Pour faire évoluer notre regard sur les personnes réfugiées, l’association Seventeen Muscles lance un projet de web-série vidéo. L’objectif ? diffuser des images positives et pleines d’énergie mêlant locaux et réfugiés autour de pratiques rassembleuses comme le théâtre ou le sport. L’initiative originale propose de se rendre auprès des projets associatifs qui ont vocation à favoriser la rencontre de personnes de toutes origines. Pour que le grand public ait une autre vision des exilés, l’équipe se rend caméra à la main à leur rencontre et souhaite diffuser ces images le plus largement possible sur les réseaux sociaux.
Des rires, quelques cris, des personnes qui courent à travers une salle, s’arrêtent, discutent, reprennent. Pendant les ateliers culturels filmés par l’association Seventeen muscles, l’origine, le sexe, l’âge et la religion ne jouent plus aucun rôle. Ici, chacun est accueilli comme être humain en toute égalité et respect. Une petite bouffée d’air frais dans une Europe de plus en plus marquée par les frustrations identitaires.
Seventeen Muscles ? « Ce sont les 17 muscles du sourire » explique Ilana Toledano, jeune parisienne à l’origine du projet, et bien décidée à changer le regard sur les personnes réfugiées. Dans le débat public de tous les jours, relève-elle, elle a pu constater que la parole « n’est presque jamais donnée à ces personnes » . On les expose parfois, dans la misère, mais la parole reste celle des journalistes qui décrivent leur expérience, à leur place. Cette réalité contribue à nourrir les clichés, les appréhensions et les rumeurs au sein de la société européenne. Par ailleurs, de sordides faits divers sont instrumentalisés pour tirer des généralités sur des groupes sociaux entiers. L’individu, lui, disparaît. Pourtant, derrière les mouvements migratoires de ces dernières années, engendrés par des phénomènes politiques, sociaux, économiques et climatiques, il y a surtout des êtres humains aux trajectoires individuelles et personnalités singulières. Et, selon l’éthique élémentaire qui régit nos sociétés civilisées, chaque citoyen doit être observé et apprécié individuellement.
Aujourd’hui, en France, on traite les réfugiés comme s’il s’agissait « d’une masse anonyme »
Ilana a fait sa première expérience auprès de personnes réfugiées en intervenant aux côtés d’un collectif de riverain à La Chapelle, dans le 18ème arrondissement de Paris. À l’occasion de ce premier contact, qui sera pour elle comme une révélation, elle découvre la réalité de terrain de ces personnes. Une réalité bien loin des grands débats télévisés qui tendent à présenter ces individus sous la forme d’une « masse anonyme » compacte, et d’une opinion publique encore mal informée, parfois animée par des clichés réducteurs. Elle rencontre des femmes, des hommes et des enfants qui ont tous une histoire différente a raconter et leur propre personnalité, comme vous et moi. L’individualité de l’être. Si ceci peut sembler élémentaire, ce n’est pourtant pas acquis de tous.
Dans l’esprit de beaucoup de personnes, les réfugiés sont associés à « une image misérabiliste », explique Ilana. Bien évidemment « on a du mal a comprendre ce qu’ils ont vécu », mais est-ce que cela justifie de porter sur eux un regard réducteur, animé par une vision nécessairement négative ? Avec Seventeen Muscles, Ilana formule le désir de susciter des rencontres entre personnes réfugiées et « européens », non seulement pour que ceux qui sont trop souvent appelés de manière générique « migrants » puissent prendre un visage, mais également pour que soient évoquées leurs « trajectoires individuelles », uniques à chacun.
Théâtre, musique et sport pour libérer la parole et ouvrir sur les autres
Théâtre, musique, sport, danse, fête et cuisine : Seventeen Muscles est notamment allé à la rencontre de l’association Singa ou encore de Kabubu, deux structures qui ont pour objectif de rassembler. L’art et le sport sont des valeurs universelles « qui rapprochent les uns des autres, créent de nouveaux liens, favorisent l’échange et la discussion ». Ces activités permettent non seulement des échanges culturels, mais aussi de se rapprocher physiquement les uns des autres et tout simplement d’engager des conversations et de débattre. De quoi concrètement sortir de ses représentations mentales orientées.
Ilana a pu le constater : les rencontres et les discussions auxquelles elle a assisté permettent de s’ouvrir les uns aux autres et surtout d’exprimer ce qui reste souvent de l’ordre du non-dit. Les personnes réfugiées ont l’occasion de raconter leur histoire, de se présenter, d’évoquer les raisons pour lesquelles elles ont été contraintes à quitter leur pays. Pour Ilana, il s’agit de témoignages vivants qui décloisonnent les imaginaires.
Afin de sensibiliser l’opinion publique, les différentes rencontres seront désormais filmées et les vidéos partagées sous la forme de court-métrages sur les réseaux sociaux. Il s’agit de « produire un contre-discours neuf et résolument positif, recentré sur l’individu, autour des valeurs d’interculturalité et d’universalité […], pour inviter à la découverte de l’autre au travers de passions communes ». Vous pouvez soutenir la réalisation de ce travail de terrain en participant au financement du projet.
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