2% pour la bio ! La nouvelle répartition des aides européennes au niveau français dans le cadre de la PAC 2018 a fait bondir les agriculteurs en biologique. Ceux-ci estiment que le gouvernement a plié devant les exigences du syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, ainsi que les lobbies agricoles. Le premier ministre a annoncé ce 27 juin que les aides au bio ne seraient pas augmentées, et ce malgré la croissance importante que connaît le secteur, et il n’a consenti qu’à un léger geste en faveur des petites exploitations, avec le transfert de certains crédits. 

Ce 27 juin, Stéphane Travert, le ministre de l’agriculture en France annonçait la répartition des aides aux agriculteurs dans le cadre de la PAC 2018. Alors que la filière bio réclamait une hausse des aides, le ministère a décidé de ne pas augmenter les subventions à la reconversion et au maintien. Le « paiement redistributif » n’a pas non plus été revu à la hausse, pénalisant les petites exploitations. Le gouvernement invoque « une impasse financière de 853 millions d’euros » pour justifier ce choix.

Malgré le développement du bio, le gouvernement ne suit pas le mouvement

La décision qui touche le secteur bio est interprétée comme étant un manque de volonté de la part des responsables publics dans le besoin de transition écologique, adressant un message négatif aux plus petites exploitations ainsi qu’aux nombreux exploitants conventionnels souhaitant abandonner les pesticides. Une aide franche était espérée de la part des plus petites structures, d’autant que, rappelle la Confédération Paysanne, ces sont « ces fermes [qui sont] les plus pourvoyeuses d’emploi ».

Image : Confédération Paysanne / Ici Grenoble

De plus, la nouvelle répartition des aides ne correspond pas aux évolutions sociétales, puisque l’agriculture biologique continue de progresser en France. Or, les aides à la reconversion et au maintien plafonnent également à 2% du total des aides versées par l’Europe. En d’autre terme, l’agriculture industrielle conventionnelle bénéficie toujours du gros du pactole. Ainsi, regrette Agir pour l’environnement, qui a lancé une pétition en ligne, « ces 160 millions d’euros ne représentent qu’à peine 2% des aides européennes versées par l’Europe à l’agriculture française (7,44 milliards d’euros), alors que la bio représente 5,7% de la surface agricole utile. » Qui plus est, la demande en bio augmente de manière importante, puisque « les ventes de produits issus de l’agriculture biologique ont bondi de 20% en 2016 ». La logique voudrait en effet que les aides allouées suivent les évolutions du secteur pour ne pas porter préjudice aux uns au bénéfice des autres.

Vives protestations de la Confédération Paysanne et de la FNAB

Face à ces réalités, plusieurs structures de représentation du monde paysan estiment que le gouvernement va à contre courant. « Il n’aura pas fallu longtemps pour que les promesses de campagne du candidat Macron soient enterrées par les lobbies !« , s’insurge la Confédération Paysanne, qui parle d’une « trahison gouvernementale », au moment où s’ouvrent les États-généraux de l’alimentation. Le signal est symbolique. « En totale incohérence avec les objectifs affichés au lancement des États généraux de l’alimentation il y a moins d’une semaine (!), le ministre est prêt à porter un coup fatal à la dynamique qui porte depuis près de 2 ans les conversions en bio », résume pour sa part Agir pour l’environnement.

Le teaser des États généraux de l’alimentation : « Assurer l’équitable répartition [de valeur] »

https://www.youtube.com/watch?v=LqGzTE0NoAA

Pour la FNAB, cette décision entre en contradiction avec la volonté affichée du gouvernement de développer la filière biologique. « Cela témoigne d’un manque criant de courage politique face à l’agro-industrie et l’agro-chimie » estime Stéphanie Pageot, la présidente. En effet, au delà du contenu de la décision, c’est la symbolique qui est forte : à l’heure où le secteur agricole français est en pleine crise, la gouvernement semble continuer à privilégier un modèle agricole industriel dépassé, plus que jamais remis en cause pour ses effets néfastes sur l’emploi et l’environnement. Mais la course à la productivité semble rester le mot d’ordre persistant des décisions politiques.

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Sources : agirpourlenvironnement.org / confederationpaysanne.fr / fnab.org / agriculture.gouv.fr

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