’énergie et des énergies renouvelables, les énergies fossiles conservent une place importante dans sa vision.

En matière d’agriculture, le candidat propose de valoriser les territoires. Mais Greenpeace tient à préciser « que le ‘fait en France’ n’est pas un gage de haute qualité environnementale puisque notre pays héberge majoritairement des exploitations qui suivent un modèle agricole industriel, productiviste, et nocif pour l’environnement ». Il est donc nécessaire d’aller plus loin. Mais le candidat veut au contraire déconstruire les normes qui existent en matière environnementale qu’il juge trop contraignantes : « Quand on sait que l’agriculture française est parmi les plus consommatrices de pesticides en Europe, on se demande ce qu’il en serait si l’agriculture française conventionnelle était soulagée de ses normes ‘absurdes’ « , s’interroge l’ONG. « Pour résumer, la vision agricole de Nicolas Dupont-Aignan se situe quelque part entre le productivisme de François Fillon et le nationalisme protectionniste de Marine Le Pen, avec un flou regrettable sur la majorité de ses propositions », conclut Greenpeace.

Jean Lassalle

Son programme fait la part belle à la ruralité et critique la  » ‘financiarisation’, qui menace l’écologie », remarque Greenpeace. Cependant, ces constats ne sont pas accompagnés de suffisamment de solutions concrètes. Le candidat, propose de développer le solaire et l’éolien, et met en doute la pertinence du nucléaire, ce qui est une bonne chose. Seul problème, « le candidat Lassalle ne donne aucun détail sur quand et comment les énergies renouvelables pourraient se substituer au nucléaire et au pétrole en France ». Pas de plan économique et de transition écologique clair et argumenté.

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En ce qui concerne l’agriculture, Greenpeace relève l’attachement du candidat pour « l’agriculture paysanne » et partage largement sa critique de la PAC, qui participe à la promotion de l’agriculture productiviste. Cependant, Greenpeace prend de la distance sur ce que pourrait être le modèle alternatif proposé par le candidat. En effet, Jean Lassalle considère que toutes les formes d’exploitations peuvent coexister. Or, Greenpeace s’oppose radicalement à cette affirmation : « le modèle dominant, dopé aux pesticides chimiques, capte notamment l’essentiel des subventions financières et fait clairement l’objet d’un favoritisme au sein des chambres d’agriculture, pourtant censées être des outils clés pour développer l’agriculture écologique ».

Enfin, Greenpeace note de manière positive que la critique que Jean Lassalle fait de l’UE ne débouche pas sur une proposition de sortie de la France. « Nous pensons que l’amélioration radicale de son fonctionnement est une voie préférable à celle de sa disparition ou à celle de la sortie de l’Union de certains pays membres » termine l’ONG. La critique n’est donc pas particulièrement négative, en dépit d’un manque criant de documents et de vision concrète du candidat.

Philippe Poutou

Le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste a intégré la problématique environnementale dans son programme, mais reste « terriblement imprécis » sur les solutions. L’analyse du NPA est juste, selon Greenpeace, qui résume les choses ainsi : dans son programme, « l’urgence écologique vient confirmer la nécessité d’une rupture radicale avec le modèle économique dominant. Sa priorité est la recherche du profit maximum et il fait primer les intérêts de quelques privilégiés sur l’intérêt général. » Cependant, sur les mesures à prendre il y a divergence. Greenpeace doute qu’une révolution sociale passant par une expropriation de l’oligarchie soit la clé qui apporterait la réponse à tout. Ici encore, les explications concrètes manquent. Une transition écologique raisonnée et raisonnable ne peut se passer d’un plan de transition étudié et réalisable.

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En matière écologique, le programme est pourtant ambitieux : « un objectif de 100% d’énergies renouvelables en 2050, l’arrêt du nucléaire en moins de 10 ans, la fermeture immédiate de tous les réacteurs de plus de 30 ans, l’abandon des projets d’enfouissement des déchets radioactifs de haute activité et la sortie des énergies fossiles ». Mais des propositions plus précises, plus développées que des slogans politiques, seraient appréciées pour voir se dessiner un plan d’action.

Le NPA souhaite enfin la fin des grands projets inutiles tant décriés ces dernières années. « On va dans la bonne direction » se félicite Greenpeace. En matière environnementale, l’ONG distribue également des bons points au candidat qui promet une « rupture avec l’agriculture industrielle, reconversion de l’agriculture en bio sur 10 ans – et donc interdiction des intrants chimiques et des OGM – développement des circuits courts de transformation et de distribution » tout en demandant, une nouvelle fois, plus de concret.


Source : greenpeace.fr / Toutes images sous Copyright Stichting Greenpeace Council (textes et citations ajoutés par Mr Mondialisation).

NB : les analyse de Greenpeace sont susceptibles d’être mises à jour en fonction des déclarations des candidats.

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