Vera Greutink, autrement nommée Growntocook, est une néerlandaise passionnée par le jardinage. De la passion à la carrière, le passage fût rapide et évident. Depuis, Vera vis pour le jardinage et ne cesse de transmettre ses précieux savoirs. L’une de ses plus grandes réussites en terme de partage concret de connaissances ? La création d’un jardin communautaire dans son quartier. Portrait inspirant.
Vera le dit elle-même : jardiner, bien plus qu’une passion, fait partie intégrante de sa vie. Selon elle, au delà d’une agriculture alternative à celle industrielle, la permaculture représente un mode de vie basé sur la résilience, l’autonomie et la solidarité. Vera pratique donc l’auto-suffisance dans son jardin mais, surtout, elle est très attachée à partager ses savoirs et connaissances en agriculture durable. Elle dédie désormais sa vie à partager et transmettre. Parmi tous les moyens de transmission qu’elle a mis en œuvre dans cet objectif (livre, conférences, cours), celui qui nous a agréablement surpris est l’initiative de créer un jardin communautaire dans son quartier. Portrait d’une femme inspirante, passionnée et ambitieuse.
Le jardin de Vera : une véritable forêt comestible en ville
Vera vit à Hengelo, une petite ville néerlandaise près de la frontière allemande. Depuis 2016, elle développe un jardin où elle cultive une grande variété de légumes, de fruits, d’herbes et de fleurs comestibles. Chaque année, cette passionnée de jardinage aime se donner des défis, en plantant de nouvelles variétés ou bien en expérimentant diverses méthodes de culture. Vera pratique par ailleurs la permaculture, autrement dit une méthode alternative d’agriculture basée sur l’interconnection entre les variétés et le respect du vivant. Celle-ci s’appuie sur les principes de la permaculture tels que définis par David Holmgren, à travers sa fleur à sept pétales :
En complément, Vera pratique la polyculture. Elle cultive plusieurs espèces de légumes dans son jardin, dont la complémentarité créé des synergies et permet ainsi de meilleurs rendements. C’est pour cette raison que Vera aime évoquer son jardin telle une « forêt comestible », où la combinaison des plants de légumes, fruits, fleurs et herbes mène à des résultats impressionnants. Par opposition, la monoculture cultive un nombre restreint d’espèces dans le but de maximiser la production, ce qui engendre des conséquences désastreuses à la fois en termes social et environnemental (à titre d’illustration, il suffit de s’intéresser aux monocultures d’avocats au Chili). Et, contrairement à ce que laissent penser les préjugés, les types d’agriculture alternatives telles que la permaculture et la polyculture ne demandent pas nécessairement un grand espace pour être mises en œuvre. La gestion, par contre, est essentiellement humaine.
« Il est important de commencer là où vous êtes et de faire de votre mieux dans la vie réelle. »
Le jardin de Vera en est la preuve : bien qu’habitant en pleine ville, celle-ci a développé sa « forêt comestible » dans un petit espace contre sa maison, en plein soleil. Au-delà de la superficie, elle explique qu’il faut plutôt se préoccuper de l’emplacement des plantations, afin de permettre une adaptation optimale des plantes et donc peu d’entretien.
« Notre jardin n’a pas de secrets pour nous »
Pourquoi cultiver soi-même sa nourriture ? La réponse est évidente pour Vera : « notre jardin n’a pas de secrets pour nous ». Par ces mots, elle entend dire que elle est maître de sa forêt comestible et de ce qu’il y a dans son assiette. Elle peut non seulement profiter d’un éventail de produits plus larges, étant donné qu’elle aime tester de nouvelles plantations très souvent, mais aussi de produits frais – sans traitements pétrochimiques – dont le goût est totalement différent de ceux vendus en supermarchés.
Plus largement, Vera évoque l’argument environnemental. Produire sa propre nourriture, c’est pour elle à la fois un moyen de s’assurer de manger biologique et d’éviter les intermédiaires (notamment les transports), qui ont un coût financier et écologique. Produire sans intrants chimiques, c’est à la fois penser à sa santé en tant que consommateur mais aussi selon elle « laisser le sol en meilleur état qu’il ne l’était, non pollué et épuisé ». En résumé, cultiver son propre jardin permet à Vera de mettre en œuvre l’agriculture durable, à son échelle, quand le système agro-industriel peine à s’y mettre.
Plus largement, cette forme d’auto-suffisance permet de boycotter ce système agro-industriel, ce qui est une forme de résistance non-violente. De ce fait, on comprend que la permaculture n’est pas uniquement une forme alternative d’agriculture, c’est aussi le socle de création d’une société basée sur la résilience, l’autonomie, et la solidarité. C’est en ce sens que Vera est très attachée à la transmission de ses savoirs et apprentissages au quotidien.
Transmettre, un mantra au quotidien
Vera dédie sa vie au jardinage, sa passion. Celle-ci est née à ses 10 ans, lorsque ses parents ont créé un potager dans leur maison de campagne et qu’elle a appris à mettre les mains dans la terre. Elle a ensuite approfondi le sujet grâce à des écrivains de jardin tels que Joy Larkcom, Barbara Damrosch et Eliot Coleman, Sarah Raven et Charles Dowding ; et, plus récemment, la chaîne Youtube One Yard Revolution. Après avoir étudié les langues, Vera est finalement revenue vers cette passion, qui s’est ensuite transformée en carrière. Son travail se résume en un seul verbe : transmettre.
En effet, Vera donne des cours de jardinage en permaculture, écrit dans des magazines néerlandais sur la thématique, anime des conférences et ateliers. Elle a d’ailleurs sorti son premier livre Tuin smakelijken ! (« Jardin savoureux ! ») en 2015, qui est une forme de guide pratique de permaculture. L’objectif ?
« promouvoir des modes de culture plus durables »
Or, l’un des terrains de jeu préféré de Vera reste le jardin communautaire qu’elle a créé dans sa ville. Véritable terreau d’échange, partage et apprentissage ; le jardin a désormais toute sa place dans son quartier d’Hongelo.
Zoom sur le jardin communautaire
Le jardin communautaire a été créé il y a maintenant sept ans, à l’initiative de Vera. Grâce à ce jardin, tous ceux qui n’osent pas se lancer dans la permaculture peuvent acquérir une expérience pratique avant de commencer chez eux. Et, bien sûr, tous ceux qui y travaillent reçoivent une part de la récolte.
Vera nous a éclairé sur la naissance de ce projet :
« Notre jardin communautaire est né d’une fête annuelle des plantes sur le terrain de jeu de notre rue, où les habitants pouvaient échanger des graines et des plantes et obtenir des conseils sur le jardinage biologique. Cette fête était amusante, mais ce n’était qu’un jour par an.»
L’idée de créer un espace de rencontre permanent pour les personnes intéressées par le jardinage, via un jardin communautaire, est alors née. Pour que cela soit attractif, un lieu stratégique a été choisi : une aire de jeux, devant laquelle les habitants du quartier passent au quotidien. Or, pour arriver à donner naissance au projet, Vera a aussi pu compte sur un appui sans faille de sa ville (subvention au démarrage, approbation de la création de jardin en lieu public) ; ce qui montre l’importance d’avoir des représentants communaux engagés pour la transition écologique. L’exemple en France du maire breton de Langouët, Daniel Cueff, est d’ailleurs probant.
Une fois le jardin créé, l’engouement des habitants du quartier n’a fait que croître ! Les enfants jouant dans l’aire de jeux, curieux, viennent poser des questions et aider les plus grands à jardiner. Le fonctionnement du jardin communautaire, exemplaire, est le suivant : avant de se mettre au travail, les bénévoles se réunissent dans le jardin un matin par semaine pour discuter de ce qui doit être fait, puis se répartissent les récoltes en fin de matinée. A chaque saison, Vera fait un plan du jardin après avoir demandé à tous les bénévoles ce qu’ils souhaitent cultiver. Or, si elle est en charge de l’organisation du jardin communautaire, c’est bien l’engagement des bénévoles au quotidien pour l’entretenir qui le fait fonctionner. Cet entretien est facilité par l’usage de mulch (« paillis »), pour empêcher les mauvaises herbes et ainsi rendre agréable l’activité du jardinage pour tous.
Alors, à quand le jardin communautaire dans votre quartier ? Pour vous inspirer du travail quotidien de Vera pour transmettre une vision alternative à l’agriculture industrielle, soit la permaculture et le biologique, nous vous invitons à consulter son site web ou son compte Instagram. « La beauté du jardinage est qu’il y a toujours plus à explorer – vous n’avez jamais fini d’apprendre. », termine-t-elle.
– Camille Bouko-Levy