On connaissait déjà l’avion solaire, voici E-Fan, l’avion 100% électrique made in France. Fin avril, il décollait avec succès depuis l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. La première pièce d’une révolution à venir dans le domaine de l’aviation ?
Une révolution, pas encore. À travers ce concept, Airbus voit loin très loin. Objectif : d’ici 2050, faire voler les avions de ligne à la seule force de leurs moteurs électriques, tout comme certaines voitures. Airbus et la Région Aquitaine ont choisi Pau-Uzein plutôt que Mérignac pour le lieu d’installation de l’usine qui produira leurs premiers avions électriques. Le constructeur aéronautique espère que 80 de ces appareils pourront sortir de l’usine chaque année jusqu’en 2025.
Cinquante millions d’euros seront déboursés pour ce projet qui aux yeux d’Airbus incarnerait un moyen efficace de liaison entre les régions. Pas d’emballement cependant, le prototype ne porte à ce jour que deux personnes. Cet avion du nom de E-Fan 2.0 est un biplace de 6,7 mètres de long et 9,5 mètres d’envergure. Le projet est l’un des 34 plans de l’initiative « Nouvelle France industrielle » lancé en 2013 par le gouvernement français. Cette version de l’appareil offrira une heure et quinze minute d’autonomie à un élève et un instructeur. « L’enjeu est de faire baisser l’heure de pilotage et de la rendre, grâce à l’avion électrique, 25 fois moins chère » affirme Jean Botti, le directeur général délégué à la technologie et à l’innovation d’Airbus Group. Cet avion électrique pèse 600 kilogrammes et pourrait effectuer jusqu’à cinq vols par jour. Mais il faudra améliorer les batteries, les moteurs électriques et les différents matériaux.
L’E-Fan a été développé par Airbus Group (ex-EADS) en partenariat avec Aero Composites Saintonge (ACS) et la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). La construction de l’usine devrait débuter en 2016. Un bâtiment de 1500 m² est prévu sur les 17 000 m² de terrain. La production devrait fournir de l’emploi à 15 personnes et avoir des retombées économiques dans la région. Si tout se passe comme prévu, une dizaine d’avions devrait voir le jour la première année pour atteindre le nombre de 80 par an d’ici 2025.
Mais au-delà de ce petit biplace, Airbus veut voir plus loin. Le constructeur a déjà un projet d’E-Fan 4.0 offrant 4 places et une propulsion hybride avant que celui-ci ne devienne un avion régional d’une centaine de places. « C’est une innovation de rupture puisqu’avec un décollage et un atterrissage électrique, donc silencieux, la propulsion hybride permet aux compagnies d’augmenter le nombre de rotations. Pour nous, ce sera une façon d’entrer sur ce marché des avions régionaux », explique Jean Botti. Comptez dix ans pour voir un prototype d’un avion régional sans kérosène.
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Parallèlement, une version hybride à hydrogène de l’E-Fan serait également en cours d’étude par la même équipe en Poitou-Charentes. Pourrait-on imaginer voler propre demain ? Dans quelle mesure ces innovations vont-elles pouvoir enrayer la course en avant productiviste ? Tant de questions sans réponse à ce jour.
Notons cependant qu’Airbus possède un carnet de commande plein pour des avions « conventionnels » jusqu’en 2025. Ce qui signifie qu’en ce moment, nous construisons encore des milliers d’avions polluants pour les prochaines générations… Certains ne perdent cependant plus une minute pour imaginer l’avion transcontinental de demain. C’est notamment le cas de Oscar Viñals et son « aigle du progrès » à découvrir ici.
Sources : usinenouvelle.com / sudouest.fr