Protéger la planète, court-circuiter les multinationales, garantir sa bonne santé, manger bio local et de saison en dépensant moins, c’est vraiment possible ? Oui, oui. Si on en croit l’histoire de Jérémie, Bénédicte et leurs enfants, cette  famille française « Zéro Déchet » et positive.

Lassée de ramasser les déchets rejetés par l’océan, une petite famille perchée sur sa dune landaise va soudainement décider de réduire à la source sa propre production de déchets et devenir un exemple à suivre. Après un profond changement de leur mode de vie, la Famille Zéro Déchet était née. Le déclic ? Avoir conscience que 200 kilos de déchets arrivent chaque seconde dans nos océans et que nous avons tous une part de responsabilité face à une industrie qui n’évolue pas (ou si peu). Cette mer qui est aujourd’hui le plus grand réceptacle, la grande poubelle ouverte de notre surconsommation. « Et l’impact est catastrophique » nous raconte Jérémie, le père. « Ce sont 100 000 mammifères marins qui meurent chaque année d’indigestion de déchets. Un million d’oiseaux. Sans compter que nous avons impacté la chaîne alimentaire en profondeur avec 6 fois plus de plastique que de planctons dans les Great Garbage Patch, ces 7 continents de déchets flottants à la surface des océans ».

Capture d’écran 2016-02-11 à 11.23.04 copy

Eux qui pensaient être suffisamment « bons » en faisant le tri des déchets, un compost et en en achetant les fruits et légumes en AMAP (agriculture locale). Ils vont vite se rendre compte que leur quantité de déchets restait élevée et surtout ne diminuait pas concrètement. Ils décident alors de passer à l’action et d’étaler leur poubelle sur une bâche dans le jardin. Le constat fut sans appel, la première cause des déchets est le suremballage : blisters, barquettes, opercules, sachets, pots et sacs envahissent encore leur quotidien. C’est alors le début de leur aventure qu’ils racontent chaque jour avec humour dans leur blog famillezerodechet.com.

Une guerre quotidienne contre les déchets

La bataille commence évidemment par les courses en évitant les papiers ou les sacs plastiques qu’on leur donne au moindre achat à la coupe ou au marché. Il faut rapidement des solutions pour chacun des conditionnements des produits : la crème fraîche, les pâtes, le beurre, le fromage…. La famille à l’idée de se créer un « kit course » avec un panier, des bocaux, tupperwares, sacs en tissu, direction les producteurs locaux. L’accueil fut plutôt bon. Comme ils aiment à le rappeler, derrière les commerçants se cachent souvent des pécheurs, des cueilleurs de champignons qui connaissent et sont en contact direct avec la nature. La démarche plaît.

Capture d’écran 2016-02-11 à 11.33.35 copy

Peu à peu, la famille change naturellement de lieux d’achats. En effet, les emballages sont principalement pourvus pas les hypermarchés. Des rayons entiers de plastique, aluminium, polystyrène dont nombre ne sont pas recyclables. Après l’adaptation, vient graduellement le courage de dire « non » ! « Si je ne veux pas ce déchet, je ne l’achète pas. » résume Bénédicte qui fait désormais ses achats chez les producteurs locaux, en magasin bio pour le vrac et chez les commerçants locaux : boucher, poissonnier, fromager. C’est une réduction à la source appliquée au quotidien. Et ça marche : la famille limite ainsi drastiquement sa quantité de déchets, se contentant d’une seule poubelle de 10 litres par mois et une de déchets recyclables de 30 litres. Soit 25 kg de déchets ménager par an contre 390 kg en moyenne pour un français. Le zéro déchet n’est pas encore atteint, mais ce fut une réduction de plus de 90 % de réduction en seulement un an !

Étape par étape vers le zéro déchet

- Pour une information libre ! -Soutenir Mr Japanization sur Tipeee

La question des déchets ne touche pas seulement au secteur de l’alimentation, mais bien à tous les pans de la vie de cette famille. « Acheter un jouet neuf qui a traversé le globe, c’est la garantie d’acheter au moins 4 ou 5 emballages qui vont avec », souligne Jérémie. « Et c’est du plastique, de l’aluminium non recyclable que l’on va brûler en fin de vie. » À ce jour on estime qu’un européen produit 50 tonnes de déchets cachés par an. Une simple brosse à dents ? 1,5 kg de déchets cachés répartis tout au long de son existence, de l’extraction des matières premières jusqu’à sa destruction. « C’est inacceptable à l’heure du changement climatique et du pillage des écosystèmes » estiment-ils.

Capture d’écran 2016-02-11 à 11.23.29 copy

La Famille Zéro déchet se met donc en marche pour répondre à ses besoins en optant pour les circuits-courts et d’occasion. Vêtements, jouets, meubles, aujourd’hui tout s’échange et se vend sur le web ou même en vide grenier. Une aubaine financière et un bon moyen de ne pas remplir la poubelle. Mais à ce jour un problème de taille subsiste : leurs voitures. Vivant en campagne, les déplacements quotidiens sont fréquents et ne peuvent pas être remplacés par des modes de déplacements doux. « Nous avons fait notre bilan carbone, notre empreinte écologique et notre empreinte en eau, nous sommes quasi durable. C’est la voiture qui mine notre bilan final ! » regrettent-ils.

Ce à quoi la Famille Zéro Déchet s’attendait moins, ce sont les bénéfices collatéraux de la démarche… En choisissant de n’avoir que le minimum de déchets, le « presque  Zéro Déchet » comme ils le soulignent, ils s’engagent dans une démarche de sobriété volontaire. Le lien peut sembler évident, mais pour avoir moins de déchets, il faut surtout faire moins d’achats. Les questions s’orientent donc vers des concepts de nécessité et décroissance : « en ai-je vraiment besoin ? » et « Comment l’avoir sans l’acheter neuf pour éviter le conditionnement plastifié ? » deviennent des réflexes logiques. S’en suit donc une réduction notable de leur consommation, donc de leurs dépenses !

Et vous savez quoi ? Ils affirment s’en porter beaucoup mieux. Question santé d’abord, car ils se sont débarrassés des produits industriels chargés en sucre, sel et autre molécules chimiques qui peuvent s’avérer nocives. Mais aussi moralement : « Nous sommes mieux » souligne Bénédicte. « Nous vivons en accord avec nous-mêmes, avec nos valeurs. Préoccupés par notre planète en destruction et notre mode de vie en quête de sens, nous sommes redevenus acteurs. C’est un vrai renforcement positif, loin du pessimisme ambiant et de la peur au 20h. » Enfin, la modération permet d’économiser de l’argent pour l’investir dans l’essentiel, l’humain et l’expérience de vie.

Capture d’écran 2016-02-11 à 11.06.06 copy

Pour incarner un avenir serein

Pour Jérémie la démarche Zéro déchet, c’est faire un choix de société et sa transition à l’échelle individuelle : « Quand je fais un achat, je valide un système. Soit je choisis de manger une tomate hors sol, gavée de pesticides et d’engrais, ayant traversée l’Europe, fabriquée par des sans-papiers, en plein de mois de janvier pour engraisser des actionnaires. Soit je choisis de manger une tomate bio, produite à 20 km de chez moi par un travailleur de ma commune. Mon achat est un vote ! Collectivement je deviens moteur de changement : c’est l’écologie de la demande. MA demande, va permettre de soutenir des entreprises durables, développer des filières locales et responsables, développer l’économie de la fonctionnalité, inciter la collectivité à y répondre et soutenir les lois en ce sens. »

Pour convaincre leurs concitoyens de l’importance de la démarche, la famille vient d’éditer un livre aussi sérieux que décalé : « Famille presque Zéro Déchet – Ze Guide ». Avec de jolies illustrations réalisées par la famille, on y découvre les méthodes employées pour atteindre l’objectif ambitieux du zéro déchet. « N’écoutez pas les zérosceptiques, les râleurs et leur flemme, les lâches et leurs excuses. Donnez-vous le temps mais faites. Agissez, il en va de la survie de l’espèce. Avec Famille Zéro Déchet – Ze Guide, nous souhaitons donner toute sa place à l’action. Sans juger, culpabiliser ou moraliser, on n’est pas curé. Les voies impénétrables du changement se situent pour nous dans l’action consciente et informée. » expriment-ils sur leur blog. Après les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique, bienvenue à l’ère des acheteurs-voteurs responsables de l’anthropocène…

Capture d’écran 2016-02-11 à 11.23.16 copy


Source : Blog de la famille zero déchet / Informations sur le livre Famille presque Zéro Déchet – Ze Guide / Interview recueillie par www.mrmondialisation.org / Photographies et illustration : Famille Zéro Déchet

- Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
Donation