« Emmanuel Macron : Révolution… ou imposture ?, c’est la question que pose le youtubeur Dany Caligula. Pour y répondre, il interroge le programme du candidat à l’élection présidentielle ainsi que sa volonté déclarée de dépasser le clivage partisan gauche/droite. Enquête.

La campagne présidentielle française bat son plein et ainsi en va pour les manipulations politiques. Le débat des idées terni par la bataille des égo fait place à des simili-débats sur des sujets hautement polémiques qui déchaînent les passions, sans pour autant permettre, à quelques exceptions près, de faire naître un discours à proprement parler Politique. Les programmes se cantonnent ainsi bien souvent à des propositions purement techniques et administratives laissant de côté la vie dans la cité. Les principaux candidats tentent plutôt de tirer leur épingle du jeu en se présentant comme des candidats anti-système. À bien y repenser, de Sarkozy à Hollande en passant par Fillon et Le Pen, tous se déclarent anti-système quand ils en sont le produit. Emmanuel Macron ne fera pas exception. Sa stratégie consiste aujourd’hui à se présenter comme l’alternative progressiste à la droite réactionnaire de François Fillon et de Marine Le Pen.

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Entre la droite et la gauche, Emmanuel Macron en embuscade

Emmanuel Macron profite aujourd’hui de la faiblesse du Parti socialiste qui, délégitimé par le dernier quinquennat, peine à trouver un nouveau leader. Sans étiquette politique affichée, il arrive également à convaincre au centre et à droite, où une partie des électeurs ne se retrouve pas dans les propositions du vainqueur des primaires de la droite, François Fillon. Or, comme le résume Dany Caligula, Emmanuel Macron entretien une confusion, grâce à un programme qui peut avoir un « progressisme d’apparence sur les questions sociales mais pas sur les questions économiques ». Or, comme le constate le youtubeur, c’est bien l’absence de remise en cause du consensus libéral (commun à une grande partie de la droite et de la gauche) qui tôt ou tard, risque d’offrir la victoire à un mouvement réactionnaire extrême.

La posture d’Emmanuel Macron se caractérise donc par une croyance infaillible en l’économie libérale et son couplet Croissance, Consommation, Travail. Son passage au Ministère de l’économie, pendant lequel il a travaillé à l’une des lois les plus importantes du quinquennat de François Hollande (la Loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques) en a été l’expression. Pour lui, la seule manière d’être en phase avec les évolutions actuelles, en particulier technologiques, c’est de libéraliser un peu plus le marché de l’emploi et l’économie. C’est notamment le pari qu’il a fait avec les « autocars Macron » (libéralisation du secteur du transport pour le voyage routier longue distance), une mesure dont les résultats sont mis en cause aujourd’hui, car la mise en concurrence n’a pas permis d’obtenir les résultats espérés.

On ne pourra cependant pas nier l’habileté de l’ancien Ministre, qui par un concours de circonstance – la faiblesse du Parti Socialiste et le conservatisme de François Fillon – a réussi à se faire une place au centre de l’échiquier politique. Par ailleurs, Macron est l’un des seuls candidats à avoir saisi l’ampleur des changements à venir dans le monde du travail – dont internet et la robotisation sont les principaux moteurs – et la nécessité de prendre en compte ces changements dans son programme politique. L’homme semble également séduire une part des industriels et hommes d’affaires français par son passage marqué (le « Mozart de la finance ») à la banque d’affaire Rothschild & Cie. Enfin, son look jeune et séduisant en fait un parfait produit de la société du spectacle pouvant alimenter un culte de la personnalité chez certains électeurs.

Illustration : CHARB

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« Ni de gauche, ni de droite » une supercherie malhonnête

Pour se distinguer, Emmanuel Macron se démarque d’une gauche qui n’aurait pas bien compris les enjeux contemporains d’une part et d’une droite trop réactionnaire d’autre part. De plus, il essaye d’incarner l’idée selon laquelle le clivage gauche/droite serait révolu. Plus précisément, il s’inscrit dans un courant de pensée qui considère que le capitalisme libéral ne peut plus être mis en question, du fait de sa supposée supériorité à toute autre modèle, et l’absence d’alternative. De manière voulue implicite, il devient le parti du progrès, car sa position est celle qui embrasserait « le sens de l’histoire » : le triomphe de l’économie de marché globalisé. Dans le même temps, il use ce discours pour se présenter comme alternative au conservatisme de François Fillon. De la même manière, le candidat à l’élection présidentielle se protège et évite le débat partisan, tout en se présentant comme sauveur, celui qui « échapperait aux problématiques dans lesquelles s’enfoncent la gauche et la droite » : « Macron, c’est le parfait symbole du fameux a-politisme cher à notre époque » résume Dany Caligula. Une position qui n’implique donc qu’un bien maigre courage politique.

En apparence très moderne, cette manière de penser est alimentée par des arguments fallacieux, mais permet cependant d’attirer des électeurs dépolitisés de tous bords. Les figures de langage ne doivent cependant pas tromper. Défendre le libéralisme et le culte de la réussite individuelle – ce que fait Emmanuel Macron de manière exacerbée dans son discours – n’est pas une nouvelle recette. Au contraire, Emmanuel Macron ne fait qu’épouser le dogme du libéralisme et de la croissance, celui là même qui cause la défiance grandissante des électeurs. Les idées restent les mêmes, et aucune vision politique de ce que peut être la cité à moyen et à long terme ne ressort de son discours. Pourtant, jusqu’à présent, il réussit à « entretenir la confusion », à se présenter comme candidat de la révolution (!) et comme réformateur ! Alors, Révolution ou Imposture ? C’est désormais à vous d’en juger.

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