C’est le dernier rapport inquiétant de Greenpeace qui l’affirme, 75% des terres de l’industrie de la pomme contiendraient au moins un produit toxique pour la santé. Publiée ce mardi, l’enquête menée par Greenpeace alarme sur l’état des sols et de l’eau en Europe.
Une terre « morte » pour ses habitants
Dans son rapport de 32 pages, l’ONG démontre la présence importante de pesticides dans les sols des cultivateurs industriels de pomme. Une présence qui aurait un impact important sur l’ensemble des écosystèmes et pourrait, par exemple, être liée au déclin des abeilles. En effet, huit pesticides décelés dans l’ensemble des échantillons sont précisément très toxiques pour les abeilles.
De manière générale, Greenpeace dévoile un cocktail de produits toxiques pour l’environnement et l’Homme dans l’eau et la terre des zones cultivées. Pour se faire, des analyses ont été réalisées sur 85 échantillons (d’eau et de sol d’exploitations agricoles), provenant des plus gros producteurs de pommes de douze pays européens. Résultat : 70% des pesticides identifiés présentent une toxicité globale élevée pour la santé humaine et la faune sauvage.
« Les impacts de l’agriculture industrielle sont nombreux, de la pollution des sols et de l’eau au déclin des abeilles et autres pollinisateurs, en passant par les effets néfastes pour la santé des agriculteurs, de leurs familles et des consommateurs. » explique le rapport. Plus grave, sept des pesticides identifiés ne sont pas autorisés par l’Union européenne sauf autorisation spéciale. Comment des pesticides interdits peuvent-ils gorger nos sols ? Ainsi Greenpeace demande de mettre fin en urgence à notre dépendance envers les pesticides chimiques de synthèse.
Crédit : Berth (www.berth.fr)
Certains grands médias manipulent le rapport
Contrairement à ce qu’ont pu titrer Franceinfo, Metronews ou M6, les tests n’ont pas été réalisés sur les fruits, mais sur les sols et les eaux à proximité des pommiers (5 premières lignes du rapport). Une nuance de taille qui n’empêche pourtant pas M6 de titrer « Au moins 53 pesticides par pomme » voguant sur un alarmisme contre-productif. Si on ne doute pas de l’impérative nécessité de passer à une agriculture biologique saine, il est nécessaire de respecter une lecture objective de l’étude de Greenpeace pour éviter d’armer les industriels d’un contre-argumentaire à charge. En effet, dans un récent article, Monsanto France attaquait de front les journalistes, les accusant de faire du sensationnalisme pour vendre leurs papiers… De quoi obliger les informateurs à être vigilant sur la véracité de leur communication.
Si le rapport de Greenpeace ne traite aucunement des pommes elles-mêmes, ses conclusions n’en sont pas moins alarmantes d’un point de vue environnemental. Si, selon ce rapport, ce ne sont pas 75% des fruits qui contiennent des produits toxiques pour la santé humaine, c’est bien cette proportion des terres et eaux testées qui en contiennent. Et ceci a des implications directe sur la biodiversité tout comme sur la qualité des produits.
Critiquer c’est bien, agir c’est mieux
L’intérêt de ce dernier rapport de Greenpeace réside dans sa seconde section qui propose une série de solutions écologiques concrètes pour produire des pommes saines. Ceci passe notamment par la préservation de la nature des sols et des espèces d’insectes et de plantes naturellement protecteurs. D’autres méthodes intéressantes sont également abordées (…) comme l’utilisation de prédateurs naturels pour lutter contre les parasites, le compagnonnage des plantes pour améliorer la santé des sols, ou le recours aux insectes auxiliaires pour repousser les parasites. L’agroforesterie, associée à des cultures diversifiées, a également donné de bons résultats en matière de réduction des infestations parasitaires dans les vergers. » explique Greenpeace. Produire proprement serait donc un choix collectif qu’il appartient de prendre en hautes sphères mais aussi chez le citoyen à travers ses choix de consommation.
Ainsi, Greenpeace réclame des actions urgentes de la part des États membres de l’Union, dont la fin progressive de « l’utilisation des pesticides chimiques de synthèse dans l’agriculture » en vue de favoriser « les alternatives non chimiques pour lutter contre les parasites, en particulier les pratiques agricoles écologiques ».
Source : rapport Greenpeace juin 2015