La série Mr. Robot a le vent en poupe aux États-Unis : décrite comme l’une des séries les plus réussies de la génération, elle a notamment remporté deux Golden globes et le soutien de personnalités comme Edward Snowden. Sa proximité avec la réalité y est pour beaucoup : ce thriller dramatique a une forte dimension psychologique et dénonce les travers de la société de consommation en nous entraînant auprès d’un hacker qui s’attaque aux banques. L’acteur principal a récemment exprimé son sentiment sur la réussite de la série.
La série Mr. Robot est une fresque de l’Amérique contemporaine, celle de la course à l’argent, de la toute puissance des banques et de la consommation frénétique. Elle donne voix à ceux qui ne se reconnaissent ni dans les structures sociales qui les entourent, ni dans les valeurs prônées par la sphère politique dominante et le reste de la population. Enfin, elle met en garde contre la fragilité et dérives de la société numérique. Sortie aux États-Unis en septembre 2015, la série sera diffusée sur France 2 à partir d’octobre.
Un scénario captivant
Elliot Alderson (Rami Malek) travaille comme ingénieur en informatique dans une société de sécurité, Allsafe Security. Cependant, une fois rentré du bureau, il mène une autre vie, en enfilant la veste d’un hacker anonyme cyber-justicier. Dans sa seconde peau, il poursuit des escrocs et retrouve des criminels pour les livrer à la police. De cette manière, il aimerait sauver le monde. Pourtant, l’informaticien n’arrive pas s’intégrer dans la société contemporaine : son mal-être lui cause des problèmes d’addiction à la drogue et il est atteint de troubles psychiques. On comprend rapidement que sa folie est à l’image de l’absurdité du monde qui l’entoure.
La vie d’Eliott change lorsqu’il est contacté par « Mr. Robot » (Christian Slater), un hacker appartenant au groupe anarchiste fsociety. Ensemble, ils veulent s’attaquer aux plus grosses banques, celles qui dominent le marché. Leur objectif est de mettre à mal le capitalisme en annulant les dettes, en particulier celles détenues par E corp, un groupe transnational. L’intrigue, n’est pas sans rappeler la littérature cyber-punk.
Sam Esmail, le réalisateur de la série, explique que parmi ses sources d’inspiration on trouve le roman American Psycho de Bret Easton Ellis ainsi que le film A Clockwork Orange de Stanley Kubrick. Ces deux œuvres ont comme point commun de se dérouler dans des sociétés ultra-violentes – chaotiques –, au sein desquelles l’absurdité de la vie quotidienne et l’ennui provoqué par la société de consommation et du travail poussent à rechercher l’excitation et l’adrénaline dans le viol et le meurtre.
Une représentation du monde contemporain
Selon Rami Malek la série « met en lumière […] l’aspect chaotique du monde ». Il ajoute, pour expliquer l’engouement suscité par la série : « Mr. Robot obtient une telle reconnaissance parce que nous sommes tous concernés par ce qui se passe actuellement autour du globe – tout se déroule juste sous nos yeux. Dans le même temps, Sam Esmail insiste sur l’hyper-consumérisme et notre usage de la technologie. »
La série est éminemment actuelle et politique, car elle nous renvoie aux débats suscités par des enjeux tels que la sécurité économique et la liberté. Plus largement, la série invite à s’interroger à propos du contrôle sociétal et de l’équilibre de la balance entre le bien être individuel et le bien commun. « Nous passons notre temps connectés, à pianoter sur des appareils, et nous voyons le monde à travers des lentilles. Il y a quelque chose de non-authentique la dedans. En effet, trop d’aspects de notre vie quotidienne sont manufacturés plutôt que d’être réels. » exprime-t-il dans le Guardian.
Pour autant, la série n’est pas sinistre estime Pierre Sérisier, blogueur du journal Le Monde, qui y voit plutôt un message utopique. La série « est indispensable, parce qu’elle nous aide à ne pas désespérer totalement de notre monde. Elle rétablit ce que le capitalisme financier a voulu tuer : l’espoir que cette évolution de la société n’est peut-être pas inéluctable et que cette dernière peut être améliorée. Avec pourtant cette menace : plus le temps passe et plus cela relève de la schizophrénie même si céder à l’apathie serait la pire punition que l’on puisse s’infliger. »
Sources : theguardian.com / seriestv.blog.lemonde.fr