Trop travailler serait-il mauvais pour le cerveau ? Réalisée par des chercheurs australiens, une étude a analysé les liens de causalité entre heures hebdomadaires travaillées et capacités cognitives. Contre toute attente, les résultats ont montré que pour une part importante de la population, travailler à mi-temps pourrait s’avérer bien plus positif que de persévérer à temps plein.

Une approche quantitative des effets du travail sur le cerveau

Partant du constat que de nombreuses études ont d’ores et déjà abordé les effets du travail sur la stimulation cognitive au travers de critères qualitatifs, les chercheurs de l’université d’économie de Melbourne ont décidé de tester différentes hypothèses au travers de critères quantitatifs. Et pour cause, il n’y a pas que le choix binaire entre le travail ou le non-travail qui puisse déterminer le niveau d’activité d’un individu.

Ainsi, les chercheurs ont cherché à connaître la nature de la relation qui lie le nombre d’heures travaillées aux capacités cognitives des salariés. Au premier abord, les idées reçues voudraient que plus nous travaillions, plus nous soyons aptes à la réalisation de tâches complexes, dont la réussite réside dans le développement de compétences au travers du travail. Pourtant, les résultats obtenus par l’étude australienne montrent que ce lien de causalité est loin d’être vérifié. Ainsi, l’hypothèse selon laquelle continuer à travailler « vieux » aiderait à rester en bonne santé plus longtemps ne serait qu’une idée reçue.

Tom Hilton / Flickr

Travail, capacités cognitives : une courbe en cloche

En effet, les expériences réalisées par le groupe de chercheurs montrent au contraire qu’il n’existe pas de relation linéaire entre nombre hebdomadaire d’heures travaillées et développement des capacités cognitives. Afin de réaliser leur enquête, les chercheurs ont testé un échantillon d’hommes et de femmes âgés de plus de 40 ans et ont évalué leurs capacités cognitives au regard du nombre d’heures travaillées par chacun.

Ainsi ont-ils trouvé que les effets du travail étaient globalement positifs pour les individus dans la limite des 25 heures hebdomadaires. Pour les personnes interrogées, cela signifie qu’exercer une activité à hauteur de 25 heures par semaine a une effet bénéfique sur leurs capacités cognitives : le cerveau est stimulé et les compétences, mais aussi le bien-être général de l’individu, s’en trouvent améliorées. Une personne qui travaillera 20 heures par semaine aura en ce sens de meilleures capacités cognitives qu’une personne qui n’en travaille que 12.

Image : Ozge Gurer Vatandas / Flickr

Au delà de ce seuil des 25 heures hebdomadaires, en revanche, les effets du travail sur le cerveau des individus de plus de 40 ans deviennent néfastes : les capacités cognitives des personnes testées régressent ! Un recul que les scientifiques expliquent par l’impact négatif du travail en termes de stress ou de fatigue, qui viennent déranger le fonctionnement normal du cerveau. « Les effets du travail sont à double-tranchant : avoir un emploi peut contribuer à stimuler l’activité cérébrale, mais faire de longues heures et certains types de tâches ont un impact négatif sur nos capacités cognitives», nous disent les rédacteurs de l’étude. Avant d’ajouter : « Ces résultats suggèrent que les personnes âgées pourraient conserver toutes leurs capacités cognitives en conservant un emploi à mi-temps, c’est à dire à hauteur de 20 à 30 heures par semaine. »

Une nouvelle qui vient peser un peu plus dans la balance en faveur d’une réduction de la semaine de travail, à côté de ses effets éprouvés dans une meilleure répartition de l’emploi au profit de tous. Encore une fois, tout semble question de juste équilibre des choses.

À revoir : « La mise à mort du travail« 

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Sources : MelbourneInstitute.com / Huffingtonpost.com

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