Aux États-Unis, une cour d’appel fédérale vient d’interdire les sonars basse-fréquence utilisés par la Marine américaine dans ses exercices depuis des décennies. En effet, ceux-ci seraient en cause dans les problèmes rencontrés par les dauphins et les baleines, ou encore les morses, dans leurs fonctions d’accouplement et de recherche de nourriture, les conduisant parfois à la mort.
Des sonars nuisibles aux mammifères marins
Les sonars utilisés par les corps de marine dans leurs exercices sont à l’origine d’une modification des comportements de certains mammifères sensibles à ces ondes. Ils participent grandement à cette pollution sonore qui bouleverse la vie océanique. Utilisés au départ pour détecter la présence éventuelle de sous-marins, ces sonars pourraient porter atteinte aux mammifères et les perturber dans leurs fonctions de reproduction et d’alimentation.
Les sonars peuvent également être source de stress, de perte de l’ouïe des mammifères marins, de problèmes de communication ou encore d’hémorragies internes. Mis en lumière par plusieurs associations de protection des animaux et des fonds marins, les sonars basse-fréquence sont la plupart du temps à l’origine de la désorientation des mammifères, responsable de leur échouage sur nos côtes. En effet, ceux-ci utilisent l’écholocation pour se repérer sous l’eau, la pollution sonore les atteint donc directement dans leur effort de localisation et leurs déplacements.
En France, l’association SOS Grand Bleu pointe du doigt depuis des années les effets de la pollution sonore sur la vie marine, et évoque la récurrence d’échouages massifs en lien avec des exercices militaires sous-marins. Aux États-Unis, l’échouage de six baleines en l’espace de deux mois sur les côtes californiennes au printemps 2015 avait d’ailleurs soulevé le débat, et ravivé la ferveur des scientifiques et des associations en faveur d’un océan silencieux.
Une décision qui semble aller dans le bon sens
Jusqu’à maintenant, la législation de 2012 des « National Marine Fisheries Services » (NMFS) permettait à la Marine d’utiliser ses sonars et d’affecter jusqu’à 30 baleines et deux douzaines d’autres animaux marins parmi la catégorie des pinnipèdes (comme les phoques ou les lions de mer) chaque année. Si l’un de ces mammifères entrait dans la zone à proximité des navires, cependant, la Marine avait pour obligation d’éteindre ses sonars et d’en remettre l’usage à plus tard. Ces sonars sont également interdits aux abords des côtes et dans certaines eaux protégées.
La récente décision de la cour d’appel fait suite à la plainte de plusieurs organisations protectrices des animaux qui, guidées par le « Natural Resources Defense Council », avaient engagé une procédure arguant que les législations alors en place violaient le « Mammal Protection Act ». Cette loi, édictée aux États-Unis en 1972, est la première à être votée dans une perspective de protection de l’écosystème. Elle régit et interdit la prise de mammifères marins, et décrète un moratoire sur l’importation, l’exportation et la vente de tout mammifère marin aux États-Unis.
Si la cour d’appel a déclaré « avoir toutes les raisons de penser que la Marine avait agi en état de cause et de conscience en respectant les directives du NMFS », elle a aussi statué que les règles adoptées antérieurement échouaient dans leur devoir d’avoir « le moins d’impact négatif possible sur la vie marine. »
Le comité a conclu en disant que le NMFS n’avait sans doute pas rempli son rôle en offrant un niveau de protection insuffisant à la vie marine mondiale et à sa biodiversité.
Sources : NYDailyNews.com / TheGuardian.com / Futura-Sciences.com