Tim et Laura vivaient jusqu’il y a peu dans un appartement cossu situé au nord de Londres et qui leur coûtait une fortune. Alors qu’ils attendaient leur troisième enfant, au lieu de chercher un espace plus grand, ce couple aux conceptions atypiques a plutôt fait le choix : réduire au maximum l’espace à leur disposition. Ne regrettant rien de leur choix aujourd’hui, ils vivent dans un cagibi de 15m2 retapé en tiny-house chaleureuse et fonctionnelle. Plus qu’un changement d’espace, c’est un basculement de mode de vie, de consommation et le rejet d’une accumulation matérielle.
Un ancien cagibi transformé en nid douillet
Le « Fruit Store » (« Magasin de fruits »). Voilà comment Tim et Laura ont baptisé la quasi-cabane qui leur sert de maison, à eux et à leurs trois jeunes garçons, depuis plusieurs mois maintenant. Alors qu’il s’agissait au départ d’un ancien entrepôt utilisé par les parents de Tim, le couple a rapidement transformé l’abri en petite maison capable d’accueillir 3 enfants et deux adultes de 34 ans. Un travail réalisé par Tim lui-même, et qui lui a permis de mettre en avant ses talents d’architecte (une profession qu’il pratique en dehors de la maison également). Au cours des 12 derniers mois, les murs ont donc été isolés, l’électricité et l’eau courant installées, et la mini-maison se compose aujourd’hui d’un coin cuisine, d’une mezzanine qui fait office de salle de jeu et de chambre pour les enfants, en plus d’un espace de vie commune où dorment les parents. Si ce choix peut sembler extrême, Tim et Laura le justifient sans honte.
Parmi les motivations du couple, il y a, bien sûr, une part d’intérêt financier, ne plus dépenser une large part de leurs revenus dans leur logement; mais également la volonté de vivre avec moins de moyens et de revenir à une certaine simplicité volontaire. Des ambitions largement représentées au sein du mouvement des « tiny houses » qui gagne de plus en plus de citadins reconvertis. L’envie de bénéficier d’un cadre extérieur a également joué un rôle. Alors qu’auparavant, aller au parc constituait pour la petite famille une véritable expédition, le « Fruit Store » leur permet aujourd’hui de bénéficier d’un jardin personnel. Un véritable lieu d’épanouissement pour les enfants.
La famille se dit également comblée par cette extrême proximité et de tous ces moments partagés au quotidien. « On s’endort au rythme de la respiration des autres, et on se réveille tous ensemble aussi », dit l’heureux papa. L’essentiel de la vie, le jour, se déroule donc à l’extérieur. Alors que chacun constate la crise écologique avec désespoir (outre le changement climatique, les scientifiques viennent de confirmer la 6eme extinction de masse des espèces), le choix de prendre sa part de responsabilité en refusant l’accumulation et en vivant simplement n’est sans doute pas dénué de sens.
Revenir à une simplicité volontaire
Cependant, ce changement de vie ne s’est pas non plus fait du jour au lendemain. C’est aussi le résultat d’une longue introspection et d’expériences. Pour cette famille, c’est un été en famille complet en camping-car qui a participé à la prise de conscience du couple. Au cours de cet été où ils faisaient du bénévolat pour un projet de Woofing, le couple a découvert qu’il était possible de se sentir bien dans un espace restreint. « Le dernier endroit où nous sommes restés était un éco-village dans les Alpes où nous logions dans un petit bâtiment en pierre qui avait juste des lits et un poêle à bois », explique Laura au Guardian. « C’était si confortable et les garçons l’ont adoré. Nous avions alors pris l’habitude de voyager dans une camionnette et de vivre avec très peu. Nous avons donc pensé : est-ce qu’on pourrait nous aussi faire quelque chose comme ça ? Au moment où nous quittions la Suisse, Tim suggéra le magasin de fruits. »
Laura et Tim ne sont pas les seuls à s’être laissés séduire par un mode de vie plus respectueux de l’environnement, plus économique, et bien plus détaché des réflexes de consommation effrénée qui accablent encore une bonne partie de l’humanité. À une époque où il devient de plus en plus difficile et onéreux de se loger dans les grandes villes, les nouveaux modes de vie minimalistes séduisent de plus en plus.
S’ils sont également conscients que le « Fruit Store » ne leur conviendra pas éternellement (ils évoquent notamment le moment où leurs enfants arriveront à la puberté et à l’adolescence), pour ce couple anglophone, pour l’instant, « small has never been so beautiful ». Et, s’ils assument tête haute ce choix, ils ne souhaitent ne l’imposer à personne d’autre. Néanmoins, force est de constater que la recherche de simplicité volontaire, à travers un mode de vie laissant le moins de trace derrière nous, pousse de plus en plus de personnes à faire ce type de choix, chacun à sa manière.
Sources : TheGuardian.com