La photographie qui suit est devenue virale aux Philippines et dans le monde. Daniel Cabrera, un tout jeune Philippin, a vu son avenir complètement bouleversé grâce à une simple photo prise à son insu par une étudiante en médecine qui passait par là.
Joyce Gilos Torrefranca a publié sur Internet cette photographie d’apparence anodine. On y voit un petit garçon faisant ses devoirs dans la rue, sur une petite table en bois, avec les lumières d’un fastfood pour seul éclairage. En légende, la jeune femme écrit : « J’ai été inspirée par cet enfant ». Et il est vrai que le cliché est riche de sens. Sa publication a été partagée plusieurs milliers de fois avant d’atteindre les radios et les chaines de télévisions locales qui ont voulu retrouver la trace du garçon si déterminé à faire ses travaux scolaires.
Du buzz à la charité
La presse locale s’est donc emparée de l’histoire de ce jeune garçon originaire de Mandaue, ville de la province centrale de Cebu. Sa mère, Christina Espinosa, élève ses trois enfants seule depuis la mort de leur père. Leur maison située dans un bidonville a malheureusement été ravagée il y a cinq ans. Ils vivent donc dans une petite épicerie où travaille la maman. Gagnant 80 pesos (1,6€) par jour, cette dernière a du mal à offrir le minimum de confort à ses enfants. Comme un quart de la population des Philippines, les membres de cette famille vivent dans l’indigence malgré la forte croissance économique du pays. Une situation qui ne semble pourtant pas arrêter le jeune garçon dans sa volonté d’étudier.
Grâce à cette simple photographie, son témoignage a profondément ému le pays et les internautes. La famille a reçu de nombreux dons pour aider le garçon à poursuivre son rêve : étudier. Sa maman raconte : « Il va à l’école même quand je n’ai pas d’argent pour lui payer son déjeuner (…) Il me dit toujours: maman, je ne veux pas rester pauvre. Je veux vivre mes rêves ». Depuis ce buzz, Daniel a reçu non seulement de l’argent pour manger à l’école mais surtout du matériel scolaire alors qu’il disait n’avoir qu’un crayon pour écrire. Un responsable politique de la région lui a offert une bourse universitaire qui lui permettra d’entreprendre, plus tard, les études nécessaires pour devenir policier ou médecin, comme il l’ambitionne. Christina, quant à elle, a été soutenue pour rebondir dans la vie.
L’église et le centre social du quartier ont aussi reçu des dons pour Daniel et une campagne de financement est en cours. « Notre problème c’est de gérer toute cette aide », a souligné Violeta Cavada, des affaires sociales de Mandaue. « Il est devenu un symbole des enfants pauvres de la ville qui ne peuvent pas étudier faute d’électricité. » Quant à Joyce Terrefranca qui avait publié le cliché, elle remercie les internautes de l’avoir partagée. « Grâce à vous, nous avons pu aider Daniel. J’espère que son histoire continuera à nous émouvoir et à nous inspirer, peu importe les circonstances de la vie. » À la vue de l’aide déjà reçue, on invitera les bonnes âmes à parrainer d’autres enfants telles que le proposent de nombreuses associations comme Save The Children.
Et la responsabilité de l’État ?
Si Daniel Cabrera saura donc probablement assurer son avenir, c’est loin d’être le cas d’autres enfants qui n’auront pas cette chance. Internet offre un outil de communication puissant pour médiatiser rapidement des sujets touchants qui vont pousser quelques individus à soutenir une cause particulière. Mais ceci peut-il dédouaner les autorités de leur mission de redistribution des richesses ?
Alors que l’État est supposé offrir les mêmes chances à tous, dont l’accès à l’éducation, c’est aujourd’hui loin d’être le cas dans de très nombreux pays. Ainsi, les familles les plus pauvres restent bien souvent, générations après générations, en situation d’indigence et de servitude. Une situation déséquilibrée longtemps souhaitée par les détenteurs de richesses qui peuvent contrôler à leur avantage le marché du travail et ralentir l’ascenseur social. Quoi qu’il en soit, ce jeune garçon nous offre une belle leçon de courage et de persévérance, tout en nous rappelant que si nous ne voulons pas devoir attendre un geste de charité pour sauver un être humain plus chanceux que les autres, c’est aussi la solidarité collective qu’il convient de promouvoir et de consolider.
Sources : rtl.be