Une action citoyenne mondiale a été mise en place pour défendre l’environnement contre l’industrie pétrolière et dénoncer les actions catastrophiques des lobbyistes en contradiction même avec la Constitution Norvégienne. Le gouvernement comparaîtra devant un tribunal en novembre prochain…


En Novembre 2017, le gouvernement Norvégien est appelé à l’audience au tribunal à Oslo, suite aux plaintes déposées par l’association mondiale pour la protection de l’environnement Greenpeace et l’organisation de jeunesse norvégienne pour l’environnement Nature and Youth. Le gouvernement devra ainsi comparaître à propos de ses nouvelles autorisations de forage pétrolier en Arctique accordées aux grandes compagnies Statoil, Chevron, ConocoPhillips ou encore Lukoil. Ces décisions désastreuses pour l’environnement, l’écosystème marin et terrestre, sont aussi une violation directe des Accords de Paris et de la Constitution Norvégienne.

Des licences accordées aux groupes pétroliers au détriment de l’environnement et de la voix citoyenne

Remise en contexte. Le 22 avril 2016, la Norvège et la Suisse signent les accords de Paris, accords mondiaux signés suite à la COP21 par près de 194 pays différents. Leur but officiel ? d’agir contre le réchauffement climatique par des engagements à court et moyen terme. Et pourtant, très peu de pays vont prendre réellement la tangente de la transition écologique. À peine un mois plus tard en Mai 2016, la Norvège accordait près de 10 licences (couvrant au total 40 blocs) à 13 groupes pétroliers pour de nouveaux forages en plein Arctique. Un acte politique “dangereux d’hypocrisie” juge Truls Gulowsen, le responsable de Greenpeace Norvège. Suite à cet accord, qui va à l’opposé de toutes les décisions et promesses faites aux citoyens du monde pour la sauvegarde de l’environnement, des associations de défense et ONG montent au créneau.

Lors d’un communiqué commun entre les ONG Greenpeace, Nature and Youth et l’association suisse pour la sauvegarde de l’environnement  Les Aînées, le porte-parole de Natur og Ungdom, Ingrid Skjoldvaer, a confirmé la poursuite en justice du Gouvernement Norvégien pour ses décisions anti-climatiques. “Nous ferons valoir que le gouvernement norvégien a une obligation de tenir ses promesses climatiques et nous invoquerons le droit du peuple à un environnement sain pour notre génération et les suivantes, par l’article 112 de la Constitution Norvégienne.”

“Il semble que le gouvernement n’a que faire de la voix du peuple, tant qu’il y a de l’argent à la clé.”

L‘indifférence gouvernementale pour le changement climatique, c’est l’impression ressentie par les citoyens norvégiens qui ont envoyé des milliers de messages de protestation contre les forages pétroliers. Ainsi, malgré le désaccord criant du peuple, le grand groupe Statoil engageait une première opération de forage massive en Arctique en Août 2016, tandis que le DETEC (le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication) se déresponsabilisait totalement de l’affaire.

Mais les défenseurs de la planète ne lâchent rien et mènent le gouvernement à comparaître devant la Justice pour répondre de ses décisions. Octobre 2016, le groupe d’associations porte officiellement plainte contre le gouvernement norvégien. L’audience aura lieu en novembre de cette année. À l’approche de l’évènement historique, de nombreuses campagnes d’action et de sensibilisation sont menées à travers l’Europe pour rassembler le plus d’appuis citoyens afin que cette affaire ne soit pas jetée aux oubliettes. Il faut dire qu’en matière de changement climatique, la situation ne va pas en s’améliorant…

Le réchauffement climatique ne cesse de s’aggraver à une vitesse phénoménale

Aujourd’hui, pratiquement tout le monde a pris conscience de l’urgence de la situation et de la nécessité d’un plan d’action courageux pour limiter les dégâts. Même les climato-sceptiques ont déserté le scène médiatique pour se rallier au consensus scientifique global. Principal acteur dans le collimateur des citoyens et défenseurs de la planète : le pétrole. “L’or noir” est en effet responsable de pollution gravissime de l’environnement marin, terrestre et atmosphérique à tous les échelons. Et tandis que nombre d’experts clament aujourd’hui haut et fort que l’exploitation d’énergie fossile est vouée à disparaître et de la nécessité de passer définitivement à des énergies un maximum renouvelables (dans les limites du possible), les empires financiers qui se sont construits sur ce mode de production barbare ne sont pas prêts d’entendre raison. Selon une récente étude, les 100 entreprises les plus polluantes du monde seraient responsables à elles seules de 71% des émissions de gaz à effet de serre ! Toutes ou presque sont des entreprises productrices de carburants fossiles…

Le problème ? Le temps nous manque. Cruellement. Aujourd’hui, il est impératif de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, ce qui implique inévitablement de cesser dès maintenant de brûler les réserves de combustibles fossiles dans nos sols. Climatologues, scientifiques, populations, tous semblent l’avoir pleinement assimilé… à l’exception des seuls hommes qui ont le pouvoir de l’empêcher. Et tandis qu’hier Donald Trump piétinait allègrement le climat, aujourd’hui, c’est au tour du gouvernement norvégien de s’asseoir sur sa propre Constitution au profit d’une seule et même raison : le culte de la croissance sur fond de libre échange.

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L’Arctique : une véritable bombe à retardement pour l’environnement

Selon plusieurs études menées au cours des 10 dernières années, l’Arctique possèderait un gigantesque réservoir d’hydrocarbure. En chiffre, cela représenterait presque 13% des réserves mondiales de pétrole et plus d’un quart des réserves mondiales de gaz. Tant de possibilités qui font rêver les actionnaires. Ceux-ci n’hésitent plus à faire pression sur les gouvernements et contourner les lois environnementales dans l’espoir de s’arracher ces mines d’or. Une volonté pleinement assumée de perpétuer l’empire du pétrole jusqu’à sacrifier une part de l’humanité s’il le faut.

Mais, plus particulièrement, l’Arctique renferme également sous ses sols une énorme réserve de méthane. En fondant, les gaz se libèrent à la surface et dans l’atmosphère. Il est à noter que l’effet de serre du méthane est près de 25 fois supérieur à celui causé par le dioxyde de carbone. Selon les experts, la libération de seulement 8% du méthane stocké actuellement dans l’Arctique suffirait à élever immédiatement la température moyenne mondiale de 0,6°C. Une catastrophe dont on peine à concevoir les conséquences. Aujourd’hui, les ONG et défenseurs de l’environnement appellent la voix de chacun pour stopper les folies de ces acteurs politiques et économiques peu scrupuleux.

Un engagement citoyen encore jamais vu

“Ensemble contre le pillage de l’Arctique”, c’est le nom d’une pétition lancée contre le gouvernement norvégien et asseoir la plaidoirie des associations au tribunal, a déjà été signée par 370 000 personnes de partout dans le monde. Le 17 août dernier, des militants de Greenpeace ont également mis en place une manifestation pacifique contre les forages pétroliers en Arctique en se rendant auprès de la plateforme pétrolière dans la Mer de Barents. Sans surprise, il n’a fallut que peu de temps aux autorités pour arraisonner l’Arctic Sunrise et arrêter les 35 personnes qui se trouvaient à son bord, dont deux membres de l’association suisse Les Aînées. Les militants ont tous été libérés depuis. Cependant, cette action ne fait que démontrer un phénomène actuel saisissant : le “que-faire” des autorités gouvernementales pour l’avis et les demandes citoyennes. La justice climatique n’est définitivement pas au goût du jour.

Selon les Aînées, qui ont également mené des manifestations pacifiques à Oslo, la capitale de la Norvège, la très grande majorité de la population est opposée aux projets de forage. Un ras-le-bol général qui sera peut-être un des plus grands facteurs au tribunal pour l’audience du gouvernement Norvégien. D’autant que l’article 112 de la Constitution Norvégienne indique clairement que « Chaque personne a droit à un environnement naturel et favorable à la santé dont la productivité et la diversité sont maintenues. », incluant ainsi les générations futures.

Un dévouement citoyen qui peut porter ses fruits

En réponse à tous ceux qui, et nous le comprenons, peuvent céder au pessimisme, nous rappelons qu’à propos de la protection de l’Arctique contre les forages pétroliers, la communauté de Clyde River, au Canada, a obtenu gain de cause auprès de la Cour Suprême ! Cette victoire, au bout de trois longues années de lutte, met enfin à l’abri la population Inuite habitante sur place, mais aussi toutes les espèces marines telles que les baleines boréales, narvals, phoques et morses, qui auraient été drastiquement menacées par les explorations pétrolières prévues dans la région.


Sources : Greenpeace / SavetheArctic.org / LaCroix

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