Ce monde est souvent frappé d’horreurs absolues, dans l’ombre ou dans la lumière. Au Mexique, 43 étudiants furent vraisemblablement enlevés et tués par des narcotrafiquants avec la complicité de policiers et d’élus locaux. Encore une foi, nous sommes frappés d’effroi et nous regardons des innocents saigner et une population hurler. La population est à bout.
Rappel des faits
Fin octobre, 43 étudiants, uniquement des garçons, futurs enseignants âgés de 18 et 21 ans, venaient récolter des fonds à Iguala pour financer un voyage. Selon la version officielle, les étudiants se seraient emparés d’un bus public pour rentrer à leur école. La police, accompagnée de personnes armées, attaque le groupe. La fusillade qui éclate, fait six morts et 25 blessés. Les survivants sont emmenés dans des voitures de police et il n’y a plus de traces d’eux depuis ce jour.
Selon l’enquête, les étudiants furent livrés par les policiers à un groupe local de narcotrafiquants, les Guerreros Unidos. Plusieurs membres du cartel ont confirmé, depuis, les avoir tués. L’enquête a rapidement mené à la découverte de restes humains, des cendres, des dents et des os calcinés, mais impossible de les identifier à ce jour.
Image : Ronaldo Schemidt/AFP
Ce n’est pas le scénario du dernier GTA, mais une bien triste réalité
C’est l’enquête qui l’affirme. Plus de 150 000 euros mensuels étaient reversés par l’épouse du maire aux Guerreros Unidos. Certains tueurs du cartel qui bénéficiaient d’une partie de cet argent étaient reconvertis en policiers municipaux dont l’objectif est de réprimer l’opposition. Dans l’ensemble du pays, on compte pas moins 149 cas de « disparitions forcées » au Mexique au cours des six dernières années. Selon de Human Rights Watch, dans ces enlèvements sont impliqués l’armée, la marine, la police fédérale ou des polices des États ou des municipalités.
Face aux accointances manifestes du pouvoir avec les cartels de la drogue, de nombreuses manifestations viennent à dégénérer ces derniers jours. Le siège du parti du président mexicain fut incendié ce mardi par des manifestants. Cette affaire ne fait que raviver les flammes de la colère de toute une population contre un « narcogouvernement ».
« D’autant que la complicité entre les autorités locales et la délinquance organisée est loin d’être une exception dans notre pays. La loi du silence est en train d’être rompue pour réclamer que justice soit faite. » – Abel Barrera, directeur du Centre des droits de l’homme de la montagne de Talchinollan.
Le journal Méxicain Animal Politico indique : « Le 8 novembre est un de ces jours qui resteront gravés dans la mémoire collective (…) Un jour où le courage a pris la forme de visages en colère réclamant la justice. » Amnesty International lance une campagne mondiale pour faire éclater la vérité au nom des Droits de l’Homme : http://spr.ly/6185Sfst
Sources : Courrier international et Bis / Le Monde / The Guardian