À l’heure où les économies d’énergie sont vivement encouragées, certains s’inquièteraient de devoir renoncer au confort technologique désormais très ancré dans nos habitudes. Bien loin d’un retour en arrière, Qarnot Computing nous propose d’appliquer la réflexion des systèmes collaboratifs, si chers à la communauté Internet, à la gestion de l’énergie à travers l’informatique. En d’autres mots : chauffer sa maison à l’aide d’ordinateurs !
Le poids énergétique d’Internet
En tant qu’internautes, bien au chaud devant notre écran, on peine à se représenter l’impact écologique astronomique de ces milliards de clics qui engendrent des milliers de milliards de calculs informatiques. Et pourtant… Arte dressait en juin 2014 un tableau glaçant de la situation : Internet, le streaming, le Cloud et les technologies numériques sont autant d’outils que l’on qualifie de virtuels, qui s’enracinent bel et bien dans notre monde matériel, à travers notamment les data center.
Ces complexes industriels, véritables systèmes nerveux d’Internet, renferment les serveurs où sont notamment stockées les données que nous lisons, regardons et partageons à longueur de journée. Alors que l’internet grandit chaque jour par le fruit de nos créations et échanges d’informations, ceux-ci consomment de plus en plus d’énergie : outre l’alimentation des serveurs eux-mêmes, la climatisation nécessaire au refroidissement des machines et les groupes électrogènes de secours sont très gourmands en électricité. Au total, près de 9 % de la production électrique française serait consacrée à ce secteur, selon Actu-environnement. Malgré des progrès technologiques évidents dans la gestion énergétique de ces complexes, ce secteur en croissance fulgurante aura besoin de nouvelles solutions pour limiter son impact environnemental.
Data Center Blue Gene / Wikipedia
La high-tech au service des économies d’énergie
Qarnot Computing, une société française proposant à ses clients d’acheter la puissance de calcul nécessaire à leur activité, a imaginé un produit high-tech permettant de résoudre un problème que son dirigeant, Paul Benoit, résume ainsi : « le data center dépense beaucoup d’argent et d’énergie pour refroidir ses machines. Chez eux, les gens dépensent beaucoup d’argent et d’énergie pour avoir du chauffage. » Sa solution ? Un radiateur numérique ultra-connecté pour chauffer les maisons de particuliers, sobrement baptisé « Q.rad ».
Le principe est simple : le boîtier renferme des composants physiques d’ordinateur (hardware), notamment des processeurs, qui produisent une quantité de chaleur non négligeable. Celle-ci est récupérée et diffusée dans une pièce alors que la puissance de calcule est exploitée sur site ou pour les clients de Qarnot Computing. Ainsi, pas de surchauffe due à la proximité de plusieurs appareils dans les data-centers, et donc une économie d’énergie importante. « Toutes les entreprises ont besoin de calcul intensif, que ce soit pour de l’animation en 3D, de la simulation scientifique, de l’analyse de risque bancaire, de la recherche pétrolière », explique Paul Benoit.
Si on aimerait autant que la puissance de calcul ne soit pas utilisée pour découvrir de nouvelles nappes de pétrole, recourir à ce type d’installation pour effectuer les calculs quotidiens d’une structure permet concrètement de désengorger les data-centers et de valoriser l’énergie consommée. Par ailleurs, l’appareil embarque avec lui pas moins de 20 capteurs, fonctions et logiciels. On y trouve en outre un routeur wifi, un thermomètre électronique, un hygromètre, un capteur de CO2, des baffles et bien d’autres choses plus ou moins utiles.
Déjà testé sur Paris
À ce jour, quelques conditions techniques limitent tout de même son emploi. Sur son site, le fabricant explique que cette technologie ne sera pas envisagée pour une utilisation privée avant 2017, en raison de la nécessité de disposer d’une connexion Internet en fibre optique (prise RJ45) couplée à une prise électrique 110/230 V dans chaque pièce équipée. Pour le moment, le radiateur Q.rad est donc limité à des installations groupées dans un même bâtiment (pour un minimum de 20 radiateurs par immeuble). Qarnot Computing a d’ailleurs signé un contrat d’installation pour des logements sociaux avec la Ville de Paris, qui permettra d’équiper 100 logements avec ce système de chauffage innovant. Au total, courant 2015, 350 radiateurs numériques auraient été installés par l’entreprise.
Un dernier avantage, et non des moindres : cette technologie permet de diminuer les dépenses pour les différents acteurs du projet. La puissance de calcul proposée aux clients de Qarnot Computing est moins chère que son équivalent dans un data center privé, tandis que les particuliers dont le logement est équipé du Q.rad ne dépensent plus un sous dans le chauffage : l’électricité consommée par le radiateur est, pour l’instant, remboursée par la société de Paul Benoit ! Verra-t-on ce type d’installation se démocratiser dans les constructions collectives neuves et les buildings ? L’initiative n’est pas sans faire écho aux idées de Jeremy Rifkin, économiste américain, fervent promoteur d’un système d’énergie collaborative bénéfique à la société.
Sources : qarnot-computing.com / france5.fr / actu-environnement.com / rivp.fr / hitek.fr / pulse.edf.com