La période légale de chasse est en principe terminée depuis plus de deux mois dans la majorité des régions françaises. Selon les départements et les autorisations préfectorales en vigueur, des prolongations partielles existent pourtant pour certaines « méthodes » de chasse spécifiques. C’est le cas pour le déterrage des blaireaux européens (Meles Meles), pratique pourtant jugée cruelle par les défenseurs de la cause animale, puisqu’elle consiste, comme la chasse à courre, à traquer et isoler les animaux grâce à des chiens avant de détruire leur terrier et de les tuer à l’arme blanche. L’ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages) a décidé d’exposer cette barbarie méconnue.
Peu connu du grand public, le déterrage des blaireaux (parfois appelé vènerie sous terre) consiste à repérer les terriers de ces animaux dans l’environnement et de les y acculer avec des chiens. Une fois que les chasseurs ont identifié la galerie dans laquelle se trouve l’animal, ils détruisent méthodiquement le refuge souterrain à l’aide de pioches et de pelles, jusqu’à ce qu’ils puissent attraper le mammifère grâce à des pinces. Cette étape dure parfois plus d’une demi-journée, prolongeant d’autant les souffrances des blaireaux chassés. Une fois capturés, les blaireaux sont tués à l’arme blanche ou à l’aide d’un fusil. Il arrive également qu’ils soient laissés aux chiens, bébés comme adultes.
En France, il ne fait pas bon être blaireau
Dans l’hexagone, les blaireaux ne connaissent donc que peu de répit. Classés parmi les gibiers, ils sont chassés et déterrés pendant la période de chasse générale, qui s’étend de la mi-septembre à janvier/mars, selon les départements. Sur simple arrêté préfectorale, la période de déterrage peut cependant être étendue et débuter dès le 15 mai : les mammifères sont ainsi poursuivis pendant huit mois de l’année.
En Europe, le blaireau disparaît progressivement de ses espaces de vie naturels en raison de l’agriculture intensive, de l’urbanisation et de la chasse. Mais quel est son rôle dans la nature ? Les galeries creusées par le Meles Meles sont considérées, pour l’environnement, comme utiles car elles participent à aérer les sols. Par ailleurs, l’animal joue un rôle dans le maintien de la biodiversité, ses excréments permettant de disperser les graines des petits fruits dont il se nourrit en plus des insectes, petits rongeurs etc. Chez nos voisins européens, en Italie, aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg, au Danemark, en Grèce, en Espagne et au Portugal, l’espèce est d’ailleurs protégée. Mais pas en France où le lobby de la chasse est particulièrement puissant !
« C’est une chasse trophée, une action de performance et de loisir, comme la chasse à courre »
« Cette période complémentaire de chasse est catastrophique, pour cette espèce au faible taux de reproduction. Elle est autorisée alors que les blaireautins sont vulnérables, en plein sevrage, et que leur dépendance au groupe social se prolongera jusqu’à l’été », dénonce l’ASPAS sur son site internet, association dont l’objet est de faire évoluer le droit de l’environnement pour empêcher les dérives de la chasse. « C’est une pratique qui fait souffrir les animaux de manière inutile et qui ne représente pas l’évolution de la société », précise Madline Reynaud, Présidente de la structure. Pour elle, ce type de chasse ne trouve aucune justification, les animaux morts n’étant pas mangés et cette méthode ne permettant pas de réguler les populations.
Alors que la saison du déterrage de blaireaux vient de s’ouvrir, l’association lance en réponse une campagne de sensibilisation ainsi qu’une pétition. L’objectif est non seulement d’alerter le grand public, mais aussi de faire pression sur les responsables publics afin de faire évoluer la législation en vigueur. Mais alors qu’Emmanuel Macron à fait de nombreux gestes favorables chasseurs ces derniers mois, l’ASPAS réussira t-elle à faire entendre sa voix ?
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