Allier culture, tradition et écologie, c’est le pari gagné haut la main par Cosette Cartonera. En 3 ans d’existence, la maison d’édition clermontoise a produit plus de 2 700 livres. Et ils sont tous uniques : leur couverture faite à la main en carton recyclé s’inspire de l’artisanat des « cartoneros ». Découverte.

Des livres poétiques fabriqués à la main

Les couleurs attirent le regard, avant que les matières appellent au toucher. Les livres de Cosette Cartonera, maison d’édition basée à Clermont-Ferrand, ont une particularité : chacune de leur couverture est unique et confectionnée à la main ! C’est Alicia Cuerva, illustratrice-voyageuse, qui les fabrique un par un grâce à la technique de la « cartonera » brésilienne. En plus de donner une nouvelle vie à du carton, elle rend les couvertures vivantes, organiques.

Alicia a créé Cosette Cartonera en 2016, après plusieurs voyages au Brésil où elle a été piquée par le « moustique cartonero ». Durant un an, elle a voyagé à travers l’Amérique du Sud (Chili, Bolivie, Argentine, Uruguay, Pérou, Équateur et Colombie) pour se former et ramener cette technique d’amérique latine en France. Paul, alias Monsieur Tortue, a rejoint l’aventure en février 2019. Il invente et écrit les histoires, alors qu’Alicia les illustre et les met en page. Les deux éditeurs-artisans donnent vie à leurs créations dans leur salon.

Crédit Photo : Cosette Cartonera.

Aujourd’hui, après 3 ans d’existence, la maison d’édition est dotée de 3 collections : Jeunesse et Galipette, outre terre pour la littérature étrangère, et Mapamundi sur les thèmes des voyages et des différentes cultures du monde. En plus des livres, elle propose des carnets de notes et de dessin personnalisés, des illustrations originales, des reproductions et des cartes postales. Il est aussi possible de découvrir le monde de l’édition artisanale et de la technique de la cartonera durant des ateliers, des cours de reliures et des animations. Enfin, les auteurs et autrices qui voudraient s’auto-éditer peuvent y faire fabriquer leurs livres sur mesure…

La collection jeunesse Galipettes.
Crédit Photo : Cosette Cartonera.

Les cartoneras, mouvements nés en réponse au capitalisme sauvage

Les maisons d’édition « cartonera » sont nées en Argentine dans les années 2000, d’abord en réponse à la crise économique. La première, Eloisa cartonera, a ouvert à Buenos Aires en 2003. Depuis, le mouvement s’est propagé dans toute l’Amérique latine, et n’est plus systématiquement lié à un contexte économique difficile. Cependant, les « cartoneras » portent toutes un projet social, que ce soit de créer des coopératives en autogestion en Argentine, de former des lecteurs au Pérou ou de proposer des ateliers culturels au Mexique.

En pratique, la technique demande d’abord de récupérer du carton brut dans les commerces ou les rues. Puis, il faut les découper et peindre à la main chaque couverture une par une. L’intérieur, qui est le texte et les illustrations du conte, est le plus souvent confectionné chez un imprimeur local. Il faut ensuite poinçonner les pages pour les relier aux couvertures. Après avoir passé plusieurs fois l’aspirateur, le livre « cartonero » est prêt ! Chaque livre est donc une petite pièce d’artisanat. Vient alors l’étape délicate de la publicité, de la diffusion et de la vente. Cosettes Cartonera vend sur son site internet, chez les petits commerçants, les magasins bio et les libraires. Depuis 2016, la maison d’édition a publié 12 titres et fabriqué 2 700 livres, qui sont autant de couvertures créées minutieusement à la main.

Crédit Photo : Cosette Cartonera.

Sensibiliser les jeunes d’aujourd’hui aux défis de demain

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Revaloriser du carton, faire vivre l’économie locale, transmettre des rêves et des valeurs aux plus jeunes, voilà donc l’utopie de Cosette Cartonera. Et leur nouveau défi est de bâtir une collection jeunesse, « Galipettes », sur les thèmes de l’écologie et de la condition animale. Avec toujours autant de poésie et de superbes illustrations, leur dernier album « Le Marchand de graines » embarque les petits et grands lecteurs dans l’univers de Loan. Après sa rencontre avec sa voisine Colette qui refuse de dormir, ce petit garçon timide et introverti part à la recherche d’un mystérieux Marchand de graines.

Loan, de l’album « Le Marchand de graines ».
Crédit Photo : Cosette Cartonera.

Pour produire cet album qui aborde la disparition du sable, l’équipe de Cosette Cartonera a lancé avec succès une campagne de financement participatif. Grâce à elle, et au 20e Rendez-vous du Carnet de Voyage où l’album a « fait un carton », les deux complices vont pouvoir donner vie à « Nom d’une pipe ! », un livre muet sur la déforestation, ou encore « Ciel bleu », sur la disparition des nuages, et bien d’autres !

La collection Mappa Mundi.
Crédit Photo : Cosette Cartonera.

Toutes leurs créations sont à retrouver sur leur site web et leur page Facebook. L’équipe est aussi à la recherche de nouveaux salons littéraires, notamment en dehors de l’Auvergne, pour faire découvrir et diffuser leur travail onirique et rempli d’espoir.

C.G.

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