Face à l’état d’urgence climatique, de plus en plus d’individus attendent un changement de paradigme. La voiture individuelle, symbole de nos sociétés « fossiles » à bout de souffle, ne peut plus rester le seul modèle de la mobilité individuelle. D’ailleurs, la voiture n’est pas le principal moyen de locomotion dans de nombreuses cultures autres qu’occidentales. Mais comment sortir concrètement de l’ère du tout-motorisé ? Le retour en force du vélo semble plus que jamais porteur de changement. (Archive janvier 2016)
« Nous, cyclistes, sommes déjà nombreux et nombreuses à avoir commencé à changer nos vies. Nous voulons ralentir, moins consommer et mieux vivre. Nous voulons vraiment changer. » L’appel du collectif Velorution à venir tracer des lignes rouges à D12 – action de désobéissance civique qui a eu lieu le 12 décembre dernier pour la clôture de la COP 21 – fait partie des nombreuses initiatives citoyennes qui a entouré, dans l’ombre, ce sommet historique. D’autres initiatives comme Pole to Paris et CyclotransEurope ont également mis en avant le vélo comme solution contre le réchauffement climatique. Et pour cause, les cyclistes font résolument partie de la solution au problème du changement climatique de par leur « apologie de la lenteur » face à la course effrénée du monde moderne qui semble parfois s’être perdu en chemin. Mais comment faire pour qu’une majorité de citadins rejoignent ce mouvement ? Quelle portée à ces actions dans un monde du tout motorisé, bercé depuis longtemps par l’ivresse de la vitesse en dépit des conséquences ?
La réponse se trouve peut-être en partie dans cette courte vidéo signée Weverson Da Silva, un réalisateur brésilien amateur de vélo. « Entrons dans le débat, affirmons notre volonté de changer. Ensemble, mettons-nous en mouvement et lançons la grande course au ralentissement. » exprime-t-il simplement. L’idée de ce clip lui est venue de sa propre expérience de cycliste. Installé à Paris, il a vu l’évolution de la ville, dont la création de 700 km de pistes cyclables, et s’est rendu compte que le vélo, plus qu’un moyen de locomotion, était une évidence de transition, autant physique que symbolique, pour tous les citoyens désireux d’insuffler un mouvement de transition. En revanche, ce moyen de locomotion apparaît, à tort, toujours dangereux aux yeux de nombreux citadins. Weverson a voulu capturer ce sentiment d’évidence, de liberté et d’engagement écologique en demandant à ses amis cyclistes de témoigner, de raconter leurs premiers souvenirs à bicyclette dans l’espoir de séduire ceux qui hésitent encore…
L’éducation au vélo comme moteur du changement
Plus que jamais, la pratique du vélo apparaît intrinsèquement lié à mode de vie à part entière et l’application concrète d’un choix de société, un acte militant et une source de plaisir, comme souhaite en témoigner ce court-métrage. Mais surtout, c’est une affaire d’éducation. La plupart des gens gardent un bon souvenir d’enfance lié à leur première expérience en vélo. Liberté, autonomie, sensations fortes, c’est la première machine qu’on apprend à maîtriser grâce à notre seule force du corps. Une machine qui ne pollue pas, ne laisse aucune trace derrière elle et nous place dans une position d’action nécessairement locale. À travers le vélo, nous sommes forcés à repenser la société, les échanges économiques et la vie quotidienne à un niveau local. « Aujourd’hui, nous confie Weverson, j’ai une fille de 2 ans, et j’essaye de lui montrer la voie. Les enfants sont de vraies petites éponges, et cette éducation, ce respect, je cherche à lui transmettre, notamment par le vélo ».
« Le vélo, c’est une première réussite en tant qu’être humain »
Tel un retour aux sources (que certaines cultures n’ont d’ailleurs pas quittées), le vélo peut servir de support pour transmettre des valeurs importantes tant d’un point de vue écologique que dans notre rapport au temps et à l’appréciation de l’instant présent. Ce qui est revendiqué par les intervenants du film : « on apprend à se relever, on apprend de ses erreurs » estime l’un d’eux. « Le vélo c’est un super moyen pour rendre la ville agréable. Plus de nature, moins de pollution, moins de bruit, moins de dangers. Petit à petit, c’est en train de se développer. C’est un moyen de déplacement sportif et éco-responsable » insiste un autre.
Ce court-métrage riche en témoignages sur le rapport affectif entre un enfant, l’adulte qu’il devient plus tard, et son vélo, nous invite à considérer l’option du deux-roues, quand ceci est de l’ordre du possible, pour prendre en main notre destin. Et pour cause, 40 % des trajets quotidiens parcourus en voiture font moins de 2 km. Une très large part de l’impact écologique lié aux énergies fossiles (l’électrique restant marginal) pourrait être évitée si nous en avions la volonté. Car la question n’est évidemment pas de bannir la voiture pour tous, mais de trouver un équilibre qui permette à chacun de vivre dans des conditions environnementales saines. Alors pour le plus grand bonheur de nos poumons et de l’atmosphère de notre planète, qui sera prêt à reconsidérer cette option ?
Source : vimeo.com / Image à la une freakingnews.com